Présidentielle: PMA, GPA, mariage pour tous... Que veulent Macron et Le Pen pour les familles?
COMPARATIF•Certains sujets ont été volontairement sous-traités pendant la campagne, pour éviter de braquer certains électeurs…Delphine Bancaud
L'essentiel
- Marine Le Pen défend un modèle traditionnel de la famille et Emmanuel Macron, des modèles familiaux pluriels.
- Elle veut réserver les allocations familiales aux familles françaises, contrairement à lui.
Ils se veulent tous les deux les défenseurs des familles, sauf que leurs orientations en la matière divergent sensiblement. Pour séduire plus largement ausecond tour de la présidentielle qu’au premier, les candidats savent qu’ils doivent séduire les ménages français en leur parlant de leurs préoccupations quotidiennes.
« Les propositions en direction des familles sont toujours sensibles car ils sont les marqueurs du modèle de société défendu par un candidat et des valeurs qu’il défend », explique François Miquet-Marty, président de l’Institut Viavoice. « Et dans ce domaine, le programme sociétal d’Emmanuel Macron est plutôt libéral alors que celui de Marine Le Pen est plutôt conservateur », observe de prime abord Chloé Morin, directrice de l’Observatoire de l’opinion de la Fondation Jean-Jaurès.
Famille traditionnelle contre modèles familiaux pluriels
Marine Le Pen défend une vision de la famille traditionnelle fondée sur l’union d’un homme et d’une femme, alors qu’Emmanuel Macron défend des modèles familiaux pluriels. « Il n’y a pas un modèle unique qui représenterait la "vraie" famille. Les familles sont de plus en plus diverses : il faut pouvoir les reconnaître et permettre à chacun de vivre sa vie de couple et ses responsabilités parentales », indique-t-il dans son programme. D’où sa défense du mariage pour tous, sa volonté d' « ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes seules et les couples de femmes », précise-t-il dans son programme.
S’il se dit opposé à la gestion pour autrui (GPA), il souhaite que « les enfants issus de la GPA nés à l’étranger voient leur filiation reconnue à l’état-civil français, selon la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme ». « Alors que François Hollande avait promis l’ouverture de la PMA aux couples de femmes, avant d’y renoncer après la division de la société française sur le mariage pour tous, Emmanuel Macron va un cran plus loin. Mais il ne met pas ses propositions dans ce domaine très avant, de peur de réveiller les fractures de la société. Il sait qu’une partie de l’opinion publique peut très vite se braquer sur ces sujets », note Chloé Morin. « Il reste prudent, pour ne pas réenflammer des brasiers », renchérit François Miquet-Marty. Dans une interview accordée ce samedi au Figaro, le candidat d’En marche ! détaille d’ailleurs toutes les mesures qu’il propose dans ce domaine, en prenant bien soin de les justifier une à une.
De son côté Marine Le Pen « adopte une ligne conservatrice pour séduire la frange de son électorat représentée par sa nièce Marion Maréchal Le Pen », commente Chloé Morin. Dans son engagement 87, elle exprime son souhait « de réserver la PMA comme réponse médicale aux problèmes de stérilité ». Et revient sur le mariage pour tous, via sa volonté de « créer une union civile (PACS amélioré), qui viendra remplacer les dispositions de la loi Taubira, sans effet rétroactif ». Une position sur laquelle elle n’a pas beaucoup communiqué, mais qui a eu un certain écho, la Manif ayant appelé au lendemain du premier tour à s’opposer à Emmanuel Macron « candidat ouvertement anti-famille », selon le mouvement. Mais selon François Miquet-Marty, « Marine Le Pen refuse le totem du mariage pour tous, mais, ne titre pas un trait trop radical sur lui, en proposant un Pacs amélioré. Car elle ne veut pas disqualifier les couples homosexuels ; elle a conscience de la nécessité de faire preuve d’un minimum d’ouverture », note-t-il.
Soutenir certaines familles ou toutes
Sur le soutien de la politique familiale, les deux candidats marque aussi leurs différences. Dans son programme, Marine Le Pen précise aussi qu’elle souhaite réserver les allocations familiales aux familles françaises. Elle déclare ainsi sa volonté de « mettre en œuvre une vraie politique nataliste réservée aux familles françaises, en rétablissant l’universalité des allocations familiales et en maintenant leur indexation sur le coût de la vie ». « Dans son programme, le social devient un levier qui permet d’avoir une prise sur l’immigration », commente François Miquet-Marty.
De son côté, le leader d’En marche ! a confié qu’il souhaitait augmenter le quotient familial « si les finances publiques le permettent » lors d’une interview sur Radio J, en avril. Sachant que pendant le quinquennat, les familles aisées ont vu à deux reprises leur quotient familial raboté, ce qui leur a fait payer plus d’impôts. « Les réformes des allocations familiales qui ont été opérées lors du quinquennat de François Hollande correspondent en fait assez bien à sa philosophie et il sait qu’il sera difficile d’aller plus loin. C’est pour cela qu’il ne propose pas clairement de revenir sur ce qui a été fait pendant cinq ans dans le domaine », souligne François Miquet-Marty.
Autre sujet sociétal très important :la fin de vie. « Et même si les Français se sont prononcés dans de multiples sondages sur l’euthanasie, les deux candidats savent que le sujet est potentiellement brûlant et ils restent très prudents », souligne Chloé Morin. « On ne veut pas proposer des choses ex cathedra, mais que la société s’approprie le sujet et accouche d’un consensus », expliquait à 20 Minutes le candidat d’En Marche.
« Il faut d’abord se donner le temps de faire évoluer la loi [Claeys-Leonetti] et de voir comment elle est appliquée sur le terrain, même si ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’évolution ou de révision », avait aussi indiqué Olivier Véran, porte-parole sur les questions de santé pour le mouvement En Marche !, dans Quotidien en mars.
Une même prudence chez Marine Le Pen : « Je suis pour ne pas aller au-delà de la Loi Leonetti. Je pense que les soins palliatifs sont un vrai chantier qui n’a pas encore pris la plénitude de ce qu’il devrait être en France. La gestion de la souffrance, de manière générale, n’est pas au niveau d’un grand pays avancé et attaché à l’humain que devrait être la France. », avait-elle indiqué dans Famille Chrétienne en mars dernier. Sur ce sujet, les candidats ne risquent donc pas de s’écharper…
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