PROCESDans l'affaire Sophie Lionnet, Ouissem Medouni s'en «veut vraiment»

VIDEO. Meurtre de Sophie Lionnet: «Je m’en veux vraiment, car j’aurais pu l’éviter», lâche Ouissem Medouni

PROCESAuditionné pour la première fois depuis le début de son procès, Ouissem Medouni est revenu sur la relation tumultueuse qu’il entretenait avec sa compagne et coaccusée, Sabrina Kouider. Une femme instable qu’il aimait plus que tout…
Le corps calciné de Sophie Lionnet a été retrouvé dans le jardin de ses employeurs, dont le procès commence ce lundi
Le corps calciné de Sophie Lionnet a été retrouvé dans le jardin de ses employeurs, dont le procès commence ce lundi - MacDiarmid/Shutterstock/SIPA
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le corps de Sophie Lionnet, 21 ans, a été retrouvé en septembre dernier dans le jardin de ses employeurs, à Londres, au Royaume-Uni.
  • Le procès de Sabrina Kouider, 35 ans, et Ouissem Medouni, 40 ans, s’est ouvert le 19 mars au tribunal de l’Old Bailey.
  • Ils plaident non coupable pour le chef d’accusation de « meurtre ». Ouissem Medouni plaide, lui, coupable pour « entrave au fonctionnement de la justice ».

De notre envoyé spécial à Londres (Grande-Bretagne),

« C’était comme si j’avais gagné à l’Euromillion. » A la barre, Ouissem Medouni, tiré à quatre épingles, raconte le jour où il a aperçu Sabrina Kouider pour la première fois. C’était en 2001, à une fête foraine, dans la banlieue sud de Paris. Trop timide pour aller voir cette jolie fille de 19 ans, il avait demandé à un ami d’aller récupérer son numéro. Il l’avait appelée et lui avait donné rendez-vous dans un café : « J’étais très heureux, elle était très belle. » Le rendez-vous a duré « une ou deux heures ». Quelques mois plus tard, un matin, avant qu’il ne reparte au Luxembourg où il étudiait au centre de recherche et d’économie appliqué, ils se sont embrassés.

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A cette époque, ce brillant étudiant en économie ne s’imaginait pas qu’il finirait, 17 ans plus tard, au côté de sa belle, dans le box des accusés du tribunal de Londres. Accusés du meurtre de Sophie Lionnet, leur jeune fille au pair de 21 ans dont le corps avait été retrouvé calciné en septembre dernier dans le jardin du couple.

S’il reconnaît avoir voulu faire disparaître le corps de la jeune troyenne en le brûlant, il nie l’avoir tuée. Ouissem Medouni avait bien reconnu un temps être impliqué dans la mort de la jeune femme. Mais depuis, il s’est rétracté, affirmant avoir avoué pour protéger celle qui était sa compagne et qu’il dit toujours aimer.

« J’étais toujours amoureux d’elle »

Il faut dire que leur relation a toujours été compliquée. La jolie brune pouvait avoir « des hauts et des bas en l’espace de quelques secondes ». Visage mince, le crâne dégarni, celui qui se présente comme « généreux, travailleur, ambitieux », souffle avoir déjà été victime de violences de la part de Sabrina Kouider. Certaines nuits, elle se réveillait en criant après avoir rêvé qu’il la trompait avec une autre femme. Et quand il rigolait en la voyant ainsi, elle se mettait en colère. Elle a même tenté à deux reprises de se suicider. Bien qu’en tres inquiet, le quadragénaire n’a jamais confié à ses proches ses inquiétudes concernant la santé mentale de sa compagne. Pour « la protéger ». Pourquoi restait-il avec ? « Parce que je l’aimais », clame-t-il.

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Leur relation durera jusqu’à leur arrestation. Elle sera cependant entrecoupée de plusieurs ruptures durant lesquelles Sabrina aura deux enfants avec deux autres hommes. Parmi eux, Mark Walton, fondateur du boys band Boyzone en 1993. Un homme qui obsède la jeune femme depuis leur rupture en 2013 et qu’elle accuse notamment de pédophilie. A l’époque, elle avait rappelé Ouissem Medouni, et s’était remise une fois de plus avec lui. « J’étais toujours amoureux d’elle », souffle-il. Elle lui avait alors lâché qu’une fois Mark Walton avait voulu l’étrangler. « J’étais choqué. » Quelques années plus tard, elle lui assurera que l’artiste a abusé sexuellement d’un de ses proches, qu’il a piraté sa boite mail, son téléphone.

« Je m’en veux vraiment »

En 2015, Sabrina Kouider a embauché Sophie Lionnet comme jeune fille au pair pour une durée de quinze jours. Ouissem Medouni n’était « pas trop d’accord ». : « On n’en avait pas besoin. » Appréciée, Sophie déménagera définitivement à Londres en janvier 2016. Selon lui, elle était payée environ 70 euros par mois. Il affirme ne jamais rien avoir demandé à cette jeune fille « timide » qui passait le plus clair de son temps « dans la chambre à lire des livres et à jouer avec son Iphone ». « Si je lui parlais, c’était un peu compliqué, car Sabrina était jalouse. »

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Dans le courant de l’année 2017, Sabrina lui raconte que Sophie a comploté avec Mark Walton et qu’ensemble, ils ont fait du mal à l’un de leur proche. Sa compagne se montre alors de plus en plus violente envers leur employée et lui reproche d’être « de son côté ». Une de leur amie leur conseille de s’en séparer. Mais Sabrina Kouider, jure-t-il, voulait la garder.

Sabrina Kouider piquée au vif

Aujourd’hui, l’accusé se dit qu’il aurait sans doute mieux fait de lui acheter « un billet pour qu’elle rentre » en France, « car c’est monté crescendo après ». « Quand je repense à cette situation, je m’en veux vraiment. J’aurais pu l’éviter. »

Cheveux longs, imperméable rose clair, Sabrina Kouider, écoute. Souvent, elle secoue la tête, l’air de dire : « Mais qu’est-ce qu’il raconte ? » L’audience est interrompue, le temps qu’elle se calme. Piquée au vif par le témoignage à charge de son ex-compagnon, elle s’emporte, obligeant le président à lui rappeler qu’elle doit garder le silence en attendant son tour. Elle pourrait s’expliquer devant la cour dans les prochains jours. L’audition d’Ouissem Medouni se poursuit ce mardi. Le procès doit durer jusqu’au 11 mai.