Présidentielle: Pourquoi ce n’est pas gagné pour Emmanuel Macron
CALCULS•Tout n’est pas gagné pour Emmanuel Macron quand on examine le report de voix…Coralie Lemke
Abstention, vote blanc, vote utile ou contestataire… A quelques jours du second tour, difficile de prédire l’avenir pour la présidentielle. Chez Les Républicains comme La France insoumise, les deux plus grosses réserves de voix du second tour, tout est encore possible. Une incertitude qui pourrait faire basculer le scrutin.
« Chez Les Républicains, certains laissent la porte ouverte au vote frontiste, comme Laurent Wauquiez. D’autres appellent à faire barrage à Marine Le Pen, comme Alain Juppé ou Nathalie Kosciusko-Morizet », explique Thomas Vitiello, chargé d’enseignement et responsable de la Boussole présidentielle au Cevipof. Difficile, dans ce contexte, de savoir comment les Français vont reporter leurs voix au second tour. Environ 30 % des soutiens de la droite devraient voter Front National et 50 % pour Emmanuel Macron, selon le rolling hebdomadaire Ifop-Fiducial.
Les mélenchonistes grimacent
« Les électeurs de La France insoumise sont, eux, plus tiraillés. S’ils sont beaucoup, 37 %, à considérer l’abstention comme une option, une grande part d’entre eux, 50 %, compte tout de même voter pour Macron en faisant un peu la grimace », analyse Thomas Vitiello. Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas donné de consigne de vote claire, s’est ensuite exprimé sur la « terrible erreur » que représenterait un vote en faveur de Marine Le Pen. Selon le spécialiste de la boussole présidentielle, aucun doute que les électeurs de Benoît Hamon, souvent écologistes et attachés au front républicain, ne votent Macron.
En revanche, Marine Le Pen devrait largement bénéficier des voix de Nicolas Dupont-Aignan. La candidate FN, qui a annoncé qu’elle ferait du leader de Debout la France son Premier ministre une fois élue. « Avec François Fillon, il était l’autre candidat de la droite conservatrice. Au moins la moitié des 4,7 % qui ont voté pour Dupont-Aignan devraient soutenir Marine Le Pen. »
La formule qui donne Le Pen gagnante
Un report de voix qui suffirait à mener Marine Le Pen à l’Elysée ? Peu probable, mais pas impossible selon Serge Galam, physicien, directeur de recherche au CNRS et membre du Cevipof. « Tout se joue sur l’abstention inavouée, qu’on ne peut, par définition, pas quantifier. » Il a élaboré une formule qui permettrait de calculer le seuil minimum de participation des électeurs de Macron nécessaire à sa victoire.
« Le vote pour Marine Le Pen est un vote direct, de conviction. Les électeurs qui affirment voter pour elle vont réellement le faire. Du coup, il faut une valeur minimale de participation des électeurs d’Emmanuel Macron. Lui, en plus des votes d’adhésion, bénéficiera du vote utile. A l’heure actuelle, si seulement 65 % des gens qui affirment voter pour le candidat d’En marche ! se déplacent effectivement aux urnes, cela permettrait à Marine Le Pen de passer avec 50 % des voix. »
Une hypothèse peu probable selon le chercheur. « Elle ne bénéficie que de 42 % des intentions de vote. Mais plus ce chiffre grimpe, et plus ce sera serré pour Emmanuel Macron. » Peu probable que le débat télévisé de cette semaine ait changé la donne, selon Thomas Vitiello. « En général, cela ne fait que conforter les électeurs dans leur opinion. »
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