VIOLENCESFrappés par un policier à Toulon, ils contestent avoir été menaçants

Toulon: «Je m’en souviendrai toute ma vie», les trois personnes frappées par un policier contestent avoir été menaçantes

VIOLENCESTrois personnes ont été frappées par un commandant de police lors de leurs interpellations samedi en marge d’une manifestation de « gilets jaunes » à Toulon…
Adrien Max

Adrien Max

Epuisé, marqué mais soulagé. Laurent Attard, l’une des personnes interpellées samedi en marge d’une manifestation des « gilets jaunes » à Toulon ( Var), après s’être fait frapper par un policier, est ressorti libre ce lundi après-midi.

Le « gilet jaune » a été mis en examen pour outrage, rébellion, violence volontaire sur personne dépositaire de l’autorité et placé sous contrôle judiciaire, tout comme son frère, Fabien. Les deux hommes ont un casier judiciaire vierge. A la différence de Saad Aden Hared, un troisième interpellé pour qui la rébellion n’a pas été retenue. En revanche, ce dernier a déjà été condamné pour des outrages et des violences et il est sous contrôle judiciaire dans une affaire de viol.

Tous les trois contestent formellement avoir été en possession de tessons de bouteille. Fabien Attard se dit d'ailleurs « outré » des « procès verbaux diffamatoires de la police ».

« Je m’en souviendrai toute ma vie »

« Je comprends que leur boulot n’est pas facile, d’autant plus que ça dure depuis des semaines. Mais cela ne peut en aucun cas justifier la violence qu’ils ont exercée contre moi et mon frère », a déclaré Laurent Attard à la sortie de sa comparution devant un juge d’instruction.



La vidéo de son interpellation, avec son frère Fabien, ainsi que celle de Saad Aden Hared font le tour des réseaux sociaux depuis dimanche. On y voit un commandant de police frapper à plusieurs reprises ces trois individus, au cours de deux épisodes distincts. « Nos conditions d’interpellation ont été très violentes, je l’ai très mal vécu. J’ai pris deux coups de poing dans la figure et je me suis immédiatement fait embarquer. Je m’en souviendrai toute ma vie », relate Laurent.

Pour son avocate, Me Anne Denan, Laurent est avant tout victime dans cette affaire. « Il y a des éléments dans le comportement du policier qui peuvent être considérés comme des violences policières », affirme-t-elle. Elle compte porter plainte pour les coups reçus et va communiquer à la justice les nombreuses vidéos prises ce jour-là.

« Le climat n’était pas du tout insurrectionnel »

Le procureur de la République de Toulon, Bernard Marchal, a annoncé vouloir « faire toute la lumière sur ces dossiers », tout en rappelant qu’il n’avait « rien à dissimuler ». Il a ouvert deux procédures judiciaires, l’une pour l’interpellation des deux frères, une autre pour celle de Saad Aden Hared. Selon les policiers, les deux frères leur auraient jeté des cannettes en verre avant de se rebeller lors de leur interpellation. Ils reprochent à Saad Aden Hared la détention d’un tesson de bouteille en verre.

Mais plusieurs témoins réfutent cette accusation. Et notamment Patrick Le Floch, un manifestant. « Le climat n’était pas du tout insurrectionnel, et il n’y avait pas de casseurs. Une palette a été enflammée sur la chaussée, mais il n’y avait que des personnes venues manifester, dont des femmes et des enfants. Il n’y a jamais eu de tesson de bouteille. Au contraire, le policier avait un comportement provocateur », affirme-t-il.

L’IGPN saisie

Le procureur de la République a tenu à recontextualiser ces épisodes violents. Le commandant de police avait été mis à mal plus tôt dans la journée. Alors que les « gilets jaunes » tentaient de rejoindre le tunnel de l’autoroute A50, les policiers se sont mis en travers de leur chemin. « Ils ont été pris à partie par un groupe d’une centaine de personnes. Le commandant a été mis à terre par un individu, et ses collègues sont venus le secourir d’une fâcheuse posture », a-t-il expliqué.

Il a néanmoins saisi l’IGPN sur le plan judiciaire, après que le préfet du Var l’a fait dimanche soir. Le procureur a également reçu la plainte d’une infirmière qui affirme s’être prise un coup de tête par ce même commandant de police lors de la tentative de blocage du tunnel de l’A50. Cette affaire, de l’aveu même de Bernard Marchal, pose à nouveau la question de la force utilisée pour le maintien de l’ordre.