Présidentielle: Le match des meetings du 1er mai entre Le Pen et Macron
REPORTAGES•La candidate FN a tenu un grand meeting au palais des expositions de Villepinte en Seine-Saint-Denis, quelques heures avant le candidat d'En Marche!, à La Villette à Paris...Anne-Laëtitia Béraud et Thibaut Le Gal
Ce lundi 1er mai signe les grands meetings des deux finalistes à l’élection présidentielle. La candidate du FN et celui d’En Marche ! se départageront dans les urnes dimanche prochain. Alors que les syndicats défilent en ordre dispersé et que Jean-Marie Le Pen organise à Paris un hommage à Jeanne d’Arc, direction le palais des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis) pour Marine Le Pen et La Villette à Paris pour Emmanuel Macron. 20 Minutes a assisté aux deux réunions publiques et vous livre le match des meetings…
aAmbiance : boléro de Ravel VS électro
Le Pen : Dans un hall de Villepinte surdimensionné mais rassemblant près de 8.000 personnes, l’ambiance est à la fête pour la dernière grand-messe de Marine Le Pen. Comme à chaque meeting, le boléro de Ravel puis le clip de campagne de Marine Le Pen précèdent les prises de parole. Cette fois-ci, ce n’est pas le comédien Franck de la Personne mais Nicolas Dupont-Aignan, qui a acté samedi son ralliement à Marine Le Pen, qui fait office de chauffeur de salle. « Entre la finance et la finance il faut choisir. Je n’aurai pas pu me regarder dans le miroir s’il avait manqué une seule voix dimanche (…) J’ai donc choisi la France, j’ai choisi Marine », lance le député-maire de Yerres à la foule qui scande « Nicolas, Nicolas ! ».
Macron : Comme à tous les meetings d’En Marche !, de nombreux drapeaux français ET européens ont été distribués aux milliers de personnes venues acclamer leur champion. Emmanuel Macron est arrivé sur scène sous les applaudissements (et une musique électro assourdissante). « Le 7 mai se décideront non pas les cinq prochaines années, mais les prochaines décennies de notre pays », a-t-il lancé. A chaque saillie, le candidat reçoit les cris de joie de ses partisans et les « Macron président ! »
Le style : deux candidats pugnaces
Le Pen : A la fois pugnace et répétitive. Marine Le Pen retrouve à Villepinte les accents combatifs de ses précédents meetings, raillant les politiques « has been » qui ont rallié son concurrent Emmanuel Macron, ou les médias qualifiés de « chiens de bergers du troupeau électoral ». Mais pas de grandes annonces ce lundi, à part quelques formules percutantes et des mots de sympathie à Nicolas Dupont-Aignan, nommé Premier ministre en cas de victoire.
Macron : Offensif, Emmanuel Macron n’a pas lâché son adversaire, liant le Front National à l’histoire de l’extrême droite. Face au FN, le candidat a opposé « la vague la plus optimiste qu’ils n’ont jamais affrontée ». Rassembleur, le candidat a également eu un mot pour ceux qui le rejoignent dans l’entre-deux-tours. « Demain, ceux qui me soutiennent combattront mon projet, je le sais mais je le respecte… J’ai pleinement conscience que le 7 mai, je fais plus que de défendre un projet politique. Je porte aussi le combat pour la République et pour la démocratie libre ».
Ce qu’ils disent l’un de l’autre
Le Pen : « Emmanuel Macron, c’est François Hollande qui veut rester et s’accrocher au pouvoir comme une bernique (…) Ce candidat sortant, nous allons le sortir », affirme Marine Le Pen qui raille un peu plus tard le slogan du candidat d’En Marche ! : « Sa philosophie c’est : « En marche ou crève » ».
Macron : « Madame Le Pen, l’héritière (sifflets)… ne la sifflez pas, allez combattre, allez convaincre. Faites la perdre dimanche prochain ! ». Il ajoute : « Ils sont là, ce sont eux nos vrais ennemis, puissants, organisés, habiles, déterminés… les agents du désastre, les agents du pire, l’extrême droite… Ils guettent depuis si longtemps l’effondrement que nous vivons pour en tirer parti. Ils propagent le mensonge »
Le moral des militants
Le Pen : Pour les militants, le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen est perçu différemment : Pour Cyrille de Plouigneau (Finistère), une victoire frontiste le 7 mai reste incertaine, même avec l’appui de Nicolas Dupont-Aignan. « Ce sera juste, même si je l’espère », dit-il. Tanguy, cadre commercial au Mans, estime au contraire que « le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan qui a fait presque 5 % peut donner une dynamique. Le gros avantage c’est que derrière lui se joindront de nombreux fillonistes déçus de François Fillon qui a rallié en deux minutes Emmanuel Macron au soir du 23 avril. »
Macron : Les militants En Marche ! restent mobilisés dans la dernière ligne droite, à l’image d’Amandine, 30 ans, venue de Seine-et-Marne : « Rien n’est joué encore. Il faut convaincre le maximum de personnes dans les jours qui restent car les valeurs de la République sont en danger ». Jean-Pierre, 58 ans, ancien socialiste, voit plus loin. « Je m’inquiète pour le jour d’après, et les législatives. Avec quelle majorité pourrons-nous gouverner si nous gagnons ? Dans le coin d’où je viens, à Oradour-sur-Glane, je vois monter une inquiétude dans la fonction publique, et dans la ruralité où monte le FN »
L’anecdote en plus
Le Pen : L’ex-candidat Nicolas Dupont-Aignan qui a rallié la candidate est chouchouté ce lundi à Villepinte. Ses militants ont des places réservées juste devant la scène, même s’ils sont relégués en bout de rang. « C’est bien que la famille s’élargisse », se réjouit Florian Philippot, vice-président du FN, évoquant « une alliance cohérente pour une France libre, sûre et prospère ». Mais ni ses militants, ni des drapeaux rappelant le petit parti souverainiste ne sont visibles ce lundi midi…
Macron : Du « beau monde » au premier rang. Ségolène Royal a assisté au meeting. La ministre de l’Ecologie était notamment accompagnée de son collègue de la Défense, Jean-Yves Le Drian, François Bayrou, le maire PS de Lyon Gérard Collomb, Bertrand Delanoë, mais aussi Daniel Cohn-Bendit et Corinne Lepage ou les anciens ministres de droite Serge Lepeltier, Nicole Guedj et Jean-Jacques Aillagon.