BANDITISMELe Nord secoué par une série de règlements de comptes

Corps calciné, «voyous», trafic de stupéfiants... Le Nord secoué par une série de règlements de comptes

BANDITISMELes enquêteurs de la police judiciaire de Lille enquêtent sur deux réglements de comptes commis sur fond de trafic de stupéfiants...
La police judiciaire de Lille est chargée de ces enquêtes (illustration)
La police judiciaire de Lille est chargée de ces enquêtes (illustration) - DENIS CHARLET / AFP
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le corps d’un homme a été retrouvé dans le coffre d’une voiture carbonisée à Wambrechies.
  • Quelques jours plus tôt, un autre homme, connu des services de police, s’est fait tirer dessus à Roubaix.
  • La région de Lille est devenue, depuis plusieurs années, une plaque tournante du trafic de stupéfiants.

Ils s’attendaient probablement à trouver un pneu de secours. Peut-être une valise, ou quelques affaires laissées par le propriétaire du véhicule. Mais en aucun cas, avant d’ouvrir le coffre de la BMW Série 1 découverte brûlée en rase campagne, sur la commune de Wambrechies (Nord), les pompiers pensaient découvrir le corps carbonisé d’un homme. Ce dimanche 29 avril, le soleil est à peine levé, lorsque les enquêteurs de la police judiciaire de Lille, alertés par les secours, déboulent chemin des Trois Fétus, au hameau de La Vigne, accompagnés de techniciens de la police techniques et scientifiques.

Pas besoin d’être grand clerc pour se douter qu’il s’agit d’un crime : la victime avait les mains attachées dans le dos. Son autopsie n’a pas permis de déterminer les causes précises de sa mort. Néanmoins, il semble qu’elle n’a pas été tuée avec une arme à feu. Pour les policiers, cela ressemble à ce qu’ils appellent un « barbecue », un mode opératoire utilisé par les bandits depuis les années 1920. « Le principe, c’est de retarder l’enquête, d’empêcher les policiers d’identifier les auteurs du crime et la victime », nous explique Thierry Colombié, spécialiste du grand banditisme et de la criminalité organisée.

« Un voyou »

« C’est aussi un message fort adressé aux amis de la personne tuée », ajoute-t-il. La piste d’un règlement de comptes est d’autant plus privilégiée par les policiers que la victime est bien connue de leurs services. Grâce aux expertises ADN, ils sont parvenus à l’identifier. Il s’agit, selon nos informations, d’un homme impliqué dans des affaires de stupéfiant dans le Nord. « Un voyou », décrit une source policière interrogée par 20 Minutes. Les limiers lillois découvrent par la suite que la voiture a été volée début avril, à Roubaix, à 13 kilomètres de là.

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Certains détails font tiquer les policiers. Ils se rappellent que six jours plus tôt, le 23 avril, un autre homme a été touché par deux balles, en pleine rue. A Roubaix justement. La victime, un homme d’une trentaine d’années originaire de Marseille, est parvenue à se réfugier dans un snack de la rue de l'Epeule avant d’être pris en charge par une équipe du Smur, un peu avant 22 heures. Grièvement blessé, il a été transporté au CHU de Lille et son pronostic vital a été un temps engagé. Or, lui aussi est, selon une source proche du dossier, « un voyou » connu des policiers pour des affaires de stupéfiants.

Un lien entre les deux affaires ?

Les deux affaires seraient-elles liées ? Cela semble d’autant plus plausible que la méthode du « barbecue » est particulièrement employée lors des règlements de compte à Marseille, remarque un policier. « C’est une hypothèse séduisante sur laquelle nous travaillons mais qui n’a pas été confirmée aujourd’hui », indique un proche du dossier. « En l’état des investigations, nous n’avons pas trouvé de lien entre les deux affaires », insiste, prudente, une autre source policière.

Il n’empêche que, depuis quelques années, Lille est devenue une plaque tournante du trafic de stupéfiants en France. Les trafiquants locaux profitent de la proximité des Pays-Bas pour s’approvisionner directement là-bas et ont tissé des relations privilégiées avec les dealers hollandais. Ils se procurent de l’héroïne ou de la cocaïne de meilleure qualité que celle disponible en France, à un meilleur prix. Ils sont devenus des interlocuteurs de choix pour les trafiquants des autres villes.

« La situation n’est plus tenable »

Conséquences, la capitale des Flandres voit les règlements de comptes entre trafiquants se multiplier. Après qu’un homme a été tué par balle en mai 2017 dans le quartier de Moulins, la maire socialiste de la ville, Martine Aubry avaient écrit aux ministres de l’Intérieur et de la Justice pour dénoncer « des trafics qui sont de plus en plus hors de contrôle » et la « violence » qu'ils engendrent.

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« La situation n’est plus tenable », alertait alors l’édile, demandant à Gérard Collomb davantage de « moyens d’enquête, d’instruction, de sanction et de suivi » pour lutter contre les trafics qui pullulent dans le Nord. Contacté, le parquet de Lille n’a pas souhaité répondre à nos questions.