ENQUETEVanille, 1 an, enlevée et tuée par sa mère le jour de son anniversaire

Alerte enlèvement, protection de l’enfance… Les questions soulevées par le meurtre de Vanille

ENQUETEAlors que Nathalie Stephan est toujours en garde à vue, le procureur de la République d’Angers a donné, lors d’une conférence de presse ce lundi, des détails sur la mort de Vanille, 1 an
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • La petite Vanille, 1 an, a été enlevée par sa mère ce vendredi. Une « alerte enlèvement » avait été déclenchée le lendemain.
  • La fillette a été retrouvée morte ce dimanche à Angers dans un conteneur à vêtements. Sa mère a reconnu l’avoir tuée le jour de son premier anniversaire.
  • Souffrant de troubles psychologiques importants, Nathalie Stephan, 39 ans, bénéficiait d’un « droit de visite » pour voir sa fille, qui était placée.

Un décès et des questions. La petite Vanille, un an, pour laquelle une « alerte enlèvement » avait été déclenchée samedi soir, a été retrouvée morte ce dimanche dans un conteneur à vêtements à Angers. Sa mère, Nathalie Stephan, 39 ans, retrouvée dans un hôtel de Nantes, est toujours en garde à vue ce lundi soir pour « meurtre aggravé ». Elle a avoué avoir tué sa fille ce vendredi, jour du premier anniversaire de la fillette. 20 Minutes fait le point.

Où en est l’enquête ?

La garde à vue de Nathalie Stéphan prendra fin mardi matin, a indiqué le procureur de la République d’Angers, Eric Bouillard, lors d’une conférence de presse ce lundi. Après l’ouverture d’une information judiciaire pour « homicide volontaire aggravé », Nathalie Stephan sera présentée à un juge d’instruction. L’autopsie du corps de l’enfant a eu lieu lundi après-midi. Elle confirme, comme l’avait indiqué sa mère aux enquêteurs « de manière relativement détaillée », que la fillette a été tuée vendredi, par « étouffement ».

Pourquoi est-elle passée à l’acte ?

Il semble que Nathalie Stéphan ait décidé de tuer sa fille dès le 3 décembre 2019, a indiqué le magistrat. Ce jour-là, a-t-elle dit aux policiers, elle apprenait qu’elle devait quitter le centre maternel d'Angers, un foyer pour femmes enceintes et mères isolées, où elle était hébergée depuis un an.

Pourtant, la mère n’a montré, au cours des dernières semaines, « aucun signe » laissant à penser qu’elle pourrait s’en prendre à Vanille. Au contraire, les éducateurs ont même souligné qu’elle était dans « une évolution positive » et qu’elle s’investissait « de plus en plus » dans la relation avec sa fille, note Eric Bouillard. Elle avait aussi « rassuré les personnes qui l’encadraient et l’accompagnaient », leur affirmant « qu’elle avait une solution d’hébergement chez une amie à l’issue de son départ du centre ».

Pourquoi pouvait-elle voir sa fille ?

Nathalie Stephan était hébergée dans un foyer pour femmes enceintes et mères isolées. La fillette avait été confiée à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et placée dans une famille d’accueil par le juge des enfants, qui avait accordé à sa mère un « droit de visite d’une nuit et d’une journée et demie par semaine », souligne Christian Gillet, président du conseil départemental de Maine-et-Loire.

Pourtant, selon le procureur de la République, cette femme très fragile psychologiquement avait déjà, par le passé, ramené la demi-sœur aînée de Vanille aux services de protection de l’enfance hors des délais impartis. « Mais ces éléments-là ne sont pas suffisants pour interdire à une mère à vie de voir son enfant », relève Eric Bouillard.

« A-t-on estimé que l’état de cette maman, en grande détresse, qui relève de la psychiatrie, se serait dégradé si on lui avait retiré l’enfant ? » s’interroge Martine Brousse, présidente de l’association La Voix de l'enfant, contactée par 20 Minutes. « Il faut arrêter de jouer aux apprentis sorciers en utilisant les enfants comme une psychothérapie pour les parents », ajoute-t-elle. Selon Martine Brousse, il serait important, « dans les semaines ou les mois qui viennent, de lancer un travail entre la psychiatrie pour adulte et la protection de l’enfance, ce qui n’a jamais été fait ». L’objectif serait de trouver des solutions pour « protéger les enfants » de parents qui ont des problèmes « psychiatriques lourds » ou de toxicomanie, suggère la responsable associative.

Est-ce un échec du plan alerte enlèvement ?

C’est la première fois, depuis la création du plan « alerte enlèvement » en février 2006, que le dispositif ne permet pas de retrouver l’enfant à temps. Le procureur de la République d’Angers avait reconnu, ce dimanche, que l’issue fatale était « forcément un échec » mais il avait aussi estimé que le déclenchement du plan avait tout de même permis de « très vite retrouver la maman et le corps de l’enfant ».

L’alerte enlèvement a-t-elle été déclenchée trop tard ?

Sur la question du délai de déclenchement de l’alerte enlèvement, la substitute du procureur général de la République d’Angers, Catherine Vandier, avait expliqué, ce dimanche, que « la maman ne présentait a priori pas de danger », ayant l’enfant « de manière tout à fait légale ». « Le temps que les personnes qui devaient récupérer l’enfant se manifestent, recherchent eux-mêmes localement l’enfant », qu’on « étudie toutes les pistes de l’environnement de la maman, qu’on vérifie de manière physique tous les endroits où l’enfant serait susceptible d’être, tout ce temps s’écoule, et puis ensuite on décide que c’est inquiétant véritablement », avait expliqué la magistrate. Les premiers éléments suggèrent en tout cas que Vanille était morte avant même que les enquêteurs ne partent à sa recherche.