Présidentielle: La campagne officielle est lancée, le suspense reste entier
SPRINT FINAL•À partir de ce lundi, les temps de parole sont égaux et les clips de campagne envahissent les petits écrans…O. P.-V.
J-13 avant le premier tour de l’élection présidentielle française, le 23 avril, et top départ officiel de la campagne. Certes, la course à l’Elysée carbure depuis quelques semaines, quelques mois déjà, mais c’est à partir de ce lundi que le Conseil supérieur de l’audiovisuel impose l’égalité des temps de parole entre les candidats, à la télévision et à la radio. Les affiches de campagne vont s’exposer de manière plus organisée dans les rues et les clips de campagne vont envahir les petits écrans.
Pendant ce temps, les scores électoraux de chacun commenceront à se cristalliser. « Normalement, ça ne bouge plus dans les quinze derniers jours », rappelle Christian Delporte, spécialiste de l’histoire politique. « Normalement », car il y a l’exception de la présidentielle 2002, où le score virtuel de Lionel Jospin a commencé à se tasser dans les sondages quand Jean-Marie Le Pen entrait dans une dynamique ascendante. Le premier fut éliminé le 21 avril 2002, le second obtint son billet pour le tour suivant.
« Une campagne totalement inédite »
Alors que les indécis sont plus nombreux que jamais, ces deux dernières semaines de campagne peuvent encore faire évoluer les lignes. « Si on prend les temps de passage des précédentes élections, à ce stade, environ 75 % des personnes qui iront voter ont fait leur choix », note le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. « En temps normal, les mouvements d’opinion sont modérés par le fait que les électeurs sont plus liés à un parti. Ils ne passent pas d’un candidat à l’autre aussi facilement que dans une primaire », note le sondeur Jérôme Sainte-Marie, président de PollingVox.
« En temps normal », toujours… car on n’est plus vraiment dans la normalité électorale, souligne-t-il : « C’est le phénomène de cette campagne, il n’y a plus autant de positions claires sur un axe gauche-droite. Les gens sont donc largement libérés de leur appartenance partisane. La dislocation du système politique aboutit à une campagne totalement inédite : tout a changé en quelques semaines, et cela peut encore évoluer. » Pour Bruno Cautrès, « il reste des zones d’incertitude qui rendent la cristallisation du vote plus fragile et plus tardive », comme la question du vote utile en faveur de Jean-Luc Mélenchon à gauche, et le redressement potentiel de l’électorat de François Fillon, qui pourrait être plus mobilisé que prévu par les sondages.
Des courbes peuvent encore se croiser
Justement, sur les dynamiques des candidats, quels sont les duels à observer, les courbes qui pourraient se croiser ? Jérôme Sainte-Marie a vu deux étapes dans cette campagne, et anticipe la troisième et dernière à l’approche du premier tour :
- « Il y a d’abord eu Emmanuel Macron contre François Fillon pour savoir qui serait contre Marine Le Pen au second tour, Macron a creusé l’écart grâce aux affaires ; pendant ce temps Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon se départageaient à gauche, et Mélenchon a gagné dans les grandes largeurs » ;
- « Ensuite, à partir du 20 mars, deux duels se sont installés : Macron/Le Pen devant et Fillon/Mélenchon en retrait » ;
- « Puis la troisième étape, imminente : ces deux duels pourraient bientôt fusionner, la dynamique Mélenchon pouvant perturber le second tour écrit entre les candidats d’En Marche et du FN ».
Christian Delporte prévient toutefois que la dernière ligne droite sourit rarement aux outsiders, « car la tentation du vote utile revient toujours jusque dans l’isoloir ». Le même vote utile qui avait plombé François Bayrou en 2007, et Jean-Luc Mélenchon en 2012.
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