VIDEO. Immeubles effondrés à Marseille: «Où est mon mari ?» Les riverains angoissés et en colère
REPORTAGE•Deux immeubles se sont effondrés ce lundi matin dans le 1er arrondissement de Marseille. Il y a au moins deux blessés...Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Des dizaines de pompiers recherchent d'éventuelles victimes dans les décombres, après l'effondrement de deux immeubles rue d'Aubagne, dans le très populaire premier arrondissement de Marseille.
- Dans cette rue en pente, les immeubles se soutiennent les uns et les autres. Le premier qui s'est effondré, ce lundi, avait fait l'objet d'un arrêté municipal de péril imminent.
On croise un vieux monsieur couvert de poussière. Une étiquette bleue « indemne » pend autour de son cou. Les pompiers, au départ, ne veulent pas embarquer sa fille. Elle passe sa main sur sa bouche comme pour leur dire : « Il ne parle pas. » Elle part avec lui. « Où est mon mari ? », s'inquiètera une dame quelques minutes plus tard. « Il est avec les pompiers, ça va », lui explique une voisine.
« J’étais chez moi, j’ai d’abord entendu des craquements dans la cheminée, comme des feuilles qui tombent », raconte cette dernière. Sofia Benameur habite dans un bloc voisin, dans cette populaire rue d’Aubagne. Deux immeubles s’y sont effondrés, ce lundi matin, vers 9h15. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il y a au moins deux blessés.
« Soudain, mon appartement se recouvre de poussière, de la fumée rentre de partout. Je suis sortie en courant », conclut Sofia. Elle est sous le choc. Elle s’inquiète de nouveau : « Où sont les enfants de la dame ? » A l’école. Elle aussi choquée, Pascaline Mroivili lâche quelques mots : « Mon mari est avec ma fille. Ils sont partis. Ça va aller. »
« Il faut couper le gaz, putain ! »
Des dizaines de pompiers sont sur place. Ils s’activent et font reculer, vague après vague, les journalistes qui se pressent sur les lieux. « Il faut couper le gaz, putain », entend-on. On voit quelques minutes plus tard un agent de GRDF, l’air paniqué, qui cherche la conduite. Une odeur de gravats plane dans l’air.
Les officiels arrivent à leur tour. L’adjoint au maire Julien Ruas indique que le premier immeuble qui s’est effondré faisait l’objet d’un arrêté municipal de « péril imminent. » Pendant qu’il s’exprime, des gravats s’écroulent, une cinquantaine de mètres en contrebas, dans la rue.
Policiers et pompiers font évacuer les immeubles voisins. « Ce que l’on craint plus que tout, c’est le sur-accident », reprend Julien Ruas. Sabine Bernasconi, maire de secteur, mime, avec ses mains, un tragique jeu de domino : « Un premier immeuble, qui était muré et fermé, s’est effondré. Un second, le 65, s’est effondré à son tour. Comme la rue est en pente, le poids des gravats menace désormais un troisième immeuble. »
Un voisin fou de rage
« Elle est là, Bernasconi ? C’est elle, la blonde, là, de dos ? » Fou de rage, Frédéric veut à tout prix parler à l’élue. Ce trentenaire vit rue d’Aubagne, en face du premier immeuble. « Il est dans un état abominable, depuis des semaines. Les façades se lézardent, il a fallu un drame pour que les autorités réagissent enfin… Il y a peut-être des morts, là-bas ! »
C’est la grande inquiétude des badauds et riverains qui se massent, de plus en plus nombreux, derrière les rubalises qui quadrillent la zone. Certains filous négocient avec les policiers en faction : ils tentent de faire croire que leurs proches sont peut-être sous les décombres. D’autres Marseillais sont prostrés et laissent parfois échapper une larme. En silence.