PROCESOuissem Medouni confie que «Sabrina frappait» Sophie Lionnet avec un câble

Meurtre de Sophie Lionnet : «Sabrina la frappait avec un câble électrique», avoue Ouissem Medouni

PROCESAuditionné depuis lundi à Londres, Ouissem Medouni a dévoilé ce mardi à la cour les mauvais traitements que faisait subir sa compagne, Sabrina Kouider, à leur jeune fille au pair…
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le corps de Sophie Lionnet, 21 ans, a été retrouvé en septembre dernier dans le jardin de ses employeurs, à Londres, au Royaume-Uni.
  • Le procès de Sabrina Kouider, 35 ans, et Ouissem Medouni, 40 ans, s’est ouvert le 19 mars au tribunal de l’Old Bailey.
  • Ils plaident non coupable pour le chef d’accusation de « meurtre ». Ouissem Medouni plaide, lui, coupable pour « entrave au fonctionnement de la justice ».

De notre envoyé spécial à Londres (Grande-Bretagne),

Depuis deux jours, Ouissem Medouni s’emploie à démontrer qu’il n’est en rien responsable de la mort de Sophie Lionnet. Lundi, ce quadragénaire a raconté à la cour comment il avait rencontré, il y a une quinzaine d’années, son ex-compagne, Sabrina Kouider. Une femme instable qui lui en a fait voir de toutes les couleurs, mais dont il était éperdument amoureux. C’est d’ailleurs parce qu’il l’aimait et qu’il voulait la protéger qu’il a, dans un premier temps, endossé la responsabilité de la mort de la jeune fille au pair, avant de revenir sur ses aveux. Car c’est bien elle, insiste-t-il ce mardi, qui se montrait violente avec leur jeune employée. Lui, regrette-t-il désormais, n’a pas su stopper à temps ses excès de folie.

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Costume bleu marine, chemise blanche, cravate assortie, il a dévoilé aux douze membres du jury un exemple des sévices que Sabrina Kouider, 35 ans, faisait subir à la jeune fille au pair. Un épisode qui s’est déroulé environ une semaine avant qu’il ne soit trouvé par les pompiers, dans son jardin, en train de brûler le corps de la jeune Troyenne pour le faire disparaître. Ce jour-là, après avoir déposé les enfants de sa compagne à l’école, il est rentré chez eux, dans le quartier de Wimbledon, dans le sud de Londres, et s’est endormi. Soudain, il est réveillé par les cris de Sophie Lionnet. « Je me suis levé tout de suite. Sophie était dans la cuisine, assise dans un coin », souffle-t-il, d’une voix timide.

Battue « avec un câble électrique noir »

Selon lui, Sabrina Kouider est en train de battre la jeune fille « avec un câble électrique noir ». Il a alors empêché sa compagne de continuer et a porté Sophie Lionnet dans sa chambre. « Elle n’était pas bien », murmure-t-il. Elle « n’avait pas de blessures visibles » mais ne pouvait pas marcher. Il lui demande comment elle va, mais elle ne répond pas. Ouissem Medouni est « choqué » par ce qu’il vient de se passer. Il tente de calmer Sabrina Kouider, de la raisonner. « Je lui ai dit qu’elle était folle, qu’il ne fallait pas faire ça. » Mais il n’appelle pas la police, de peur que les enfants leur soient retirés.

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Abasourdi par la situation, Ouissem Medouni sort prendre un café dans un parc tout proche pour « réfléchir ». « J’avais besoin de prendre l’air, de sortir de cette maison de fous. Ç’en était trop. » Il reçoit alors un coup de fil de sa compagne, paniquée et en pleurs. « J’ai couru aussi vite que je pouvais parce que je pensais au pire, que Sophie était morte. » En entrant dans leur domicile, il trouve la jeune fille au pair, allongée sur le dos en sous-vêtements, dans une baignoire remplie d’eau. Elle avait « de gros bleus sur les jambes, les bras », mais « pas sur le visage ». Sabrina Kouider est à ses côtés, affolée.

« Elle marchait avec difficulté »

Sophie Lionnet semble consciente, elle a les yeux ouverts. Sabrina Kouider la « soigne » en lui étalant de la pommade sur les bras. Le couple va alors sortir la jeune Troyenne de la baignoire et la porter dans sa chambre, car « elle marche avec difficulté ». Ouissem Medouni ne va pour autant pas alerter un médecin, alors qu’il concède aujourd’hui qu’il aurait été nécessaire de le faire. « Quand j’y repense, c’est là que j’aurais vraiment dû faire quelque chose », soupire-t-il. D’autant que les séances de mauvais traitements ne vont pas s’arrêter là.

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Le dimanche suivant, Ouissem Medouni emmène les deux enfants de Sabrina Kouider au cinéma et manger au McDonald's, car « l’atmosphère n’était pas bonne pour eux à la maison ». Quand il rentre, il la trouve une nouvelle fois en train d’interroger violemment Sophie Lionnet. « Quand elle a quelque chose en tête, elle ne lâche pas. » Car Sabrina Kouider, depuis plusieurs semaines, tente de faire avouer à son employée qu’elle complote avec son ex-compagnon, Mark Walton, fondateur du groupe Boyzone, dont elle est « obsédée » depuis leur rupture, en 2013. Ensemble, ils auraient notamment drogué et abusé sexuellement de plusieurs membres de la famille. Des accusations farfelues qu’Ouissem Medouni reconnaît néanmoins avoir fini par croire.

« C’est très dur »

Au fond de la salle, assise entre un policier de Scotland Yard et un membre du Consulat de France, la maman de Sophie Lionnet l’écoute. Le poing serré, cette petite femme brune le regarde fixement quand il passe devant elle, tête baissée, menottes aux poignets, pour regagner le box des accusés. « C’est très dur », confie Catherine Devalloné qui a découvert le 19 mars dernier, lors du premier jour du procès, l’horreur vécue par fille à Londres. L’audition d’Ouissem Medouni se poursuit ce jeudi au tribunal. Son avocat devrait l’interroger sur les derniers instants de Sophie Lionnet. Sabrina Kouider, elle, ne devrait pas être interrogée avant la semaine prochaine.