Meurtre de Sophie Lionnet: «Je ne suis pas folle!» assure Sabrina Kouider
PROCES•L’avocat d’Ouissem Medouni s’est employé ce mercredi à démontrer que Sabrina Kouider a menti à plusieurs reprises dans le passé…Thibaut Chevillard
L'essentiel
- Le corps de Sophie Lionnet, 21 ans, a été retrouvé en septembre dernier dans le jardin de ses employeurs, à Londres, au Royaume-Uni.
- Le procès de Sabrina Kouider, 35 ans, et Ouissem Medouni, 40 ans, s’est ouvert le 19 mars au tribunal de l’Old Bailey.
- Ils plaident non coupable pour le chef d’accusation de « meurtre ». Ouissem Medouni plaide, lui, coupable pour « entrave au fonctionnement de la justice ».
De notre envoyé spécial à Londres (Grande-Bretagne),
« Je ne suis pas folle ! » Toute de noir vêtue, les traits fatigués par de longues semaines de procès, Sabrina Kouider jure sérieusement à l’avocat d’Ouissem Medouni que le père de son plus jeune fils, Mark Walton, a un jour violé leur chat. « Vous n’aviez pas de chat, et il ne l’a pas agressé sexuellement », rétorque maître Pownall. Il tente ce mercredi de démontrer que cette femme brune de 35 ans, qui accuse son client d’être l’unique responsable du meurtre de Sophie Lionnet, est un peu dérangée et que sa parole ne vaut pas grand-chose. Il en veut pour preuve toutes ces « fausses accusations » qu’elle a proférées ces dernières années « envers un certain nombre de personnes » parmi lesquelles Mark Walton.
Depuis leur rupture, en 2013, Sabrina Kouider est « obsédée » par cet homme qui a fondé dans les années 1990 le groupe Boyzone. D’une voix posée, maître Pownhall avance que si elle s’en est pris à lui, c’est parce qu’elle avait besoin d’une « raison pour expliquer ses problèmes mentaux : "C’est de sa faute si je suis comme ça". » Bien qu’aucun élément ne le prouve, elle l’accuse en particulier d’être un « pédophile » qui aurait violé un de ses proches. Elle s’est aussi mis en tête, courant 2017, que Mark Walton avait payé la jeune fille au pair afin qu’elle l’aide, une nuit, à abuser sexuellement de toute la famille en droguant les membres préalablement. Le couple a alors fait subir des séances d’interrogatoire à Sophie Lionnet qu’ils enregistraient.
« Des histoires horribles »
Aidée par une interprète, Sabrina Kouider explique à la cour que son ex-compagnon avait tué la jeune fille dans la nuit du 18 au 19 septembre dernier, après lui avoir extirpé des aveux. Ouissem Medouni, avec qui elle est restée plus de quinze ans, est la personne « la plus dingue » qu’elle n’a jamais rencontrée, souffle-t-elle. Cet homme, qu’elle décrit comme violent et infidèle, l’aurait même forcé à avoir une relation sexuelle tandis que le corps de la jeune fille au pair gisait à proximité. « Je suis même choquée d’en parler, c’est gênant. » Cela n’a « aucun sens ! » reprend l’avocat, affirmant que Sabrina Kouider « invente des histoires horribles à propos des gens, souvent de nature sexuelle ».
Maître Pownall remarque que l’accusée, qui est actuellement détenue dans un centre pénitentiaire destiné aux personnes souffrant de troubles mentaux, est depuis longtemps psychologiquement fragile. Selon plusieurs rapports médicaux, Sabrina Kouider a tenté de se suicider en se jetant d’un balcon lorsqu’elle avait 18 ans et en buvant du détergeant lorsqu’elle avait 20 ans, après une rupture. Si elle reconnaît avoir pris beaucoup de cachets à l’époque pour oublier un viol subit enfant, elle nie avoir essayé de mettre fin à ses jours. « Je ne sais pas d’où vous tirez cette information », s’énerve-t-elle.
Le procès, entamé le 19 mars, se poursuit jeudi. L’avocat d’Ouissem Medouni devrait confronter la version de son client concernant la mort de Sophie Lionnet avec celle de Sabrina Kouider. Chacun s’accusant mutuellement du meurtre de leur jeune employée.