JUSTICE«Que justice soit faite», demande la mère de Sophie Lionnet

VIDEO. Fille au pair tuée à Londres: «Que justice soit faite», demande la mère de Sophie Lionnet à l’ouverture du procès

JUSTICELe procès des deux Français suspectés du meurtre de Sophie Lionnet s’ouvre ce lundi, à Londres…
Le corps calciné de Sophie Lionnet a été retrouvé dans le jardin de ses employeurs, dont le procès commence ce lundi
Le corps calciné de Sophie Lionnet a été retrouvé dans le jardin de ses employeurs, dont le procès commence ce lundi - MacDiarmid/Shutterstock/SIPA
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le corps calciné de Sophie Lionnet, 21 ans, avait été retrouvé en septembre dernier dans le jardin d’une propriété londonienne.
  • Le couple de Français qui employait cette jeune fille au pair a été inculpé quelques jours plus tard pour meurtre.
  • Le procès Sabrina Kouider et Ouissem Medouni s’ouvre ce lundi à Londres.

Jusqu’au dernier moment, la mère de Sophie Lionnet n’était pas certaine de pouvoir partir à Londres ce lundi. Au chômage, Catherine Devallonné n’a pas les moyens de rester dans la très onéreuse capitale britannique le temps du procès du couple suspecté d’avoir tué sa fille. La semaine dernière, après plusieurs mois d’attente, elle a enfin reçu un coup de fil du ministère des Affaires étrangères, lui annonçant que ses frais de déplacement seront pris en charge par la justice et qu’elle sera assistée par le consulat général. Un soulagement.

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Cette femme brune aux cheveux courts confie à 20 Minutes attendre « beaucoup » de ce procès. Elle espère revenir d’Angleterre avec des réponses. Comment sa fille, qui était si « agréable » et si « douce », a-t-elle été tuée ? Et pourquoi ? « J’attends que ces personnes me disent la vérité », souffle-t-elle. Le corps de Sophie Lionnet, qui aurait fêté ses 22 ans le 7 janvier dernier, avait été retrouvé calciné, le 20 septembre 2017, à l’arrière de l’imposante demeure de ses employeurs, dans le quartier cossu de Southfields. Ce sont les voisins, indisposés par l’odeur nauséabonde qui jaillissait de leur jardin, qui ont prévenu la police.

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« Qu’ils assument leurs erreurs »

Le couple de Français, qui l’employait comme jeune fille au pair, a été interpellé dans la foulée. Sabrina Kouider, 34 ans, et Ouissem Medouni, 40 ans, ont été inculpés quelques jours plus tard pour le meurtre de la jeune troyenne. Devant la cour criminelle de l’Old Bailey, ils ont tous deux nié être impliqués dans sa mort. Ils ont en revanche plaidé coupable d’entrave à la justice pour avoir tenté de faire disparaître son corps en le brûlant. « C’est totalement absurde ce qu’ils disent », soupire la mère de Sophie Lionnet, convaincu de leur culpabilité. Il faut, dit-elle, « qu’ils assument leurs erreurs et que justice soit faite ».

Le procès devra notamment éclaircir les conditions dans lesquelles vivait Sophie Lionnet au sein de cette famille. Titulaire d’un CAP petite enfance, elle avait trouvé ce travail de jeune fille au pair payé 56 euros par mois par l’intermédiaire d’une amie qui connaissait le frère de Sabrina Kouider. « Elle comptait ainsi perfectionner son anglais », raconte sa mère. Depuis le début de l’année 2016, elle s’occupait des deux enfants de Sabrina Kouider d’Ouissem Medouni, âgés de 3 et 6 ans, dans leur maison de la banlieue sud de la capitale, estimée par la justice à 900.000 pounds.

Mais les relations qu’elle entretenait avec le couple s’étaient dégradées au fil du temps, au point qu’elle avait exprimé son envie de rentrer en France. Elle avait même demandé un peu d’argent à ses parents pour financer l’achat de son billet de retour. Un jour, elle avait écrit à son père qu’elle ne supportait plus les « tensions qu’il y a ici, les prises de tête ». « Je me fait accuser de choses que je n’oserais jamais faire », ajoutait-elle, sans en dire davantage.

Six semaines de procès

Catherine Devalonné sera appelée à témoigner à la barre. Elle s’est préparée à affronter le regard des accusés. Lundi dernier, elle a rencontré à Paris les enquêteurs britanniques dans le bureau de son avocat, maître Franck Berton. « Ils lui ont expliqué comment allait se dérouler le procès, lui ont présenté le calendrier », explique le ténor lillois. En revanche, les policiers de Scotland Yard ne lui ont rien révélé aucun détail sur les circonstances de la mort de sa fille.

En effet, en Angleterre, la procédure est accusatoire, par opposition au système inquisitoire employé en France. Et les éléments du dossier ne doivent pas être divulgués avant l’audience, prévient Franck Berton. « Les preuves seront présentées et débattues au fur et à mesure du procès » qui doit durer au moins six semaines. Sabrina Kouider et son compagnon seront jugés par un juré composé de douze citoyens tirés au sort. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

En se rendant à Londres, Catherine Devallonné se rapprochera aussi de sa fille, qui se trouve toujours de l’autre côté de la Manche. « On ne sait pas quand on va pouvoir récupérer son corps », soupire-t-elle. La raison de ce blocage est juridique, avance maître Berton. « Le corps reste là-bas car, tant que le médecin légiste et le pathologiste n’auront pas témoigné lors du procès, la défense peut toujours formuler des demandes de contre-expertises », résume l’avocat.

C’est seulement à ce moment-là que la famille de Sophie Lionnet aura l’autorisation de la rapatrier en France pour l’enterrer. Sa mère, son père et son petit frère pourront alors commencer leur travail de deuil. « Je pourrais aller au cimetière tous les jours me poser vers elle, murmure Catherine Devallonné. Tandis que là, c’est difficile. »