Aux Savons d’Hélène le mardi soir, c’est scène ouverte. Touchés à deux pas du bar situé à l’angle des rues Sainte-Hélène et du Savon, c’est là où se rendaient trois blessés de l’attentat du centre de Strasbourg (Bas-Rhin), ce 11 décembre. Après un confinement de l’établissement dans la nuit, puis de la rue mercredi, Les Savons d’Hélène ont finalement rouvert ce jeudi.

Le bar à la lumineuse verrière est accessible depuis la mi-journée, un peu plus tard qu’à l’accoutumée cependant. Même si un impact de balle est encore visible au-dessus de la porte d’entrée. « C’est un cauchemar, ne cache pas Jo, son directeur, derrière le comptoir ce jeudi. C’est très dur mais totalement indispensable, parce que la vie continue, pour ne surtout pas lui donner raison. »

L’équipe présente mardi soir laissée au repos

« Lui », c’est l’auteur de l’attaque des tirs et des coups de couteau sur ce quatrième site touché par l’attentat dans les rues du centre-ville. Face ses premiers coups de feu, le directeur tient à louer le « sang-froid » et la « rapidité » de ses trois employés présents pour « sécuriser les lieux » ce soir-là. Lui venait de partir. Il a passé la soirée au bout du fil avec eux avant d’y accéder enfin.

« Tout le monde peut leur dire merci », insiste Jo. Ce jeudi, il a rouvert sans eux, juste avec un cuisinier. Arrivé escorté par les forces de l’ordre vers 1h du matin – après plusieurs heures passées à l’entrée de la Grande Ile bloquée – mardi, le Strasbourgeois a d’abord « fait parler » son équipe de deux filles et un garçon pendant la nuit. Avant de les diriger vers la cellule psychologique de la ville.

« Et ils avaient besoin de se reposer », ajoute le directeur. Le choc est probablement encore là. Ce jeudi, des clients osent en parler à petits pas avec lui. Pour prendre des nouvelles des blessés. Si l’un s’est réveillé après avoir été opéré mercredi, un autre a été placé en coma artificiel, tandis que le troisième a été touché plus superficiellement, ainsi que la police l’en a informé par la suite.

Des clients qui demandent des nouvelles des blessés

Sur ce quatrième site du périple meurtrier, les tirs ont alerté l’équipe des Savons d’Hélène. « En voyant des gens paniqués courir dehors, ils les ont fait rentrer, décrit Jo. Tout en rentrant les clients situés dans la verrière, à l’arrière, vers l’intérieur. Puis, en demandant à se mettre à terre et en éteignant la lumière, ils ont fermé les portes alors que l’assaillant était juste devant. »

C’est là que le plus grave des trois blessés (qui s’est toutefois réveillé ce jeudi selon le témoignage du père de ce Vosgien à L'Est Républicain) a reçu des débris de balle. « Une minute après la fin des coups de feu, les forces de l’ordre sont arrivées et l’ont fait rentrer à l’intérieur », poursuit Jo. L’un des deux blessés au couteau a aussi pu y pénétrer. L’autre a été pris en charge dehors.

Au moment de son arrivée aux Savons d’Hélène près de quatre heures après, le directeur n’a vu « aucune panique ». Le quadragénaire renchérit : « L’équipe s’est occupée des clients, ils ont servi aux gens, ils ont pris soin d’une femme enceinte. Ils étaient choqués, mais ils ne l’ont pas montré avant le départ des clients [vers 3h]. » Ce jeudi, Jo, lui, ne veut pas se montrer trop touché devant eux.