COMMUNICATIONFace aux accusations de violences, la préfecture veut redorer son image

Violences policières: La préfecture de police de Paris se lance dans la bataille de l'image

COMMUNICATIONDepuis quelques semaines, la préfecture de police a modifié sa ligne éditoriale sur les réseaux sociaux. Un détail, en apparence, qui révèle en réalité une volonté de redorer son image
Caroline Politi

Caroline Politi

C’est une petite phrase, au premier abord anodine, glissée au milieu d’un flot de tweets. « Le respect des règles vaut pour tous, quelle que soit la nature de la manifestation. » Publié mardi soir sur le compte de la préfecture de police de Paris, le message est accompagné d’une vidéo montrant des pompiers, dont certains ont le visage dissimulé, tenter de forcer une barrière anti-émeute lors de la manifestation qui s’est terminée quelques dizaines de minutes plus tôt. Une petite phrase qui résume à elle seule un changement de communication amorcé ces dernières semaines par la police parisienne.

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Désormais, les 430.000 abonnés du compte peuvent lire, entre les messages purement institutionnels, les communiqués de presse ou les billets évoquant de « belles affaires », des commentaires engagés, bien loin de la réserve habituelle de la préfecture. « Les Blackblocs s’infiltrent dans les manifestations dans le seul but de commettre des exactions et de s’en prendre aux FDO (forces de l’ordre) », pouvait-on, par exemple, lire le 21 janvier en commentaire d’une vidéo de l’émission de Canal + sur ce mouvement. Le langage est certes policé mais l’objectif est clair : souligner les violences auxquelles sont confrontés les policiers mobilisés lors des manifestations et insister sur le rôle de riposte des forces de l’ordre. En bref, contrer les accusations de violences policières.

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La bataille de la communication

« Ça ne sert à rien de gagner sur le terrain si on ne gagne pas la bataille des images, on doit recontextualiser ces vidéos pour casser cette logique asymétrique », confie un haut fonctionnaire, conscient du cruel déficit d’image de la police face aux vidéos de plus en plus virales sur les violences policières. Le constat n’est pas nouveau mais le changement de stratégie remonte à la fin du mois de décembre et s’est accentué au début de l’année alors que plusieurs manifestations ont lieu chaque semaine dans les rues de la capitale. « Les policiers nous font remonter du terrain une violence de plus en plus extrême, aussi bien verbale que physique mais cette violence est complètement passer sous silence », poursuit une seconde source en interne. Et cette dernière d'insister: « Il y a un manque de contradictoire, y compris dans les médias. »

Pour rééquilibrer ce « déficit d’image », la préfecture a bien tenté d’envoyer des agents filmer les manifestations afin de limiter cette communication « de montage », ainsi que certains la nomment en interne (on ne publie que quelques minutes d’une séquence). « L’idée c’était de montrer ce qu’il se passe avant la scène qui va devenir virale pour la recontextualiser. » Mais le test ne s’est pas révélé payant, notamment en raison du nombre insuffisant d’agents. Même constat pour les drones dont les images, nécessairement en surplomb, ne permettaient pas de se placer sur le même terrain que les vidéos virales. Impossible également, légalement, de mettre en ligne des vidéos issues de la vidéosurveillance ou des caméras piétons qui équipent certains agents.

« On n’aura pas le même relais que les contestataires »

Ce sont donc des messages, validés par les plus hautes instances, doivent donc permettre de porter la version officielle de la préfecture. Reste désormais à connaître l’impact d’un tel changement. S’il est encore bien trop tôt pour tirer les premières conclusions, ces tweets n’ont pas permis d’éviter des polémiques, en témoignent les vifs débats après la manifestation des pompiers. Les messages de la préfecture sont relayés en moyenne une centaine de fois contre parfois plusieurs dizaines de milliers de fois pour certaines vidéos. « On n’aura pas le même relais que les contestataires mais c’est une matière de montrer, y compris en interne, qu’on répond aux accusations et qu’on n’est pas passifs », précise-t-on.