Attentat à Strasbourg: Les écoles rouvrent, «c'est une bonne chose, mais les enfants sont terrifiés»
FUSILLADE•Au surlendemain de l’attaque dans les rues du centre de Strasbourg (Bas-Rhin), les écoles ont rouvert ce jeudi après un jour de fermeture. Malgré la peur, « c’est bien que l’école reprenne », estiment des parents…Bruno Poussard (avec G.V.)
L'essentiel
- Au surlendemain de l’attaque dans le centre de Strasbourg (Bas-Rhin), les rues de la capitale alsacienne s’animent à nouveau.
- Si les chalets du marché de Noël restent fermés une deuxième journée, les écoles, quant à elles, ont rouvert dans la ville.
- « C’est bien que l’école reprenne, il fallait un semblant de normalité », estime une maman devant l’école Saint Thomas.
D’habitude, leur plus jeune fils vient tout seul à l’école Saint-Thomas, aux portes de la Petite France à Strasbourg (Bas-Rhin). Mais ce jeudi matin, Philippe et Marie l’ont tous deux accompagné. Pour le rassurer. « C’est bien que l’école reprenne, il fallait un semblant de normalité », estime la maman. Au surlendemain des fusillades dans le centre-ville, les rues s’animent à nouveau.
Tandis que les chalets du marché de Noël resteront fermés une deuxième journée, les écoles maternelles et primaires de la ville ont rouvert ce jeudi. La veille, l’école Saint-Thomas a accueilli des enfants dont les parents n’ont pas pu trouver d’autre solution. Mais « très peu » et dans une ambiance « rassurante », selon un membre de l’équipe. Avec ses deux enfants dans la rue, Anne, elle, insiste :
« Nécessaire, la journée sans classe recharge un peu les batteries et permet de faire le point en famille. » »
L’école rouverte normalement ce jeudi, la cour extérieure fermée
Pour répondre aux questions des écoliers et leur sécurité, des parents s’interrogent devant l’entrée de l’école Saint-Thomas, un peu après 8 heures. Le directeur de l’établissement a décidé de fermer la cour extérieure. « C’est une bonne chose de rouvrir l’école, mais les enfants sont terrifiés, et nous aussi, confie Samira. Mon frère a été témoin de l’horreur, on est tous en deuil. »
Mère de deux garçons, elle a accompagné le premier au collège, puis le second devant la primaire. Mercredi, elle a dû poser un jour pour les garder. « J’ai essayé de mettre mon fils au collège, il a fait une crise d’angoisse 15 minutes après », raconte-t-elle. Certains habitent le quartier et ont, au moins, entendu des tirs. Leurs sentiments sont partagés à l’heure de la réouverture.
Des sentiments partagés, alors que la traque du suspect continue
Venue à vélo avec son fils, casque sur la tête, Marie n’a « pas eu peur » de mettre son fils à l’école : « C’est important. » A côté, Céline, maman d’une fille et un garçon, est d’accord : « Il faut relever la tête. » Devant le collège Lucie-Berger, la maman d’une jeune fille s’est, elle, rapprochée au plus près du portail en voiture : « Je m’en voudrais trop s’il arrivait quelque chose. »
Aussi déléguée de parents d’élèves, Samira évoque des échanges entre eux : « D’autres parents, eux, veulent rester quelques jours à la maison, ils espèrent que le fugitif sera retrouvé d’abord. » Sur son vélo cargo, Franck n’est pas encore rassuré avec la poursuite de la traque. « Mais s’ils mettent six mois à le retrouver, l’école ne va pas s’arrêter si longtemps », reprend-il.
Un sujet abordé par les parents avec leurs enfants
Egalement sur le chemin avec son fils de 8 ans, Myriam a observé avec lui beaucoup de gendarmes en ville ce matin. « Mon fils les regardait avec insistance. Je lui ai demandé s’il trouve ça bien, si ça l’inquiète ? Il m’a répondu ''non, c’est rassurant''. Cette réponse mature m’a fait bizarre, il se passe vraiment quelque chose de profond. » Le drame est dans toutes les bouches.
Père d’une lycéenne au Gymnase Jean Sturm, Gilles demande à sa fille ne pas traîner en groupe avec ses copains devant l’école », et « partir avec un téléphone chargé » pour rester joignable. Philippe et Marie en ont aussi beaucoup discuté avec leur cadet, mais pas autant qu’avec leurs ados. « On a rassuré le petit. On a relaté sans dramatiser. Et on est restés calmes dans nos gestes. »