Présidentielle: Marine Le Pen «plus basse qu’espéré au Front national»
RESULTATS•Le chercheur Jean-Yves Camus, spécialiste des extrémismes en Europe, revient pour «20 Minutes» sur le résultat de la candidate du Front national…Anne-Laëtitia Béraud
L'essentiel
- Marine Le Pen est qualifiée pour le second tour, obtenant 22,32 % des voix selon les résultats du ministère de l’Intérieur à 23h35
- Ce score est légèrement décevant pour le FN, car il espérait basculer en tête au premier tour
- Ce résultat pourrait être nourri du scepticisme des électeurs envers une candidate manquant toujours de crédibilité ou faisant peur avec sa proposition de quitter l’UE
Match Emmanuel Macron-Marine Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle. Ce dimanche soir, le candidat d’En Marche ! est arrivé en tête (23,75 %), devançant légèrement la candidate du Front national (21,53 %) selon les résultats du ministère de l’Intérieur ce lundi à 07h. Si 2017 représente le meilleur score présidentiel du FN avec 6,9 millions de voix, la candidate n’a pas viré en tête de ce scrutin comme elle l’espérait.
Une déception sur laquelle revient Jean-Yves Camus, chercheur rattaché à l’Iris et spécialiste des extrémismes en Europe. « Ce score n’est pas celui qui était espéré au Front national », explique le directeur de l’Observatoire des radicalités politiques. « Marine Le Pen était créditée de 28 % des voix au début de sa campagne. Et elle est nettement plus basse que ce que les sondages lui prédisaient il y a encore quelques semaines », précise le politologue. Malgré un tassement des intentions de vote dans les dernières semaines, la grande majorité des enquêtes d’opinion voyaient encore Marine Le Pen en première place ce 23 avril. Un « instantané » qui ne s’est finalement pas réalisé pour ce dimanche.
Déficit de crédibilité
Comment expliquer ce score en deçà des attentes des frontistes ? « Sa campagne n’a pas été mauvaise même si elle n’a pas eu vraiment de souffle » selon Jean-Yves Camus, qui avance plusieurs hypothèses. « Le message de Marine Le Pen s’est banalisé », marquant moins l’électorat, estime le politologue. « Il y a une banalisation du FN et ce parti s’est construit comme la principale force d’opposition au système. Mais les rodomontades ne suffisent pas. Il manque toujours une crédibilité à Marine Le Pen pour devenir présidente. Personne n’est surpris de la voir qualifiée au second tour de la présidentielle, avec des enquêtes d’opinion qui prévoient cette situation depuis des mois. Mais personne ne la voit présidente, même si elle effectue le 7 mai un saut quantitatif [dans les urnes], totalisant autour de 40 % des voix. »
Pour le chercheur, le scepticisme des électeurs vis-à-vis de la candidate peut se nourrir de son déficit de crédibilité, mais aussi de son programme économique, et plus particulièrement de sa proposition de sortir de l’Union européenne. « La France n’est pas le Royaume-Uni qui a pu, après avoir eu un pied dedans un pied dehors [de l’UE], voter le Brexit. La France en dehors de l’UE, c’est inimaginable. Cela signifie la mort de l’UE et ce risque apparaît toujours trop grand chez les électeurs », souligne Jean-Yves Camus.
Une autre hypothèse reste la marginalisation de Marion Maréchal-Le Pen, cette députée incarnant le « FN du sud ». « Marine Le Pen a fermé une porte à droite en laissant de côté sa nièce », privilégiant la ligne idéologique du vice-président du parti Florian Philippot, juge Jean-Yves Camus. Elle se serait coupée d’un réservoir de quelques centaines de milliers de voix pour dépasser Emmanuel Macron, échouant à apparaître comme la première force politique exprimée dans les urnes ce dimanche.
>> Et vous, que pensez-vous du score du FN lors de ce premier tour ? Est-il exceptionnel ou décevant ? Selon vous, que présage-t-il du second tour, le 7 mai ? Dites-le nous dans les commentaires ci-dessous, en prenant soin de respecter notre charte des commentaires