Présidentielle: Clic clac, la photo de famille Fillon-Juppé
REPORTAGE•Le maire de Bordeaux Alain Juppé s’est affiché avec François Fillon lors d’une visite de Deezer ce mercredi, où il a assuré se retrouver « pour l’essentiel dans le projet de François Fillon »…Anne-Laëtitia Béraud
Clic clac, la photo de la réunion François Fillon- Alain Juppé a été (enfin) prise ce mercredi matin. A quatre jours du premier tour de la présidentielle, le candidat a visité avec son ancien concurrent à la primaire à droite les locaux parisiens de l’entreprise Deezer, une plateforme française d’écoute de musique en streaming. Une visite qui succède à une vidéo de soutien de Nicolas Sarkozy diffusée mardi sur les réseaux sociaux.
Ce mercredi matin, Alain Juppé fait donc le job, assurant aux journalistes entre deux portes : « J’ai souhaité renouveler mon soutien à François Fillon, d’abord parce que je tiens mes engagements et je suis fidèle à ma famille. Je veux éviter un deuxième tour [de la présidentielle] cauchemardesque entre Le Pen-Mélenchon [qui représente] la peste ou le choléra. Emmanuel Macron n’a pas su affirmer la stature nécessaire pour l’instant. Pour l’essentiel, je me retrouve dans le projet de François Fillon. »
Afficher un soutien
Le service après-vente du soutien d’Alain Juppé est assuré sur le trottoir par Virginie Calmels, première adjointe au maire de Bordeaux : « Alain Juppé a souhaité se mettre en retrait de la campagne nationale mais il n’a pas cessé d’apporter son soutien à François Fillon et à son projet lors de plusieurs réunions publiques à Bordeaux et par des messages. »
Ces gestes d’Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy visent à dire que le candidat n’est pas isolé, mais aussi…
- Que sa famille politique le soutient, même si un meeting commun Fillon-Sarkozy-Juppé « qui aurait de la gueule », comme le dit un parlementaire Les Républicains à 20 Minutes, n’est pas à l’ordre du jour.
- Que les sondages qui excluent le candidat de la droite d’une qualification pour le second tour de la présidentielle, le 7 mai, se trompent.
- Que les sensibilités de droite les plus « centristes » sont approuvées chez Les Républicains, même si Christian Estrosi, président LR de la région PACA et ancien maire de Nice, a été sifflé par les militants lors d’un meeting de François Fillon à Nice lundi.
- Que la crainte quele mouvement Sens commun (issu de la Manif pour tous) influence la ligne politique de François Fillon - exprimée encore ce mercredi matin par l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur France inter - est infondée. Selon des propos rapportés par Le Canard enchaîné, Alain Juppé aurait expliqué rejoindre l’opposition si le gouvernement de François Fillon était dicté par le mouvement de Sens commun. Un propos que balaie Alain Juppé auprès des journalistes : « Si je répondais à tous les ragots des médias, on ne serait pas couché ».
Visite organisée en catastrophe
Cette visite de François Fillon et d’Alain Juppé chez Deezer a été organisée en catastrophe après l’annulation à la dernière minute du déplacement dans l’établissement parisien de codage informatique « Ecole 42 ». Selon RTL, l’équipe du candidat aurait décidé d’annuler la visite en raison de la réaction attendue des élèves. Ces derniers auraient prévu d’organiser, via un groupe Facebook, un comité d’accueil moqueur à François Fillon. Certains auraient prévu de mettre « Penelope en fond d’écran sur tous les Mac » ou encore de faire apparaître, sur les portiques de sécurité à l’entrée et le message « Rends l’argent François ».
Des facéties que veut démentir Xavier Niel, le vice-président d’Illiad, patron de Free et investisseur dans Deezer : « Je crois que c’est à cause des questions de sécurité physique. La sécurité [à l’école] a eu peur à la fin », soulignant que les locaux de Deezer sont plus faciles à gérer. Interrogé sur son vote à la présidentielle, il confie : « Je ne vote pas. Depuis longtemps ».
A quelques mètres, Alain Juppé suit François Fillon dans les locaux de l’entreprise française. Avant de s’éclipser une petite heure plus tard. La dernière visite de François Fillon avec Alain Juppé remonte au 25 janvier à Mérignac, en Gironde. Ce jour-là, les premières révélations sur l’emploi présumé fictif de Penelope Fillon comme assistante parlementaire étaient publiées dans Le Canard enchaîné.