Résultats présidentielle 2022 : « Il n’y aura pas d’état de grâce… » Les proches d’Emmanuel Macron dansent avant d'entrer dans « la jungle »
REPORTAGE•Dimanche soir, sur le Champ-de-Mars, l’ambiance de boîte de nuit tranchait avec la gravité que voulaient afficher les leaders de la majoritéRachel Garrat-Valcarcel
L'essentiel
- Emmanuel Macron a remporté, ce dimanche, le second tour de la présidentielle avec 58% des voix.
- Sur le Champ-de-Mars, à Paris, ses soutiens ont célébré la victoire.
- Dans l'entourage du président, on sait toutefois que le plus dur commence.
Au Champ-de-Mars (Paris)
« One more time… » La première chanson choisie par le DJ de la soirée électorale d’Emmanuel Macron, sur le Champ-de-Mars à Paris (7e), n’était certainement pas le fait du hasard. Car oui, « une fois de plus », Emmanuel Macron a été élu président de la République. Ce dimanche, il est même devenu le premier président de la République française élu deux fois de suite au suffrage universel direct, sans passer par une période de cohabitation. « Une fois de plus », aussi, Emmanuel Macron a été élu face à l’extrême droite de Marine Le Pen. Mais avec 17 points d’écart, contre 32 en 2017.
« Quelle belle histoire, qui l’eût cru ! », a lancé Emmanuel Macron à ses proches quand il a appris le résultat. Ce dimanche soir, les personnalités de la majorité présentes au Champ-de-Mars voulaient retenir l’avance du président sur son adversaire, plus important que tous les sondages ne le laissaient entendre : « La proposition politique de Marine Le Pen a été écartée de manière assez claire », s’est félicité Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports. Un proche du président de la République considérait, lui, que le résultat marquait « un choix clair pour l’Europe, pour l’écologie et pour la jeunesse ». « Il a un mandat clair, la question de la légitimité ne se pose pas. »
Ambiance de boîte de nuit
Il n’y aurait donc pas de « front républicain » dans ces 58,8 % ? « Il y a eu un vote d’adhésion au premier tour, mais je suis lucide, il y a eu ce dimanche un vote de raison, de personnes qui ont voulu faire barrage, reconnaît Jean-Baptiste Djebbari. Ce vote du second tour, c’est une synthèse. » L’inquiétude autour des 13,5 millions de voix obtenues par Marine Le Pen – un record pour l’extrême droite – et des plus de 28 % d’abstention – un record depuis plus d’un demi-siècle – est revenue ici ou là. Emmanuel Macron l’a lui-même mentionné dans son discours. « Il va falloir convaincre tous ces gens-là », explique Elisabeth Borne. Mais l’ambiance de boîte de nuit qui régnait sur le Champ-de-Mars tranchait avec la gravité que cherchaient à afficher les leaders de la majorité.
La conscience que le plus dur commence est pourtant bien là. « On sort d’un ironman terrible [une course multi-disciplinaire longue distance] et là, on rentre dans la jungle », décrit François Patriat, qui estime qu’il « n’y aura pas d’Etat de grâce ». Le sénateur confirme pourtant les fortes ambitions du président réélu : réforme des retraites pour l’automne, réforme de « l’Etat profond » et mise en place de la nouvelle méthode de gouvernement annoncée pendant la campagne, plus « co-construite avec les populations ».
Notre dossier sur la présidentielle
« Pour tout ça, on aura besoin d’une majorité solide » : les législatives sont bien sûr déjà en ligne de mire. « Aucune élection n’est une formalité », avance, de manière très convenue, Elisabeth Borne, dont le nom revient avec insistance pour Matignon. Une chose paraît acquise : le gouvernement Castex a encore au moins une semaine à vivre. « Il y aura un Conseil des ministres mercredi, c’est notre seul horizon… », confie Jean-Baptiste Djebbari. Selon un conseiller du président, le changement de gouvernement interviendra « entre le 2 et le 12 mai ». « Une fois de plus », Emmanuel Macron a été réélu maître des horloges.
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