Strasbourg: A son procès, l'automobiliste qui a renversé la stèle de la synagogue clame son innocence
JUSTICE•L'avocate de l'automobiliste mis en cause a demandé la relaxe de son client et suggéré que l'accident aurait pu être causé par un véhicule de l'EurométropoleThibaut Gagnepain
La stèle commémorative de l'ancienne synagogue renversée, un profond émoi et le maire de Strasbourg, Roland Ries, qui parle d’une « action clairement antisémite ». C’était début mars, moins de deux semaines après la profanation du cimetière de Quatzenheim, toujours dans le Bas-Rhin.
Un peu plus de trois mois plus tard, le climat était sensiblement différent ce mardi au tribunal de grande instance de la capitale alsacienne. Il n’est plus du tout question d' acte antisémite. Cette thèse a été écartée moins de cinq jours après les faits. L’examen des caméras de vidéosurveillances et l’audition de témoins ont permis aux enquêteurs de retenir l’accident. Un automobiliste de 31 ans a été mis en cause pour « défaut de maîtrise du véhicule » et « délit de fuite ».
« Je n’ai pas tapé la stèle »
Ce mardi en correctionnelle, calmement et avec l’aide de ses notes, le prévenu a répété son innocence. Oui, il était bien revenu chercher cette nuit-là le sac à main d’une amie dans la boîte de nuit à côté de la fameuse stèle. Oui, il a effectué une marche arrière dans cette rue piétonne devant les Halles de Strasbourg. « Mais je n’ai pas tapé la stèle », a-t-il insisté.
Alors, comment explique-t-il que sa passagère dans la voiture ait entendu « un gros boum » ? Qu’un éboueur ait vu un homme qui pourrait lui ressembler descendre d’un véhicule avant de constater un choc et de fuir ? Que les enregistrements vidéos montrent la présence d’une automobile à proximité des lieux à 6h49 et 6h52, soit avant et après le déplacement de la stèle ? Que de « nombreuses traces » sur le pare-chocs arrière de la voiture qu’il conduisait aient été constatées ? Ou encore que son attache caravane ait été retrouvée « en biais » ?
« Au mauvais endroit mais pas à la bonne heure »
« Je vais vous prouver que je suis innocent », a répondu le prévenu, avant de laisser son avocate s’en charger. Dans sa longue plaidoirie, Maître Aras s’est évertuée à prouver que son client était bien « au mauvais endroit mais pas à la bonne heure ». « Il est impossible d’identifier clairement le véhicule car les phares sont allumés, a-t-elle souligné. L’éboueur n’a pas donné d’heure précise et il parle d’une passagère avec une coupe carrée. Or, elle avait les cheveux longs… Ses déclarations sont fantaisistes. J’ajoute aussi qu’une passante avait retrouvé un débris qui ressemblait à un angle de pare-chocs. Manquait-il sur le véhicule de Monsieur S. ? Non. Quant à l’entreprise qui a remis la stèle, elle a bien dit que l’impact était beaucoup plus important qu’il ne l’aurait été avec une attache caravane. »
L’avocate a demandé la relaxe de son client. Et a même donné « une piste, les enquêteurs en feront ce qu’ils veulent ». « Il y avait un autre véhicule au même moment, un véhicule d’entretien de l’Eurométropole. Je me pose d’ailleurs la question de savoir pourquoi elle ne s’est pas portée civile… » De son côté, le procureur de la République a demandé une suspension de permis de conduire pendant deux mois et une amende de 300 euros pour défaut de maîtrise du véhicule. Le jugement a été mis en délibéré. Elle sera rendue mardi prochain, le 2 juillet.