Spécialiste en agriculture urbaine, un pro de l’adaptabilité

Spécialiste en agriculture urbaine, un pro de l’adaptabilité

ArgentFace à la raréfaction des terres agricoles, voici un métier porteur qui contribue à rendre les villes plus résilientes en produisant une alimentation saine de proximité
M.G pour 20 Minutes

M.G pour 20 Minutes

Chaque année en France, ce ne sont pas moins de 55.000 hectares de terres qui sont artificialisées, et notamment les terres agricoles qui pourtant nous nourrissent. En dix ans, une ferme sur cinq a disparu et des dizaines de milliers d’emplois ont été détruits, comme le déplore un rapport de 2022 de l’association Terre de liens. Loin d’être une réponse de remplacement, le développement de l’agriculture urbaine peut néanmoins contribuer à une meilleure sécurité alimentaire des citadins, qui représentent aujourd’hui plus de 80 % de la population française selon l’Insee.
L’agriculteur urbain crée alors des zones de petit élevage et de maraîchage pour cultiver des fruits, des légumes, des plantes médicinales ou aromatiques dans les villes et leurs périphéries. De nombreux espaces sont exploités, allant des jardins résidentiels ou communautaires aux friches industrielles, en passant par des toits et des murs de bâtiments. Les techniques de culture classiques sont ainsi complétées par des mesures plus modernes pour répondre aux défis urbains.

Spécialiste en agriculture urbaine, un pro de l'adaptabilité
Spécialiste en agriculture urbaine, un pro de l'adaptabilité - iStock / City Presse

Innovation et polyvalence

Le spécialiste en agriculture urbaine doit savoir s’adapter. Si des récoltes en pleine terre, comme dans des fermes rurales, peuvent être réalisées, d’autres types de culture hors-sol sont utilisés en ville, dont l’hydroponie qui ne requiert pas de terre mais recourt à un substrat et une solution liquide nutritive, l’aéroponie qui laisse les racines à l’air libre, irriguées par une solution d’engrais, ou encore l’aquaponie qui transforme les déchets organiques des poissons en nutriments pour les plantes. Ce métier demande par conséquent de réelles connaissances techniques pour le bon fonctionnement et le perfectionnement de ces systèmes de production particuliers.
L’agriculteur urbain doit également veiller à la santé des végétaux et concevoir des plans de gestion des ressources, tout en contrôlant et mesurant la qualité des produits. Dès lors qu’il est concepteur de projet, d’autres compétences plus transversales lui seront nécessaires, d’ordre juridique, comptable ou administratif. Généralement, il participe aussi à la promotion de ce mode de culture et sensibilise la population.

De belles valeurs

Le maraîcher en ville participe grandement à la vie locale. Il contribue directement à la sécurité alimentaire en produisant des fruits et légumes frais et de proximité en circuits courts. Les habitants consomment alors des produits sains et se reconnectent à leur nourriture. Leur qualité de vie est par la même occasion améliorée par cette augmentation de nature et ces toits végétalisés en ville qui aident à lutter contre les îlots de chaleur et optimisent le confort thermique des bâtiments.
Ce métier a donc un fort rôle socioenvironnemental et s’accompagne de missions de sensibilisation et de formation auprès du grand public et des décideurs sur ces techniques d’agriculture plus durables et résilientes, et sur les enjeux écologiques de manière générale.

Comment se former ?

L’agriculture urbaine est une option intéressante pour œuvrer vers une transition et s’adapter aux défis environnementaux. Mais comme pour l’agriculture traditionnelle, elle est très exigeante et demande passion et motivation. Il existe plusieurs formations pour apprendre ce métier.
Avant le baccalauréat, il est possible de s’orienter vers un CAP agricole. Au niveau du bac, un brevet professionnel Responsable d’entreprise agricole (BP Rea) avec une spécialisation fermes urbaines permettra une bonne insertion. Pour de plus longues études, le BTSA Agronomie et cultures durables se fera en deux ans, les licences professionnelles aménagement paysager, agronomie ou agriculture biologique en trois ans, et les masters en ingénierie agronome ou espaces végétalisés en cinq ans.
Le certificat Technicien agriculture ou le diplôme universitaire en Sciences agricoles permettront également d’exercer ce métier. En complément, des stages et du mentorat fourniront une expérience intéressante, non négligeable pour se lancer dans la création de sa propre ferme urbaine par la suite.

Quid de la rémunération ?

Le salaire moyen tourne autour de 30.000 € par an, commençant à 20.000 € pour atteindre jusqu’à 50.000 € ou 60.000 € annuels après des années de pratique.