Présidentielle: Après la «trahison» de Valls, comment le PS peut-il éviter l'implosion?
POLITIQUE•Plusieurs socialistes ont annoncé la mort à venir du PS ce jeudi, au lendemain du soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron…T.L.G.
Comme une petite bombe posée à Solférino. La « trahison » de Manuel Valls a fait trembler les murs (déjà friables) de la maison socialiste. Mercredi, l’ancien Premier ministre a apporté son soutien à Emmanuel Macron, plutôt qu’au candidat désigné par la primaire.
Ce désaveu a entraîné une cascade de déclarations sur l’avenir du parti, dans le registre morbide. Manuel Valls « joue la mort du PS », souligne un proche de Hamon. « L’effondrement de Benoît Hamon signe la fin du PS », ajoute Malek Boutih au Parisien. « Il n’y a plus de Parti socialiste », abonde Patrick Mennucci auprès du Monde. Dans ce contexte, les socialistes mettent en avant deux possibilités pou éviter l’implosion de leur parti.
1. Faire le ménage au PS
Faut-il exclure les socialistes qui, comme Manuel Valls, choisissent de soutenir un autre candidat ? C’est ce qu’a suggéré Martine Aubry, mercredi soir à Lille. « Si j’étais premier secrétaire du PS, j’aurais dit : "on n’est pas socialiste par déclaration, on est socialiste quand on défend des valeurs qui sont les nôtres" ».
Mehdi Ouraoui, membre du conseil national, a même tweeté la bonne marche à suivre, pour exclure l’ancien Premier ministre. « Je dis qu’il appartient au bureau national du parti de décider de l’exclusion, au lieu de faire reposer cette décision sur le seul Jean-Christophe Cambadélis. Il en est de la survie de notre parti. Les Français ne nous rapprochent pas notre absence de synthèse, mais notre capacité à trancher », précise-t-il à 20 Minutes.
Mais Mehdi Ouraoui distingue le cas de Manuel Valls des autres « déserteurs ». « Manuel Valls a un statut à part. C’est un ancien Premier ministre, qui s’est engagé par écrit lors de la primaire. Il propose en plus des relations avec Fillon. Trahir est déjà pitoyable, mais saboter en partant, c’est sanctionnable ».
Et le Parti socialiste, il en pense quoi ? On a bien lu la lettre de Jean-Christophe Cambadélis, mais on n’y a pas trouvé la réponse. Corinne Narassiguin, porte-parole du PS, noie également le poisson. « Libre à ceux qui le souhaitent de saisir le comité des conflits. Les demandes seront alors examinées. Mais il n’est pas dans l’intérêt du parti de faire la chasse aux sorcières en pleine campagne électorale ».
2. Faire le dos rond et attendre la fin de la tempête
Le PS a donc décidé d’attendre la fin de la tempête. Dans sa lettre, Jean-Christophe Cambadélis a tracé une énième ligne rouge : l’exclusion de ceux qui prendraient l’étiquette d’En Marche aux législatives. « Emmanuel Macron a demandé à ceux qui le rejoignaient de faire un choix entre son mouvement et leur parti d’origine. Pour eux, la question ne se pose pas », avance Olivier Faure, patron du groupe PS à l’Assemblée.
Le PS fait donc le dos rond et attend de voir en juin prochain. D’ailleurs, Corinne Narassiguin rappelle qu’une exclusion immédiate est peu probable. « Cela ne se fait pas en trois jours. Quand il y a eu des questions d’exclusions au sein de notre parti, elles se sont toujours réglées après les élections ».
La porte-parole du PS tente d’ailleurs de relativiser la saignée macroniste. « Il n’y a pas d’hémorragie. La masse des militants n’est pas partie chez En Marche !. La mort du PS est une vieille rengaine. Je ne dis pas que le PS survivra dans son état actuel, mais il ne va pas mourir ». La question pourrait se reposer très vite en cas d’élimination de Benoît Hamon dès le premier tour.