Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture: «C’est la folie, ils ont tout défoncé»
REPORTAGE•Entouré d’une foule de caméras, le candidat d’En marche ! est resté plusieurs heures au salon de l’Agriculture ce mercredi matin…Thibaut Le Gal
Quelques secondes après avoir franchi la porte d’entrée, une dame se pince le nez, en souriant. « Ouh ça sent la campagne ici ! » Il y a le parfum des milliers de bêtes entreposées dans le pavillon 1 du Salon de l’agriculture, bien sûr. Mais une autre odeur de campagne, plus politique, plane au-dessus des enclos ce mercredi matin, avec la venue d’Emmanuel Macron. 20 Minutes a tenté de suivre pendant quelques heures le leader d’En marche ! (avec pas mal de difficulté).
« Il est tout petit, Macron »
Ca commence à 10 h 45, sous la pluie, à l’entrée du pavillon 1, avec une centaine de journalistes. Emmanuel Macron se fait attendre. Face à la masse de caméras, des curieux s’interrogent. « C’est monsieur Fillon ? » Raté. Quelques heures plus tôt, le champion de la droite a reporté sa visite, pas d’explication.
Peu avant midi, tout s’emballe, Emmanuel Macron sort d’une voiture et s’engouffre dans la nuée de caméras et de micros. C’est le début de plusieurs heures de champ de bataille. Entouré par deux cordons (l’important dispositif de sécurité et les centaines de journalistes), le candidat est trimballé de stand en stand.
Les visiteurs, téléphone en main, se désolent de ne pas apercevoir l’ancien ministre de l’Economie : « Il est tout petit, Macron ! » « On le voit même pas ! » « J’ai vu ses cheveux. » Dans la cohue, un stand s’écroule. Un cameraman manque de se battre avec un membre de sécurité. « C’est la folie, ils ont tout défoncé », se désole une dame.
« Je pense qu’il découvre les vaches, Macron ! »
Dans la foulée, la masse s’arrête devant deux bovins. Emmanuel Macron s’écharpe avec un éleveur. On essaye de tendre l’oreille, mais un membre du staff nous prévient, en pointant du doigt les grandes cornes d’une des Salers ruminant à côté. « Vous voyez, là ? C’est 1,5 tonne de viande détachée. On va éviter de l’énerver. »
Un agriculteur s’amuse, au loin. « Je pense qu’il découvre les vaches, Macron ! »
Après investigation, on retrouve l’homme au béret. « Ce que je lui ai dit ? Je l’ai invité chez moi ! Il va tout analyser et voir si on peut vivre comme on vit aujourd’hui. Je lui ai parlé du génocide agricole. Car, oui, aujourd’hui, c’est le grand show ! Mais le bien-être des agriculteurs, qui le prend en compte ? Mon collègue là-bas a abattu 6 000 canards. Vous savez, jeune homme, qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours ? »
Cinq minutes d''échanges avec l’éleveur, et la nuée s’est envolée. A côté du « Bar à beurre », un viticulteur du Gard nous renseigne. « Macron ? Il était là. Et je lui ai même parlé : je lui ai raconté la vie des agriculteurs qui ne gagnent que 300 euros par mois. Je lui ai dit qu’il faudrait mettre en place un crédit d’impôt. » La réponse du candidat ? « Qu’il allait se battre sur les prix. Il n’est resté que deux minutes mais c’est bien qu’il soit venu, c’est courageux de sa part ».
On retrouve sa trace à côté de la « salle de traite ». Toujours autant de monde.
Un œuf sur la tête pour finir
Un homme offre un conseil à sa femme. « Si tu regardes bien, sur l’écran de caméra, tu peux l’apercevoir ». Après avoir salué Fine, vache bretonne égérie de l’édition 2017, le candidat s’éclipse pour déjeuner à l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev). Une conférence de presse est prévue à 14 h.
Il faut finalement attendre 16 h pour voir débarquer le candidat. Mais, après la pause déj, l’ancien ministre de l’Economie reçoit un œuf cru, et sur la tête cette fois.
a« Cela fait partie du folklore », réagit-il dix minutes plus tard face aux médias. Ses propos sont alors couverts par les « Fillon démission » et les « Fillon président » criés quelques mètres plus loin, pour saluer l’arrivée du candidat LR.