Résultats présidentielle 2022 : Emmanuel Macron, président de la « France instagrammable » au « tout sauf Macron »
PORTRAIT•A 44 ans, Emmanuel Macron est le premier président de la Ve République réélu au suffrage universel hors cohabitationM.P. avec AFP
L'essentiel
- Emmanuel Macron a été réélu dimanche à la présidence de la République avec 57,6 à 58,5 % des voix face à Marine Le Pen (41,5-42,4 %) selon les premières estimations, une nette victoire tempérée par l’écart notablement serré avec l’extrême droite et une abstention élevée (28 %).
- Donné de longue date favori à sa propre succession, Emmanuel Macron devient à 44 ans seulement le premier président sortant reconduit hors cohabitation, depuis l’adoption du vote au suffrage universel direct en 1962.
- Une forme d’exploit après un premier quinquennat pourtant scandé de crises, des « gilets jaunes » au Covid-19, qui inscrit le pays dans la continuité sur ses grandes orientations économiques, sur son rôle dans l’Union européenne et dans les relations internationales.
Il était le favori pour un deuxième mandat. Emmanuel Macron a été réélu président de la République, ce dimanche, au second tour de la présidentielle. Les Français étaient devant un choix historique : reconduire le président sortant, ce qui n’a encore jamais été fait – hors cohabitation – depuis l’adoption du vote au suffrage universel direct en 1962. Ou élire une femme et propulser l’extrême droite à l’Elysée – ce qui aurait également été une première à double titre.
La réélection d’Emmanuel Macron représente la continuité, même si le président-candidat a promis de se renouveler en profondeur, assurant vouloir placer l’écologie au cœur de son second – et dernier – mandat.
D’Amiens à « En Marche ! »
Enarque, ancien banquier d’affaires, ex-ministre de l’Economie de François Hollande, Emmanuel Macron était devenu en 2017 le plus jeune président de la République, à seulement 39 ans. Né un 21 décembre Amiens, il intègre l’Inspection générale des finances à sa sortie de l’ENA (promotion Léopold Sédar Senghor) en 2004. Après avoir épousé en 2007 Brigitte Trogneux, sa professeure de français de 24 ans son aînée, Emmanuel Macron devient banquier d’affaires, puis associé-gérant à la Banque Rothschild et Compagnie.
Secrétaire général adjoint de l’Elysée sous François Hollande, il devient deux ans plus tard, en 2014, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique. Son projet de loi « croissance » (dispositions sur les professions réglementées, le travail dominical, le permis de conduire, le marché des autocars…) est définitivement adopté en 2015 après trois recours au 49.3. Et c’est en 2016 qu’il annonce enfin sa candidature à l’élection présidentielle de 2017, après avoir lancé en avril son mouvement politique « En Marche ! », qui se veut « ni à droite ni à gauche », puis démissionné du gouvernement en août. Arrivé en tête (24 %) du premier tour, il est élu au second tour (66,1 %) face à Marine Le Pen.
Emmanuel Macron s’attachera alors à incarner ce que le politologue Jérôme Fourquet appelle « la France triple A, la France instagrammable, celle qui fait rêver tout le monde ».
De Benalla à la victoire en passant par la pandémie de Covid-19
Fragilisé par l’affaire Benalla à l’été 2018, le Marcheur doit affronter la crise des « gilets jaunes », qui se prolonge tout au long de l’année 2019. Deux ans plus tard, en mars 2020, son « Nous sommes en guerre » face au Covid-19 restera un événement marquant de son mandat. Et alors qu’il décrète un premier confinement et le « quoi qu’il en coûte » pour affronter la pandémie, Emmanuel Macron choisit de suspendre son projet de réforme des retraites, fortement contesté.
Entré très tardivement en campagne pour sa réélection, Emmanuel Macron, arrivé en tête au premier tour (27,85 %) avec plus de quatre points d’avance sur Marine Le Pen, a réactivé le « front républicain » pour contrer son adversaire. Le président sortant avait promis, lors de son discours de victoire au Louvre en 2017, de « tout » faire pour que les électeurs « n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes ». Un échec, de ce point de vue, alors que le front républicain a également perdu de sa vigueur par rapport à 2017 et 2002. Et ce malgré les tribunes et les appels de l'ensemble du spectre politique traditionnel à faire barrage à l’extrême droite. Et malgré les efforts de la Macronie pour rediaboliser « la dame aux chats », qui a axé sa campagne sur le pouvoir d’achat plutôt que sur l’immigration ou l’insécurité.
Sacralisé il y a vingt ans face à Jean-Marie Le Pen, patriarche de l’extrême droite française, le front républicain est aujourd’hui concurrencé par un autre front, le « tout sauf Macron ». Ecueil récurrent pour tous les sortants, il fonctionne particulièrement bien en défaveur Emmanuel Macron, après un quinquennat émaillé de crises, des « gilets jaunes » au Covid-19.
Vers un troisième tour
Emmanuel Macron réélu, l’automne s’annonce brûlant, notamment sur le front de la réforme des retraites. Des pans entiers de la population ne se retrouvent pas dans son programme, notamment la jeunesse, qui a accueilli avec beaucoup de circonspection le virage vert du candidat. « Je pense que ce sera un mandat super compliqué », anticipe un cadre de la majorité.
Notre dossier sur la présidentielle
Un troisième tour est prévu dans les urnes en juin, avec les législatives, à l'issue desquelles Jean-Luc Mélenchon veut imposer une cohabitation en devenant Premier ministre. L’objectif est ambitieux, mais obtenir une majorité pourrait être difficile pour Marine Le Pen comme pour Emmanuel Macron. Et un autre troisième tour se prépare, dans la rue cette fois, où risquent de converger, sur fond d’inflation galopante, tous les insatisfaits du scrutin présidentiel, sur les braises encore chaudes de la crise des « gilets jaunes ».
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