VIDEO. Marseille: Que sait-on de la fusillade à la Busserine au lendemain des faits?
FAITS DIVERS•Les premiers élements de l'enquête feraient le lien entre cette fusillade et le trafic de stupéfiants qui sévit dans cette cité marseillaise...Mathilde Ceilles
«Pour le moment, on est au début de l'affaire, indique une source policière à 20 Minutes. Nous essayons de comprendre qui a fait quoi, et pourquoi. » Ce lundi, en fin d’après-midi, une fusillade a éclaté au sein et à proximité de la cité de la Busserine, située dans le 14e arrondissement de Marseille.
Des policiers ont été notamment menacés par des malfaiteurs. Qui sont-ils ? Quelles étaient leurs motivations ? Y a-t-il des victimes ? Moins de 24 heures après les faits, alors que l’enquête ne fait que commencer, le scénario des faits se précise, mais des questions restent en suspens.
Que s’est-il passé ?
Lundi, à 16 h 45, une dizaine d’individus sont entrés dans la cité de la Busserine à bord de trois véhicules de type Mégane, deux de couleur noire et une de couleur claire, avec à bord, au moins trois individus par véhicule. Le commando portait des brassards de police, selon des témoignages cités par le procureur de la République. L’un des véhicules était équipé d’un gyrophare. Des tirs d’armes de poing et d’armes longues ont été effectués en l’air.
Des policiers de la Bac, en patrouille à proximité immédiate de la cité, sont alors intervenus. Des tirs en l’air sont de nouveau effectués, et des policiers sont « mis en joue », selon Xavier Tarabeux. Les malfaiteurs se dispersent par des itinéraires de fuite différents.
Arrivés en renfort, des policiers de la compagnie de sécurisation et d’intervention interceptent le véhicule équipé d’un gyrophare au niveau du rond-point des Arnavaux. C’est alors qu’un des passagers, assis à l’arrière, met en joue les policiers avec une arme longue. Se sentant menacés, les policiers répliquent, détruisant la vitre du véhicule, qui prend la fuite.
Où sont les malfaiteurs ?
C’est la grande question qui reste pour l’heure sans réponse, car les membres du commando sont toujours recherchés. Habillés de vêtements sombres, cagoulés, ces hommes restent difficiles à identifier par le biais de caméras de vidéosurveillance. L’un des véhicules, celui équipé d’un gyrophare, a fui par l’autoroute en direction de Fos-sur-Mer. « Nous n’avons pas de piste précise », a indiqué le procureur de la République.
Toutefois, les enquêteurs se dirigent vers un profil : celui d’individus impliqués dans le narcobanditisme des cités. D’après Xavier Tarabeux, « cette opération s’apparente à une action violente d’intimidation dans le cadre d’une lutte de territoires pour un point de vente de stupéfiant », par des « individus très assurés dans ce qu’ils font et qui emploient les moyens du banditisme ».
Des impacts de balles d’armes semblables à des kalachnikovs ont été relevés sur les lieux. Deux véhicules, visiblement ceux utilisés par le commando, ont été retrouvés à 00 h 45 à Saint-Victoret, une commune proche de Marseille, et à 1 h 20 du matin dans le 15e arrondissement.
« Depuis le début de l’année, 61 personnes liées au trafic de drogue ont été écrouées et 19 réseaux ont été démantelés, selon le préfet de police. Cette affaire montre qu’on dérange. » Les faits rappellent la fusillade de la Castellane, où un commando de mercenaires kosovars s’était introduit dans cette cité, sur fond de trafic de stupéfiants.
Les malfaiteurs ont-ils enlevé un individu ?
D’abord démentie par le préfet de police, cette hypothèse a été confirmée par le procureur de la République. Les enquêteurs se basent pour cela sur un témoignage d’un individu présent au moment des faits. La personne enlevée est un guetteur, placé de force par les hommes du commando dans un de leurs véhicules.
Y a-t-il des blessés ?
Cette fusillade n’a fait qu’un blessé léger, un habitant de la cité de la Busserine touché au cuir chevelu après avoir été victime d’un coup de crosse. Pour assurer la sécurité des lieux, le préfet de police a annoncé avoir « mobilisé des CRS dès hier après-midi », un système qu’il entend « maintenir autant que nécessaire ».
Un dispositif d’aide psychologique à destination des habitants va également être mis en place sur demande du préfet de police. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a quant à lui annoncé l’affectation de « 60 policiers supplémentaires » à Marseille d’ici début 2019. La direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône parle d’un événement « hors-norme ». Le préfet de police des Bouches-du-Rhône Olivier de Mazières retient de son côté la « gravité » des faits.