LES RELOUS, c’est nous, c’est vousCes relous qui partent en vacances sans laisser de mail d’absence

Vacances d’été : Ces collègues ou clients relous qui partent sans laisser de mail d’absence

LES RELOUS, c’est nous, c’est vousMême pendant l’été, « 20 Minutes » s’intéresse aux relous du quotidien, ceux qui nous agacent sans le vouloir sur des manies pas bien méchantes… mais très énervantes
Ne pas savoir si son interlocuteur a reçu et lu son mail peut générer du stress.
Ne pas savoir si son interlocuteur a reçu et lu son mail peut générer du stress. - A. Baron / Sipa Montage 20 Minutes / Sipa
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • «20 Minutes » se penche sur les relous du quotidien. Celles et ceux qui nous titillent sans le vouloir sur des trucs pas bien méchants… mais très énervants.
  • Dans ce nouvel épisode, on s’intéresse aux interlocuteurs relous du monde professionnel qui partent en congé incognito, sans prévenir.
  • Pourquoi nous agacent-ils autant ? Pourquoi font-ils ça ? Et sont-ils vraiment très relous ? On a mené l’enquête.

L’automobiliste qui juge inutile d’enclencher son clignotant sur un rond-point. Ce pote dont la passion est de spoiler les meilleures séries. Votre sœur tête-à-claques qui s’excuse de ne pas avoir rangé alors que rien ne dépasse de son salon. L’idée de départ est simple : s’intéresser à ces petits gestes « relous » qui nous titillent au quotidien. A ce « sentiment de toute-puissance qui nous fait dire “si je ne le fais pas, l’autre le fera, donc autant le faire moi” », comme le décrit le psychologue Robert Zuili, auteur du Pouvoir des liens (éd. Mango, septembre 2023).

Ces petites choses reloues, elles sont légion. Et surtout, surtout, elles nous concernent tous. Car finalement, « nous sommes tous le relou de quelqu’un ». En particulier quand on oublie de configurer son message d’absence dans sa boîte mail du boulot au moment de partir en vacances d’été.

Le fait relou

C’est la semaine du 1er août, vous vous gelez les miches sous la clim du bureau quasiment vide, et votre super bronzage que vous n’avez même pas pu montrer à Sophie de la compta s’est déjà estompé. La définition du seum pour le ou la juillettiste que vous êtes. Alors pour noyer votre chagrin, vous avez décidé de vous noyer… dans le boulot.

Allez hop, en une journée, trois cafés avalés, dix mails envoyés… et six messages d’absence en retour. Problème : 48 heures plus tard, c’est toujours silence radio chez les quatre restants. Wouhou, y’a quelqu’un ?

Pourquoi c’est méga relou ?

« Parce que tu ne sais pas que la personne n’est pas là mais que tu attends une réponse », résume Morgane, 37 ans, qui travaille à la Défense et s’y connaît en matière de messagerie bien pleine. « Quand c’est en interne, avec un collègue qui ne travaille pas sur le même site, c’est assez facile, embraye Charly, informaticien à Nantes. Il suffit de vérifier ses dates de congés sur le logiciel interne. »

Mais pour les autres, ceux que l’on ne peut pas stalker tranquille mais avec qui l’on cherche à tout prix à nouer un contact ? Faut-il relancer, au risque de soi-même passer pour un relou ? Lâcher l’affaire au risque de rater un contrat ? Attendre en checkant frénétiquement sa boîte Outlook toutes les dix minutes ?

« C’est vrai que le phénomène de non réponse peut générer du stress, car il est soumis à beaucoup d’interprétations, explique Marie Ged, qui anime l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN). On se demande si la personne a bien reçu, si elle compte répondre plus tard… Un message d’absence, c’est un peu comme le suivi de colis. On voit où il est et même s’il n’arrive pas tout de suite, ça rassure. Ce type de message va combler le besoin d’information de l’interlocuteur, surtout s’il est bien clair, donc c’est plutôt quelque chose de recommandé. »

Les arguments des relous

Alors que le petit mot d’absence semble tout de même bien intégré, les relous que l’on a trouvés évoquent trois facteurs :

1. C’est compliqué (c’est vrai que l’onglet Paramètres sur Gmail est bien relou à trouver. Mais bon, avec un peu de volonté…).

2. Ils oublient.

3. Ils ne savent pas comment s’y prendre. Sur ce troisième point, une petite recherche sur Internet vous donnera le mode d’emploi. Le cabinet de recrutement Robert Half liste par exemple les éléments indispensables à mentionner : les dates exactes de congés, le motif d’absence, les personnes à contacter en attendant votre retour.

Mais il y a aussi ceux qui sont tentés de continuer à chercker leurs mails out of office… et d’y répondre. Et ça c’est plutôt relou pour la famille de Cyril quand il préfère allumer son ordi que de jouer au Uno en rentrant de la plage. « Le problème est que certains n’osent tout simplement pas dire à leurs contacts qu’ils sont en vacances, regrette Marie Ged. Alors que c’est nécessaire et même bénéfique de s’arrêter un peu, d’admettre que les sujets peuvent continuer même quand on n’est pas là. »

Que dit la Science ?

Pas grand-chose sur ce sujet précis qui, même s’il semble anodin, ouvre, et on vient de le voir, une intéressante réflexion sociologique sur sa relation au travail. Prenons l’exemple d’Enora, qui n’oublie jamais de configurer son message avant de fermer la porte de son bureau. Elle estime que l’été est le bon moment pour « laisser les gens un peu tranquilles ». « Dans mon équipe, par exemple, on ne renvoie jamais à d’autres interlocuteurs, de toute façon ça ne sert à rien, illustre la jeune femme qui travaille dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. J’écris simplement "merci de votre patience" ».

Dans les formations qu’elle anime sur la gestion de l’infobésité pendant les congés, Marie Ged explique bien que rédiger un message d’absence ne veut pas dire être à la merci de son interlocuteur. D’ailleurs, elle suggère de mentionner quel sera le traitement des mails reçus pendant la fameuse période. « On peut par exemple prévenir que les messages reçus jusqu’à telle date seront supprimés et donc non traités, détaille-t-elle. C’est la méthode dite radicale mais de plus en plus utilisée, qui sous-entend qu’il faudra relancer ».

Le truc infaillible pour faire comprendre au relou qu’il est relou ?

Si vous êtes toujours convaincu que les personnes qui partent sans prévenir sont des relous de la pire espèce, il n’y a pas grand-chose à faire dans l’immédiat à part ronger votre frein.

Si vous arrivez à reprendre contact avec votre fantôme, la culpabilité peut marcher en lâchant ce type de phrase digne de tonton Bernard : « Ouf, vous êtes vivant ! J’ai cru qu’il vous était arrivé quelque chose sans nouvelle de votre part. »

Vous pouvez aussi lui envoyer cet article et ce dernier argument, cette fois en mode bienveillance. « Les gens qui mettent un message d’absence arrivent mieux à déconnecter, assure Marie Ged, de l’OICN. En le préparant, dans l’idéal un jour à l’avance, ils ont acté qu’ils partaient et vont ainsi moins culpabiliser. » Allez, pensez-y les aoûtiens !