POLITIQUELégislatives 2017: Le FN fait mieux que prévu avec au moins huit députés

Résultats Législatives 2017: Le FN fait un peu mieux que prévu, avec au moins huit députés

POLITIQUEA l'issue du second tour des élections législatives, le Front national dispose d'au moins huit députés, dont Marine Le Pen et Louis Aliot, mais échoue à former un groupe parlementaire...
La présidente du FN Marine Le Pen, élue du Pas-de-Calais à l'issue du second tour des élections législatives, le 18 juin 2017 à Hénin-Beaumont.
La présidente du FN Marine Le Pen, élue du Pas-de-Calais à l'issue du second tour des élections législatives, le 18 juin 2017 à Hénin-Beaumont. - Michel Spingler/AP/SIPA
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

Au moins huit députés Front national ont été élus au second tour des élections législatives ce dimanche. En début de soirée, la présidente du Front national Marine Le Pen a annoncé la victoire d’au moins six candidats, dont elle-même dans la 11e circo du Pas-de-Calais.

Selon Marine Le Pen, les frontistes élus ce dimanche sont Bruno Bilde (12e circonscription du Pas-de-Calais), Ludovic Pajot (10e circonscription du Nord), José Evrard (3e circonscription du Nord) et Sébastien Chenu (19e circonscription du Nord).

Dans le sud, Louis Aliot, vice-président du FN, a été élu de justesse député dans la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales. Le député sortant Bleu Marine Gilbert Collard a lui aussi été réélu de justesse dans la 2e circo du Gard. Emmanuelle Ménard, la femme du maire pro-FN de Béziers Robert Ménard, a été élue dans la 6e circonscription de l’Hérault.

Défaite du vice-président Florian Philippot

Florian Philippot, vice-président du FN, a annoncé sa défaite dans la 6e circonscription de Moselle. Son frère, Damien Philippot, a été battu dans la 1e circonscription de l’Aisne.

Durant la législature 2012-2017 de l’Assemblée nationale, deux élus siégeaient dans l’hémicycle : Marion Maréchal-Le Pen (FN) et Gilbert Collard (RBM). Ce dimanche, le FN fait cependant moins bien que lors de l’épisode de 1986-1988, avec 35 députés FN élus à la proportionnelle intégrale.

Peu après l’annonce des résultats, la présidente du FN a qualifié son mouvement de « seule force de résistance à la dilution de la France, de son modèle social et de son identité ». Elle a aussi jugé « scandaleux qu’un mouvement comme le FN […] ne puisse obtenir un groupe à l’Assemblée ».

Un score à nuancer

Ce score représente-t-il une victoire ou une défaite pour le parti frontiste ? « Durant la présidentielle, le Front national annonçait pouvoir gagner une quarantaine de sièges. Ce soir, il en obtient environ 8. C’est évidemment une défaite. Ce score signe la fin d’un espoir d’un groupe parlementaire à l’Assemblée, donc une visibilité et une voix qui porte. Les élus se feront cependant entendre par leur opposition radicale à la majorité », résume le politologue et chercheur associé à l’Iris Eddy Fougier.

Un commentaire nuancé par le spécialiste de l’extrême droite Sylvain Crépon, maître de conférences en sciences politiques à l’université de Tours. « Ce résultat peut être apprécié différemment suivant le temps d’analyse. A deux mois, ce score représente une défaite cinglante résultant de l’échec de Marine Le Pen à la présidentielle et de la cacophonie pendant cette campagne pour les législatives, rendant le message du FN inaudible. Si l’on regarde une semaine en arrière, le FN limite la casse car les instituts de sondage lui prédisaient un à cinq élus. »

La campagne pour les législatives, émaillée par la polémique entourant Florian Philippot, a été douloureuse au FN. Et l’échec de ce médiatique vice-président risque de le « marginaliser », selon Sylvain Crépon. « Alors que le leadership de Marine Le Pen est incontesté dans le parti et parmi les futurs députés, l’échec de Florian Philippot est un symbole. Avec son seul mandat de député européen, il reste d’être marginalisé au sein du parti, incapable de peser sur la ligne du parti. »

Quelle opposition va représenter le FN à l’Assemblée ?

Selon le spécialiste du FN Sylvain Crépon, si le FN n’aura pas de groupe parlementaire, lui restera « un écho médiatique important (…) avec Marine Le Pen capable d’interpeller les médias » sur à peu près tous les sujets.

Par ailleurs, « il sera intéressant de voir quelle opposition le FN va-t-elle être », estime l’enseignant-chercheur. « Sera-t-il dans une opposition droitière, contestant au parti Les Républicains de représenter la droite ? Qui incarnera la voix qui porte, alors qu’une partie de la droite pourrait voter certaines mesures économiques portées par la majorité ? ». Réponse dans les prochains jours...