Meurtre d'Alexia Daval: «Il n'y a pas de mots», ceux qui connaissent Jonathann ne comprennent pas
REPORTAGE•Au lendemain des aveux de Jonathann Daval concernant le meurtre de sa femme, le maire de sa commune d’origine et son patron tombent des nues…Bruno Poussard
L'essentiel
- Le 30 octobre 2017, le corps d’Alexia Daval était retrouvé inanimé dans un bois à proximité de Gray (Haute-Saône) où elle vivait avec son mari Jonathann.
- Mardi, après une journée de garde à vue, l’époux a avoué le meurtre d’Alexia.
- Ce mercredi, ceux qui le connaissent, le maire de sa commune d’origine et son patron, sont effarés.
De notre envoyé spécial à Gray et à Velet (Haute-Saône)
Depuis l’interpellation de Jonathann Daval, trois mois après le meurtre de sa femme, les médias sont nombreux à arpenter Gray et ses alentours. Dans la rue du domicile des époux Daval, à l’entrée de Gray-la-Ville, les voisins voient passer des caméras de télévision depuis trois jours. Auprès de 20 Minutes, une femme s’excuse simplement en arrivant en voiture : « Désolée, tout a été dit, je crois… »
Des patrouilles de gendarmes passent fréquemment devant la maison où des scellés ont été posés. Un peu plus en aval de la Saône, à Velet, le maire n’hésite pas non plus à parler de « route bleue » à propos de la maréchaussée, également présente dans le village d’origine de Jonathann Daval, où les habitants restent tout aussi discrets. Mais la mise en examen du mari occupe toutes les discussions.
« C’était une autre personne pendant ces trois mois… »
« Même si ces aveux frappent fortement la population de la commune, je tiens à féliciter les gendarmes du travail mené, pour avoir réussi à débloquer la situation dirons-nous, après les trois mois sous pression que nous avons connus », réagit le maire Gilles Dumont, voisin des parents de Jonathann Daval, depuis l’installation des deux familles dans un lotissement en 1981.
Malgré des éléments qu’il reconnaît avoir trouvé « accablants » dès leur révélation lundi, le premier magistrat – dont les enfants ont grandi avec les aînés de la famille Daval – ne voulait pas y croire :
« « C’était impossible d’imaginer ça… On croisait les doigts pour que ce ne soit pas lui. Mais quand on a appris ses aveux, on était effaré, stupéfait, il n’y a pas de mots. C’était une autre personne pendant ces trois mois, ce n’est pas possible. » »
Un garçon « simple, gentil et pro » au travail
Le Jonathann Daval qu’il connaît est du genre « timide, réservé ». Denis Carvet, patron de l’entreprise d’informatique Fourot où travaillait Jonathann, le décrit, lui, « simple, gentil, professionnel, prêt à rendre service ». C’est pour cela qu’il a embauché le jeune homme à 22 ans, après un stage effectué en 2006 pour effectuer de la maintenance après son BTS. Forcément, aujourd’hui, l’incompréhension est grande pour lui et ses salariés, qui l’ont croisé pour la dernière fois le vendredi précédent, au boulot :
« « C’est un choc, on était à 100 000 lieues d’imaginer ça. C’est dramatique. » »
Dans ses missions, Jonathann Daval était notamment en charge de la gestion du matériel informatique de la mairie de Velet. « Il nous parlait de ce qu’il avait à nous dire, mais c’était dur d’engager une conversation sur autre chose, prolonge Gilles Dumont. Pour le reste, il n’y a jamais eu de problème particulier avec lui. » Personne n’arrive à comprendre. Mais tout le monde ne peut s’empêcher de se poser des questions.
« Ce qu’il s’est passé dans leur vie de couple, seul lui et son épouse le savaient, embraie le maire de la petite commune franc-comtoise. On s’interroge sur ces trois mois où il y a eu cette marche blanche mais où il s’est surtout rendu chez ses beaux-parents alors qu’il avait enlevé la vie de leur fille… Le procès permettra de tout savoir. Surtout pour nous, les locaux. »