PROCES«Sophie mentait comme elle respirait!» affirme Sabrina Kouider

Meurtre de Sophie Lionnet: «Sophie mentait comme elle respirait!» affirme Sabrina Kouider

PROCESAuditionnée par l'avocat d'Ouissem Medouni, Sabrina Kouider a affirmé ce jeudi que Sophie Lionnet lui menait la vie dure mais qu'elle n'avait pas tué la jeune fille au pair...
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le corps de Sophie Lionnet, 21 ans, a été retrouvé en septembre dernier dans le jardin de ses employeurs, à Londres, au Royaume-Uni.
  • Le procès de Sabrina Kouider, 35 ans, et Ouissem Medouni, 40 ans, s’est ouvert le 19 mars au tribunal de l’Old Bailey.
  • Ils plaident non coupable pour le chef d’accusation de « meurtre ». Ouissem Medouni plaide, lui, coupable pour « entrave au fonctionnement de la justice ».

De notre envoyé spécial à Londres (Grande-Bretagne),

« Je n’ai pas tué Sophie ! » Sabrina Kouider le jure une nouvelle fois : elle n’est en rien responsable de la mort de la jeune fille au pair de 21 ans. Mais à entendre l’accusée ce jeudi, elle aurait presque eu toutes les raisons de le faire tant elle lui menait la vie dure. Toute de noir vêtue, les traits tirés, elle montre aux douze jurés un nouveau visage. Celle qui se présentait jusqu’alors comme une femme épuisée par les épreuves de la vie, persécutée par ses anciens compagnons, apparaît très sûre d’elle à la barre, haussant la voix et coupant à plusieurs reprises la parole à l’avocat d’Ouissem Medouni qui la questionne depuis mercredi. Et pour elle, Sophie Lionnet était une « menteuse » qui a aidé le père de son fis aîné a violer ses proches.

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Cette mère de famille, âgée de 35 ans, avait embauché Sophie Lionnet en janvier 2016 pour s’occuper de ses enfants. Mais la jeune fille, qui a déménagé de Troyes pour s’installer chez le couple à Londres, « ne faisait pas son job ». « Elle se reposait tout le temps et je devais tout faire. Je faisais à manger, je nettoyais la chambre des enfants, je lavais les vêtements », assure-t-elle, mouchoir à la main, assistée par une traductrice. Quand elle le lui faisait remarquer, son employée avait toujours une bonne excuse. « Sophie mentait comme elle respirait ! », clame-t-elle. « Elle était tout le temps là avec son grand sourire, à essayer de vous convaincre. »

« Pour vous, tout est mensonge »

Dans sa bouche, Sophie Lionnet n’est pas la jeune fille « gentille, innocente », « joyeuse et charmante » qu’évoquent pourtant tous ceux qui l’ont côtoyée. Sa jeune employée, assure sans rire Sabrina Kouider, prenait même de l’héroïne et de la morphine. Elle en est certaine car elle lui aurait prélevé de l’urine pour le faire analyser. « Les tests ne mentent pas », ose-t-elle, sans pourtant produire les fameux documents. « Pour vous, tout est mensonge », répond-elle indignée à maître Pownhall, qui tente de minimiser l’implication de son client. Elle ajoute que Sophie a toujours eu le choix de partir mais qu’elle préférait rester avec eux.

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Sophie Lionnet, poursuit-elle, lui avait confié avoir rencontré un homme lors d’une balade dans un parc. Sabrina Kouider s’est mise à imaginer qu’il s’agissait de Mark Walton, le père de son fils, dont elle est obsédée depuis leur rupture en 2013. Elle dit être persuadée que cet homme, qui a fondé dans les années 1990 le groupe Boyzone, est un « pédophile », sans pouvoir en apporter la preuve formelle. Elle est aussi certaine qu’il a piraté ses mails et ses textos et qu’il la fait surveiller par un hélicoptère. Elle affirme qu’un jour, Sophie l’a aidé à abuser sexuellement d’un membre de sa famille dans une maison près de chez eux. Elle se met aussi en tête que la jeune fille les a un jour drogués et que Mark Walton est ensuite venu les violer durant leur sommeil.

« Ce n’était pas une claque »

Celle qui jurait mercredi ne pas être « folle » n’en a pas la preuve. Alors, aidé par Ouissem Medouni, lui aussi convaincu de la réalité des accusations, elle va faire subir à Sophie Lionnet des séances d’interrogatoires musclés qu’elle va enregistrer. « Je ne la menaçais pas, je lui posais des questions simples », tente l’accusée. Sur l’un d’eux, on entend Sabrina Kouider claquer la jeune fille, pressée de questions embarrassantes et grotesques par le couple. « Ce n’était pas une claque… Je me suis claqué le genou pour lui montrer ce que ma grand-mère faisait lorsque quelqu’un faisait une mauvaise chose », prétend-elle. Sur un autre enregistrement, le même bruit. Cette fois, elle soutient qu’elle s’est claquée la joue.

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Mais Sabrina Kouider dit n’avoir jamais touché à Sophie Lionnet. Excepté la fois où elle l’a frappée avec un câble électrique. Elle l’a aussi « poussée » à deux reprises, reconnaît-elle. « Mais ça ne fait pas de moi une meurtrière pour autant. » Son audition doit se poursuivre ce vendredi. Elle pourrait être prochainement auditionnée par le procureur. Ce procès marathon, qui a commencé le 19 mars dernier, entrera lundi dans sa dernière semaine. Les jurés pourraient commencer à délibérer à partir du 9 mai prochain. Ils décideront si Ouissem Medouni et Sabrina Kouider sont coupables du meurtre de la jeune fille au pair. Si c’est le cas, le juge annoncera quelques jours plus tard la peine à laquelle ils sont condamnés.