Paris : Un ancien patient fait appel à des tueurs à gages géorgiens pour tuer son kiné
ENQUETE•Le suspect, âgé de 47 ans, estime depuis une dizaine d'années que la victime est responsable de son handicap au dosThibaut Chevillard
L'essentiel
- Sylvain F., 47 ans, est suspecté d’avoir fait appel à des tueurs à gage géorgiens pour assassiner son ancien kiné.
- Depuis une dizaine d’années, il juge le praticien responsable de son handicap au dos.
- Lui et trois autres personnes ont été mises en examen pour tentative d’homicide en bande organisée et ont été écroués.
L’histoire est digne des meilleurs polars. Révélée par Le Parisien, elle met en scène un professeur de guitare de 47 ans à la rancune tenace, un kinésithérapeute de 65 ans (jugé responsable depuis une dizaine d’années du handicap du premier) et des tueurs à gages payés quelques milliers d’euros, venus spécialement de Géorgie par avion. Elle commence le 6 mai dernier par ce qui semble être un banal accident de la circulation dans le très cossu 16e arrondissement de Paris. Ce jour-là, Michel H., 65 ans, vient de garer son scooter avenue d’Eylau, non loin de son cabinet.
Alors qu’il traverse la route, le praticien est renversé par une Citroën lancée à pleine vitesse. Par chance, Michel H. n’avait pas encore retiré son casque. Il n’est que légèrement blessé. Les occupants du véhicule, eux, ont pris la fuite. L’enquête est confiée aux policiers du 1er district de police judiciaire. Rapidement, ils subodorent qu’il ne s’agit pas d’un simple accident mais d’une tentative d’homicide. La victime leur raconte en effet être en conflit depuis longtemps avec un certain Sylvain F., un ancien patient qui l’avait traîné devant les tribunaux.
« Il voulait qu’il n’exerce plus sa profession de kiné »
La raison ? Il y a une dizaine d’années, Sylvain F. avait consulté Michel H. et, à l’issue de la séance, il était sorti de son cabinet légèrement handicapé. « Il avait obtenu une indemnisation financière mais il voulait surtout qu’il soit radié et qu’il n’exerce plus sa profession de kiné », explique à 20 Minutes une source policière. Les enquêteurs découvrent que ce suspect, désireux de se venger, a demandé à une amie d’origine géorgienne de 25 ans de le mettre en contact avec des hommes de sa communauté. Cette femme a alors demandé à l’un de ses proches de faire venir en France deux tueurs à gages.
En parallèle, les limiers exploitent les images de vidéosurveillance. Ils observent que la Citroën a discrètement suivi la victime la veille des faits. Ils remarquent aussi que les deux utilisateurs du véhicule sont entrés en contact avec un automobiliste originaire de l’Oise les jours précédents. Les investigations permettent ainsi de localiser cet homme qui leur a fourni la Citroën et qui est allé les chercher à l’aéroport de Beauvais à leur arrivée de Géorgie.
Des suspects géorgiens qui se sont volatilisés
Sylvain F., lui, est placé sur écoute. Au téléphone, il ne cache pas sa colère contre les deux Géorgiens qui ont raté leur coup. Il contacte un de ses amis et lui demande de trouver une solution pour « finir le travail », indique un proche du dossier. Mais ce dernier refuse. Les enquêteurs vont cependant précipiter les interpellations, craignant qu’il ne repasse à l’acte rapidement. Le 16 mai, ils vont interpeller le commanditaire, son amie d’origine géorgienne, ainsi que deux hommes de 30 et 38 ans. En garde à vue, le principal suspect a fait valoir son droit au silence.
Les autres, eux, ont reconnu leur participation aux faits. Tous les quatre ont été mis en examen le 17 mai pour tentative d’homicide en bande organisée et ont été écroués. Sylvain F. est également poursuivi pour instigation d’assassinat non suivie des faits, indique à 20 Minutes une source judiciaire. Quant aux deux tueurs à gages géorgiens, les enquêteurs les soupçonnent d’avoir regagné leur pays quelques jours après avoir échoué à tuer Michel H.
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