PROCES«Je disais "pourquoi, Sophie, pourquoi ?"»

Meurtre de Sophie Lionnet: «Je disais "pourquoi, Sophie, pourquoi ?"»

PROCESAuditionnée pour la première fois par la Cour depuis le début de son procès, Sabrina Kouider, 35 ans, a présenté le visage d'une femme qui était abusée par ses proches...
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le corps de Sophie Lionnet, 21 ans, a été retrouvé en septembre dernier dans le jardin de ses employeurs, à Londres, au Royaume-Uni.
  • Le procès de Sabrina Kouider, 35 ans, et Ouissem Medouni, 40 ans, s’est ouvert le 19 mars au tribunal de l’Old Bailey, à Londres.
  • Ils plaident non coupable pour le chef d’accusation de « meurtre ». Ouissem Medouni plaide, lui, coupable pour « entrave au fonctionnement de la justice ».

De notre envoyé spécial à Londres (Grande-Bretagne),

Sabrina Kouider s’arrête, reprend sa respiration et sèche ses larmes. Toute vêtue de noir, les yeux cernés, cette petite femme aux longs cheveux crépus prend la parole ce vendredi pour la première fois depuis le début de son procès, commencé il y a un mois, à Londres. Accusée du meurtre de Sophie Lionnet, 20 ans, elle veut montrer à la cour qu’elle n’est pas le personnage manipulateur et agressif qu’ont dépeint ses ex-compagnons dans leur déposition. La voix tremblotante, elle raconte aux douze jurés son parcours de vie chaotique. Les abus que lui ont fait subir ses proches, ses rencontres avec Donald Trump, la persécution dont elle faisait l’objet de la part du père de son plus jeune fils, aidé par sa jeune fille au pair.

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Un récit laborieux, qui commence dans le nord de l’Algérie, en décembre 1982. Alors qu’elle est enfant, ses parents partent en France pour trouver du travail et « fuir la guerre ». Sabrina et ses frères restent vivre là-bas avec leur grand-mère et leur tante. Un jour, souffle-t-elle, son oncle a « abusé sexuellement » d’elle et a ensuite été jeté « en prison ». Le traumatisme est immense. Même lorsqu’elle rejoint ses parents de l’autre côté de la Méditerranée, quelques années plus tard, le souvenir de cette agression la hante toujours. A 18 ans, pour tenir le coup, elle absorbe une importante quantité de somnifères et fume du cannabis. « Je n’étais pas bien, je pensais à ce qui s’était passé. »

« Elle criait souvent et devenait agressive »

Elle rencontre Ouissem Medouni lorsqu’elle avait 19 ans, dans une fête foraine. A cette époque, elle fait des études de commerce. Mais très vite, leur relation bat de l’aile. Elle découvre notamment que son petit ami et violent et qu’il la trompe. Tout le contraire de ce qu’il avait expliqué à la barre la semaine dernière. « Il essayait toujours de nier. Il me disait toujours : "Je ne suis pas Brad Pitt". » Selon elle, l’homme à qui elle a offert sa virginité ne la fréquentait que « pour le sexe, rien d’autre, et l’argent ». Loin d’être satisfaite de la manière dont il la traite, Sabrina décide de le quitter. Une rupture qui est loin d’être la dernière, le couple étant resté ensemble plus de 15 ans, jusqu’au procès.

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C’est à cette époque qu’elle tombe enceinte de son fils aîné. Le père est un ami, Anthony François, originaire comme elle de la banlieue parisienne. Ils ont couché ensemble une seule fois, alors qu’elle avait bu, explique-t-elle. Lui affirme, dans un témoignage qui a été lu devant la cour ce vendredi, qu’ils sont restés ensemble six mois. Ce manutentionnaire raconte qu’elle « pouvait être adorable comme elle pouvait être détestable ». « Elle criait souvent et devenait agressive. Son attitude était incompréhensible. » Capable de s’énerver « à cause d’un regard, d’une bêtise », Sabrina Kouider est une « manipulatrice », qui s’en prend aux « plus faibles », assure-t-il.

« Je disais "pourquoi, Sophie, pourquoi ?" »

En 2011, elle rencontre dans une banque Mark Walton, le fondateur du groupe BoyZone. Les choses vont très vite et, quelques mois plus tard, Sabrina tombe enceinte. Ils rompent en 2013 et elle retourne une fois de plus avec Ouissem Medouni. C’est à cette époque qu’elle développe, selon l’accusation, une obsession pour le père de son fils cadet. Sabrina est convaincue qu’il a violé un membre de sa famille et en parle à son nouveau compagnon. Plus tard, après avoir embauché Sophie Lionnet en 2016, ils se mettent à croire que la jeune fille au pair a été embauchée par Mark Walton pour l’aider à leur faire du mal.

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Mais Sophie Lionnet refuse de reconnaître les faits. Alors ils vont lui faire subir des simulacre d'interrogatoires pour lui extirper des aveux. Sabrina Kouider reconnaît même l’avoir frappé « très fort » avec un câble électrique, en criant le nom des proches que Mark Walton aurait abusé avec sa complicité. Elle a agi ainsi après avoir fait une « crise de panique », se sentant « trahie » par la jeune nannie, qu’elle hébergeait depuis plusieurs mois. « Elle disait qu’elle était désolée, se remémore-t-elle. Moi je pleurais. Je disais "pourquoi, Sophie, pourquoi ?" ». Son audition reprendra lundi après-midi. Elle passera le week-end dans un centre pénitentiaire destiné aux personnes souffrant de troubles mentaux.