Contrôle dans le Val-d'Oise: Bavure ou policiers agressés, deux versions s’opposent
POLICE•Deux jeunes hommes, interpellés à Argenteuil après un contrôle policier ayant mal tourné, doivent comparaître ce lundi. Ils dénoncent, par la voix de leurs avocats, les faits allégués…C.Po.
L'essentiel
- Deux policiers et un prévenu ont été blessés.
- Les avocats de prévenus dénoncent une bavure et réclament l’ouverture d’une information judiciaire.
- Les conseils demandent également le renvoi du procès.
Ce sont deux versions radicalement opposées qui s’apprêtent à être exposées ce lundi devant le tribunal correctionnel de Pontoise, dans le Val-d’Oise. Deux des quatre jeunes hommes interpellés vendredi en fin de journée à Argenteuil après un contrôle routier ayant mal tourné, doivent être jugés en comparution immédiate dans l’après-midi.
Le premier, un lycéen de 18 ans, comparaît pour outrage, rébellion et violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, ayant entraîné une interruption totale de travail (ITT) supérieure à dix jours. Le second, jeune animateur de la ville, pour menace de délit contre personne dépositaire de l’autorité publique et rébellion.
Des blessés de part et d’autre
Mais, si aux yeux des forces de l’ordre, cette affaire apparaît comme une nouvelle preuve des violences que subissent les policiers dans certaines banlieues, les avocats de deux prévenus évoquent une « bavure ». Car, dans ce dossier, rappellent-ils, les blessés sont dans les deux camps. Me William Bourdon et Me Arié Alimi ont annoncé qu’ils s’apprêtent à demander le renvoi du procès afin qu’une information judiciaire soit ouverte pour que toute la lumière soit faite sur ce dossier.
Les faits remontent à vendredi, peu après 17 h. Selon une source policière, la patrouille, qui a senti une odeur de cannabis émanant de l’habitacle du véhicule, a décidé de procéder à un contrôle. Les quatre occupants de la voiture se seraient alors rebellés et auraient appelé « en renfort » des amis. Toujours selon cette source, une trentaine de personnes ont encerclé les fonctionnaires, qui ont fait usage de leur lanceur de balles de défense pour se dégager. La gardienne de la paix, qui souffre d’une fracture au doigt et d’un important hématome au niveau de l’œil, s’est vu prescrire 42 jours d’ITT, indique une source policière. Son collègue, adjoint de sécurité, a été arrêté dix jours.
Thèse de la rébellion
La thèse de la rébellion est pourtant vivement contestée par les deux avocats des prévenus. Dans un communiqué publié dimanche, Arié Alimi affirme que « ses clients, loin d’avoir été coupables de vouloir se soustraire à un contrôle, ont au contraire été victimes de violences graves, attestées par un médecin légiste ».
L’unité médico-judiciaire a, en effet, prescrit 42 jours d’ITT à l’un des deux prévenus qui souffre d’une fracture au bras, précise le parquet de Pontoise. Le jeune homme affirme avoir reçu une cinquantaine de coups de matraque en voulant s’interposer lors d’un contrôle d’identité d’un enfant. « Le mot communément utilisé pour ce qui s’est passé à Argenteuil est une "bavure" », a déploré le conseil, affirmant que l’affaire a fait l’objet d’une « instrumentalisation politique et syndicale intolérable ».