Un peu à gauche, pas mal à droite, Emmanuel Macron présente ses mesures économiques
PRESIDENTIELLE•Le candidat d’En Marche! a égrené ce vendredi une série de mesures mixant plan d’investissement et baisse des dépenses publiques…Olivier Philippe-Viela
Trois mille réunions publiques pour faire le diagnostic de l’économie française et quatre économistes réunis autour du chef d’orchestre Jean Pisani-Ferry ont été nécessaires pour établir le programme d’Emmanuel Macron en la matière. Le candidat d’En Marche ! a détaillé ses principales propositions économiques dans une interview aux Echos, avant la présentation de l’ensemble de son programme jeudi 2 mars. 20 Minutes fait le point sur les mesures prescrites et chiffrées par le docteur Macron, piochées à gauche (un peu) et à droite (beaucoup).
Emmanuel Macron à gauche
Le gros morceau, un plan d’investissement de 50 milliards d’euros sur 5 ans, afin de construire un « nouveau modèle de croissance », en profitant des actuels taux d’intérêts très bas dans la zone euro, alors que la fenêtre de tir pourrait se refermer, les taux étant en train de remonter :
- 15 milliards pour la transition écologique et énergétique
- 15 milliards pour un plan de formation des jeunes et des demandeurs d’emplois
- 4 x 5 milliards pour respectivement l’agriculture, la santé, un plan numérique pour les administrations publiques, et les transports locaux
L’ancien ministre de l’Economie avance plusieurs autres mesures sociales :
- Sur RMC et BFM ce vendredi, il a annoncé vouloir exonérer de taxe d’habitation 80 % des ménages, ce qui représenterait un manque à gagner pour l’Etat de 10 milliards selon son équipe
- Une augmentation de 1,7 point de la Contribution sociale généralisée (CSG), proposition qu’il porte depuis plusieurs mois, contre la suppression des cotisations salariales pour le chômage et la maladie
- Une hausse de 50 % de la prime d’activité
- L’extension de l’assurance-chômage aux salariés qui démissionnent et aux travailleurs indépendants, aux entrepreneurs et aux professions libérales (mesure non chiffrée)
- Une « tolérance zéro » en matière d’évasion fiscale
Emmanuel Macron à droite
Le gros morceau, un plan de réduction de la dépense publique de 60 milliards d’euros sur 5 ans, afin de baisser de 3 points d’ici 2022 la part de dépenses publiques par rapport au Produit intérieur brut annuel, actuellement de 55 %, pour se rapprocher de la moyenne européenne de 48,5 % :
- 15 milliards d’économies sur l’assurance-maladie, « en contenant les dépenses à 2,3 % par an »
- 10 milliards sur l’assurance-chômage « grâce aux réformes structurelles », le candidat espérant un taux de chômage de 7 % en 2022 qui ferait mécaniquement baisser les dépenses publiques pour aider les personnes sans emploi
- 10 milliards sur les collectivités locales, un « pacte girondin » selon son soutien Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, en échange de marges de manœuvres budgétaires accrues
- 25 milliards d’économie dans le fonctionnement de l’Etat, avec notamment une équipe ministérielle resserrée autour d’une « petite quinzaine » de personnes
- Le non-renouvellement de 120.000 postes de fonctionnaires qui entrerait dans les économies réalisées par l’Etat (50.000 postes) et les collectivités territoriales (70.000 postes en moins)
Autres propositions d’inspiration libérale :
- 10 milliards de réductions d’impôts en début de quinquennat visant « les classes populaires et les classes moyennes », et une baisse nette de 20 milliards pour tous les contribuables sur l’ensemble du quinquennat
- Restauration du jour de carence dans la fonction publique, mis en place sous Nicolas Sarkozy, supprimé quand François Hollande lui a succédé
- Réduction de la fiscalité du capital, avec la création d’un taux unique de prélèvements de 30 % sur tous les revenus du capital (y compris pour les assurances-vie, sauf pour celles contractées avant le passage de la loi)
- Passage de l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %
- Réforme de l’Impôt sur la fortune (ISF)
Les annonces au-delà des clivages
Le candidat d’En Marche! a la particularité d’être le seul prétendant à l’Elysée assurant qu’il respectera la règle des 3 % maximum de déficit public fixée par le traité de Maastricht. Emmanuel Macron ne propose pas de bras de fer avec Berlin, au contraire, car il estime que la relance de l’économie française passera par l’Union européenne et qu’il faut pour cela « rassurer nos partenaires, et d’abord l’Allemagne », a-t-il dit aux Echos.
Il se base en outre sur des prévisions de croissances plus modestes que ses concurrents : 1,4 % en 2017, pour atteindre 1,8 % en 2022. L’équipe Macron préfère rester prudente pour « présenter un programme crédible » et ne pas être obligé de « renier des engagements de campagne ».