FAITS DIVERSEffondrement d'un balcon à Angers, 5 personnes mises en examen

Angers: Effondrement d'un balcon, 5 personnes mises en examen deux ans après le drame

FAITS DIVERSIl y a deux ans presque jour pour jour, 4 jeunes décédaient dans le centre-ville d'Angers après l'effrondrement d'un balcon...
David Phelippeau

D.P. avec AFP

Deux ans quasiment jour pour jour après l'effondrement tragique d'un balcon dans le centre-ville d' Angers lors d'une fête étudiante, qui avait fait quatre morts et 14 blessés, cinq personnes, dont les responsables du cabinet d'architecture et de l'entreprise de gros oeuvre, ont été mises en examen.

«Cette semaine, le responsable du cabinet d'architecture [Rolland & Associés], le dirigeant de l'entreprise de gros oeuvre [Bonnel], deux salariés de l'entreprise de gros oeuvre [un conducteur de travaux et un chef de chantier] ainsi que le chargé d'affaires de l'APAVE [organisme de contrôle technique de construction ainsi que des installations] ont été mis en examen des chefs d'homicides involontaires et de blessures involontaires», a annoncé le procureur de la République d'Angers, Yves Gambert, dans un communiqué, envoyé aux médias vendredi.

Quatre morts et quatorze blessés

Le drame s'était produit vers 23h, le samedi 15 octobre 2016, lors d'une fête rassemblant une trentaine d'amis, en majorité des étudiants en droit, dans un immeuble du centre-ville, le Surcouf, construit à la fin des années 1990. Les dix-huit jeunes qui participaient à une pendaison de crémaillère, organisée par deux jeunes filles, rue Maillé, étaient massés sur le balcon lorsqu'ils ont brusquement basculé dans le vide.

Quatre d'entre eux, trois jeunes hommes de 21, 23 et 25 ans, ainsi qu'une jeune fille de 18 ans, sont morts dans l'accident. Quatorze étudiants, âgé de 18 à 27 ans, ont été blessés, dont quatre grièvement.

Soulagement pour les familles de victimes

Situé au troisième étage de l'immeuble et donnant sur une cour intérieure, le balcon avait entraîné sous son poids ceux des deux étages inférieurs, sur lesquels personne ne se trouvait à ce moment-là.

«Dans le cadre de l'information judiciaire ouverte à la suite de l'accident mortel (...) , les juges d'instruction cosaisis ont procédé à de multiples investigations qui ont permis d'identifier les différents intervenants lors du chantier», précise le communiqué du procureur. «Parallèlement, ils ont ordonné deux expertises afin d'établir les modalités de construction de l'immeuble effectivement mises en oeuvre et de recherche des causes de l'effondrement afin de déterminer les responsabilités», poursuit-il.

Les pré-rapports d'expertises ont été déposés respectivement le 18 juillet et le 10 octobre derniers.

«Les parties civiles attendaient ces mises en examen depuis longtemps, c'est un événement important dans le dossier, ça avance dans le bon sens. C'est une forme de soulagement», a déclaré à l'AFP Louis-Marie Penneau, avocat de onze parties civiles, dont la famille d'une jeune fille morte et de son frère blessé.

«De nombreux défauts sur tous les balcons du bâtiment»

«Les expertises montraient de manière extrêmement claire qu'un certain nombre de personnes devraient répondre de leur faute», a-t-il ajouté, soulignant qu'il faut «avoir été complètement aveugle pour ne pas avoir vu les défauts de tous les balcons du bâtiment».

«Ce balcon a été construit pour tomber, il ne pouvait que tomber, au vu des nombreuses malfaçons», a encore affirmé M. Penneau. Selon lui, le chargé d'affaires de l'APAVE, aujourd'hui âgé de 81 ans, «n'a probablement rien contrôlé».

L'avocat pose aussi la question aussi la responsabilité de l'agence chargée de louer l'appartement. «Le balcon tremblait depuis déjà un an, l'agence en était informée et n'a rien fait», a-t-il indiqué à l'AFP. Peu après le drame, le syndic de l'immeuble avait lui indiqué ne jamais avoir été saisi de fissures sur les balcons.

Contacté par l'AFP, l'avocat de l'entreprise de maçonnerie, la société Bonnel, est resté injoignable.

Jusqu'à cette semaine, peu d'informations avaient filtré sur cette affaire. Au secret de l'instruction, s'ajoute «la douleur encore très, très vive» de familles d'autant plus soudées, que les victimes se connaissaient toutes et étaient pour la plupart des amis, avait déclaré il y a un an M. Penneau.