Un homme suspecté du meurtre d’un artiste français recherché au Brésil
ENQUETE•Les proches de Cédric Jaurgoyhen Madala, tué au Brésil en 2018, réclament justice…Thibaut Chevillard
L'essentiel
- Cédric Jaurgoyhen Madala a été tué en juillet 2018, à Paraty, une ville dans l’Est du Brésil.
- Un homme soupçonné du meurtre de ce jeune artiste Français, originaire de Cannet (Alpes-Maritimes), est recherché par la police brésilienne.
- Ses proches implorent le gouvernement français de se pencher sur le dossier. Ils ont aussi créé une association pour lui rendre hommage.
Depuis que Cédric, 33 ans, a été tué au Brésil en juillet dernier, sa mère se démène pour que les autorités françaises s’intéressent à l’affaire. Martine Jargoyhen veut s’assurer que les coupables soient sévèrement punis par la justice locale. Depuis les Alpes-Maritimes où elle réside, elle contacte les journalistes et prend rendez-vous avec des élus pour parler de ce qui est arrivé au jeune artiste à 9.000 km de là. Elle a même écrit à Emmanuel Macron, il y a deux mois. « Ses collaborateurs m’ont répondu qu’on allait prendre contact avec moi. Mais je n’ai pas eu de nouvelles », confie-t-elle à 20 Minutes.
Sa crainte ? Que ces « monstres » n’écopent que de « quatre ou cinq ans de prison », eux qui ont tiré sur Cédric avec une carabine et ont ensuite brûlé sa maison. Cet ancien coiffeur, tombé amoureux du Brésil en 2003, l’avait fait construire au cœur d’un terrain verdoyant de 35 hectares qu’il avait acheté à Paraty, dans les montagnes de Bocaina, à 250 km de Rio de Janeiro. « Il voulait créer une résidence pour accueillir des artistes français et internationaux, faire de la permaculture », avait raconté à l’époque une de ses cousines à 20 Minutes. Mais le 13 juillet dernier, le corps de ce jeune artiste était retrouvé devant chez lui.
« Un jour, je pense qu’ils vont disjoncter »
Il y a quelques jours, un homme a été arrêté 250 km plus loin. Il s’agit d’un proche voisin de Cédric, un pasteur évangéliste. Cet homme avait travaillé pour le jeune Français en tant que charpentier, avec son fils maçon. Un duo qui n’inspirait pas confiance à Cédric. Il s’était d’ailleurs confié à sa mère. « La dernière fois que je l’ai vu, en fin d’année dernière, il m’avait dit : "Tu sais maman, ils savent que je suis homosexuel, que je pratique le candomlé [une religion afro-brésilienne]. Un jour, je pense qu’ils vont disjoncter dans leur tête" », se souvient Martine Jargoyhen.
Devant les policiers, le père aurait dénoncé son fils qui demeure introuvable, a affirmé à la mère de Cédric son avocat brésilien. Un mandat d’arrêt a été émis et un avis de recherche a été diffusé dans la presse. Martine Jargoyhen suit aussi avec attention l’élection présidentielle brésilienne. Jair Bolsonaro, le candidat d'extrême droite, est arrivé ce dimanche en tête du premier tour. Ouvertement homophobe, « il est évangéliste », tout comme les suspects, remarque-t-elle. Alors, pour s’assurer que police et justice brésiliennes font leur travail, même s’il est élu, elle implore le gouvernement français de « mettre son nez dans l’affaire ».
« Continuer l’œuvre en cours » de Cédric
Avec son fils, Frédéric, et d’autres proches, elle a décidé de créer une association pour faire connaître son travail. « Pour sa mémoire, nous voulons rassembler le matériel dont nous disposons afin de réaliser une exposition avec l’appui de l’association qui vient d’être créé. L’idée serait de faire une exposition itinérante aussi bien en France qu’au Brésil » explique à 20 Minutes Claire Jean, une amie photographe.
Mais une immense partie du travail de Cédric, qui préparait notamment un long-métrage et un livre, a brûlé dans l’incendie de sa maison. Sa famille et ses amis vont tout faire pour « continuer l’œuvre en cours » de Cédric.