ENQUETEComment la police a arrêté l'homme suspecté de viols dans la Sambre?

Comment les policiers ont arrêté celui qu'ils suspectent d'être le «violeur de la Sambre»?

ENQUETELes limiers de la PJ lilloise ont tilté après avoir appris, au début du mois, qu’une collégienne avait été agressée en Belgique…
Thibaut Chevillard et Vincent Vantighem

Thibaut Chevillard et Vincent Vantighem

L'essentiel

  • Dino Scala, 57 ans, a été mis en examen mercredi pour viols et agressions sexuelles.
  • Cet habitant de Pont-sur-Sambre (Nord) est suspecté d’être l’auteur de plusieurs dizaines de faits depuis 1988.

Les policiers d’Erquelinnes en Belgique se souviennent encore « des nuits entières » passées à surveiller les rues le long de la voie ferrée. Sans jamais parvenir à arrêter celui qu’ils avaient surnommé « le violeur au bonnet ». « Pour nous, c’est donc une grande satisfaction de savoir qu’il a enfin été interpellé », souffle Pascal Lepinois, commissaire de cette petite bourgade de 10.000 habitants, située à deux pas de la frontière française.

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Une « grande ​satisfaction » et une « petite fierté » aussi pour ce commissaire. Si les policiers français sont parvenus, lundi, à arrêter Dino Scala, ce quinquagénaire qui a reconnu avoir violé ou agressé une quarantaine de victimes depuis 30 ans, c’est notamment grâce à leurs homologues belges. Tout s’est joué le 5 février. « Nous avons reçu un signalement pour un attentat à la pudeur à l’encontre d’une collégienne qui se rendait à l’école, raconte Pascal Lepinois. Les faits s’étaient déroulés très tôt le matin le long des voies ferrées de la ville. » Le mode opératoire ne leur est pas inconnu.

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Entre 2004 et 2013, les policiers belges ont été saisis d’une dizaine de cas de viol ou d’agressions sexuelles similaires, entraînant un début de psychose. « À chaque fois, cela se passait entre 7 et 8h le matin à proximité des voies ferrées, poursuit Pascal Lepinois. Les victimes désignaient quasiment toujours un homme de la même corpulence qui portait un bonnet pour se cacher le visage. Et qui parfois utilisait des cordelettes pour les immobiliser. »

Le 5 février, à la faveur de ce nouveau fait, les policiers belges tentent donc, une fois encore, de remonter sa piste. Ils se concentrent sur les quelques images de vidéosurveillance qui ont capté, ce matin là, un véhicule et surtout un bout de plaque d’immatriculation française. « Pour nous, cela ne donnait rien. Mais comme d’habitude, nous avons envoyé ces éléments au collègue français à la police judiciaire de Lille. C’est elle qui a fait le reste… »

Les lieux où ont été commis les viols et agressions sexuelles dont est suspecté Dino Scala.
Les lieux où ont été commis les viols et agressions sexuelles dont est suspecté Dino Scala. - Maps4News/HERE

Le service du traitement de l’information criminelle de la police judiciaire de Lille reçoit, en effet, ce bulletin de délinquance émanant de la police de Charleroi. À l’intérieur, quelques lignes évoquent l’agression de cette jeune fille de 16 ans à Erquelinnes. L’auteur est-il celui qu’ils surnomment « le violeur de la Sambre » ? « Ils vont aussitôt tilter et en référer à leurs collègues de la brigade criminelle, située quelques étages au dessus », raconte une source policière à 20 Minutes.

Car la PJ de lille enquête aussi, depuis 1996, sur une vingtaine de viols et d’agressions sexuelles commis de ce côté de la frontière. Les victimes sont des femmes âgées, selon nos informations, de 13 à 50 ans. Elles ont été « essentiellement attaquées de dos, très tôt le matin » par un homme qui porte des gants et qui fait attention à ne pas pouvoir être reconnu, a indiqué le procureur de la République de Valenciennes, Jean-Philippe Vicentini, lors d’une conférence de presse donnée ce mercredi.

Un ADN a bien été isolé. Mais il ne correspond avec aucun de ceux répertoriés dans le Fichier national des empreintes génétiques. Les enquêteurs lillois vont alors prendre attache avec leurs homologues belges et se concentrer sur ce véhicule filmé par les caméras de surveillance. Une 206 plaquée en France, dont ils n’ont qu’une immatriculation partielle. Ils vont passer les fichiers à la moulinette et effectuer un travail de terrain pour retrouver cette voiture. La semaine dernière, elle est repérée à Pont-sur-Sambre. Ils vont alors discrètement la surveiller afin d’identifier son utilisateur.

Lundi, à 6h25, les policiers se rendent au domicile de Dino Scala, l’interpellent et le placent en garde à vue. Son ADN est prélevé et est comparé à celui qui avait été retrouvé sur plusieurs victimes de viol. Et il s’agit du même. « Globalement, cette personne reconnaît les faits qui lui sont reprochés », a également indiqué le procureur de la République de Valenciennes. Le suspect, marié et père de trois enfants, a indiqué qu’il « agissait sous le coup de pulsions qu’il n’arrivait pas à contrôler », a précisé le magistrat.

Devant les policiers, Dino Scala, qui n’a encore jamais été condamné, a reconnu être l’auteur d’une quarantaine de faits. « Il y a fort à parier qu’il y en a largement plus », estime une source proche du dossier. « Pour l’instant, le juge d’instruction est saisi de dossiers qui correspondent à 19 victimes de faits commis uniquement en France », a souligné Jean-Philippe Vicentini. Des investigations vont être menées afin de déterminer, explique le magistrat, « jusqu’où des faits ont pu être commis ».