REPORTAGELa profanation du cimetière juif en Alsace, «ça me dégoûte et m'inquiète»

VIDEO. Profanation d’un cimetière juif en Alsace: «Ça me dégoûte et m’inquiète»

REPORTAGEAu village de Quatzenheim, près de Strasbourg, les habitants sont choqués et révoltés après la profanation du cimetière israélite dans la nuit de lundi à mardi...
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Dans la nuit de lundi à mardi, les tombes ont été taguées de croix gammées jaunes, parfois bleues.
  • Le président Macron est également venu réconforter les villageois « montés au cimetière » et apporter son soutien à la communauté juive.
  • « Ici, il n’y a pas de problème, tout le monde s’entend bien. Mais qu’est-ce qui se passe ? » s’interrogent les habitants.

De notre envoyé spécial

« C’est odieux, ça me dégoûte, c’est lâche et ça m’inquiète ». Ces quelques mots suffisent à résumer le sentiment des habitants de Quatzenheim, petit village près de Strasbourg où plus de 90 sépultures du cimetière israélite (les enquêteurs comptent encore), ont été profanées. Dans la nuit de lundi à mardi, les tombes ont été taguées de croix gammées jaunes, parfois bleues. Des inscriptions ont même été retrouvées. Sur l’une des tombes, sur les hauteurs du cimetière, il a été inscrit « Elsassisches Schwarzen Wolfe » « Les loups noirs alsaciens ».

Des inscriptions nazies ont été apposées dans un cimetière en Alsace, à Quatzenheim, le 19 février 2019.
Des inscriptions nazies ont été apposées dans un cimetière en Alsace, à Quatzenheim, le 19 février 2019. - G. Varela / 20 Minutes

« Les rats sont de sorties, confie à 20 Minutes le président de la région Grand Est, Jean Rottner, venu à la rencontre de la population. Les discours ne peuvent pas devenir une habitude, mais il faut combattre énergiquement cet antisémitisme. C’est un acte odieux dans une France qui cherche des repères. Il y a des luttes importantes en France, mais là c’est essentiel. »

Un combat ? Le président Macron est également venu réconforter les villageois « montés au cimetière » et apporter son soutien à la communauté juive. Accompagné du grand rabbin de France Haïm Korsia, il s’est ensuite recueilli devant plusieurs tombes. A la sortie du cimetière, il s’est adressé brièvement à Jean et Quentin, 14 ans, prévenant : « On ne laissera pas faire. »

Des inscriptions nazies ont été apposées dans un cimetière en Alsace, à Quatzenheim, le 19 février 2019.
Des inscriptions nazies ont été apposées dans un cimetière en Alsace, à Quatzenheim, le 19 février 2019. - G. Varela / 20 Minutes

Le village, qui a compté par le passé une forte communauté juive, « est majoritairement protestant, confie Bernard un septuagénaire très investi dans les associations du village. Ici, il n’y a pas de problème, tout le monde s’entend bien. Mais qu’est-ce qui se passe ? » s’interroge l’habitant les yeux brillants et des sanglots dans la voix. Pour Charles, 75 ans, un riverain immédiat du cimetière, c’est la colère qui prédomine, même s’il reconnaît être choqué : « Je ne comprends pas ces illuminés, ces lâches venus dans la nuit. Mais qu’est-ce qu’ils veulent à ces pauvres gens qui n’y peuvent rien ? C’est pas logique. » Son épouse, Gaby, elle, s’inquiète et cela lui fait peur. « Mais à mon avis on en parle trop dans les médias, ça encourage les faibles, les illuminés. Je suis très choqué », conclut Charles.

Des inscriptions nazies ont été apposées dans un cimetière en Alsace, à Quatzenheim, le 19 février 2019.
Des inscriptions nazies ont été apposées dans un cimetière en Alsace, à Quatzenheim, le 19 février 2019. - G. Varela / 20 Minutes

Pour un homme de confession juive venu constaté les dégâts, peu de paroles, l’émotion est trop grande. « Mais il y a trop longtemps que cela dure, ce n’est pas la première fois, il faut agir, éduquer les jeunes, c’est d’une incroyable bêtise, l’expression de la plus grande noirceur de l’homme », lâche-t-il. Pour Roger 74 ans, « il va falloir faire le ménage, et que la justice soit intraitable» et ce sont les paroles d’Emanuel Macron qui ont fait mouche, celles où le président à promis la plus grande sévérité pour les auteurs de profanation.

« Dans quel monde va grandir mon enfant ? »

Nora, une jeune maman de 27 ans, est venue avec son bébé aux alentours du cimetière, pour se rendre compte de la situation. Consternée, la jeune femme « n’arrive pas à croire que cela arrive dans son village : « Je viens d’avoir un enfant et je me demande dans quel monde il va grandir. »

En ce début de soirée, tout le monde mène son enquête aussi et s’interroge : qui sont les auteurs de ces profanations ? Des jeunes du village ? Personne n’y croit. « Ce n’est pas un truc de jeunes désœuvrés, ça non, assure Pierre, un habitant du village. C’est calculé et il a fallu du temps pour faire tout ça. C’est pire encore, se lamente le quadragénaire. Mais il faudra les punir, cela doit s’arrêter, il faut agir fermement. »