En Nouvelle-Zélande, cinéphiles et sportifs ont rendez-vous sur les flancs du Tongariro
Volcan•Indissociables de la mythologie maorie, les reliefs tourmentés de l’île du Nord offrent aussi aux marcheurs un voyage dans la trilogie du Seigneur des anneauxJean-Claude Urbain pour 20 Minutes
Aotearoa ou « Pays du long nuage blanc », comme les Maoris l’appellent, est une des contrées les plus préservées de la planète. Une des destinations les plus dépaysantes aussi. Bien connue des amateurs de sport pour la qualité de son équipe de rugby, les All Blacks, la Nouvelle-Zélande offre au voyageur un condensé unique de nature et de culture. L’isolement géographique de ses deux grandes îles principales a favorisé l’éclosion de nombreuses espèces endémiques, dont les fougères ponga et les kiwis (de petits oiseaux terrestres) sont devenus les symboles.
Ce n’est pas un hasard si le cinéaste néo-zélandais Peter Jackson a choisi son pays pour y tourner l’adaptation cinématographique du Seigneur des anneaux au début des années 2000. Sur l’île du Nord, le Parc national du Tongariro a notamment servi de cadre aux séquences les plus sombres de la trilogie. Une randonnée à travers ses paysages tourmentés plonge le visiteur au « Royaume du Mordor », le pays noir du démoniaque Sauron. Mais cette virée pédestre aux antipodes permet surtout de ressentir les pulsations de tout un pays. Le cœur de la Nouvelle-Zélande bat en effet au rythme de ses volcans.
Des légendes fondatrices
Le Tongariro Alpine Crossing, qui serpente sur une vingtaine de kilomètres entre cratères brûlants et fumerolles soufrées, est considéré comme une des plus belles randonnées d’une journée au monde. Au fil du sentier, la mythologie maorie raconte la genèse du site : plus haut sommet de l’île du Nord et volcan le plus turbulent de ces dernières années, le mont Ruapehu (2.797 m) fut offert aux navigateurs maoris par le dieu Ranginui, après que le pêcheur Tikitiki-a-Tarange ait attrapé le pays au bout de sa ligne. Le Ngauruhoe au cône parfait ainsi que toutes les autres montagnes de l’île apparurent pour tenir compagnie au Ruapehu. Or, c’est bien connu, les volcans ont un tempérament fougueux…
Paré de lacs émeraude, le Tongariro avait séduit la montagne Pihanga. L’ascension de ses remparts hisse aujourd'hui les randonneurs jusqu’aux lisières pourpres de son cratère, sorte de plaie béante sur son crâne. Le volcan doit en effet ce relief cabossé aux nombreuses batailles menées contre ses congénères pour protéger sa promise. Le Taranaki fut ainsi éloigné des autres volcans, chassé par le Tongariro pour être tombé amoureux de Pihanga.
Peuplé d’innombrables légendes, cet espace sauvage a longtemps été source de divisions entre les Maoris et le colonisateur britannique. Des différents qui ont été réglés avec la création d’un Parc national et son inscription par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’humanité sous le label « Paysage cultuel ».
À lire aussi