VIDEO. Législatives: Comment LREM va gérer sa large majorité à l'Assemblée?
ELECTION•Avec plus de 400 députés annoncés, dont une partie de novices, la tâche pourrait s'avérer compliquée...Thibaut Le Gal
A l’Assemblée, plus on est de fous plus on risque. La République en marche devrait faire une entrée fracassante au Palais-Bourbon. D'après les résultats du second tour des législatives, LREM et son allié du MoDem s'adjugent autour de 360 sièges, sur les 577 sièges de l'Assemblée nationale. Un score très largement au-dessus de la majorité absolue de 289 élus.
Cette vague devrait permettre à Emmanuel Macron de gouverner en toute quiétude. A moins que l’ampleur d’une telle majorité soit difficile à gérer. « Nous allons avoir beaucoup d’élus, presque trop, plus de 400. Il va falloir les encadrer pour éviter le foutoir », se serait inquiété le chef de l’Etat, selon le Canard Enchaîné.
« On n’envoie pas des neuneus à l’Assemblée »
« Ce sont des problèmes de riches », sourit Arnaud Leroy, porte-parole de LREM. « Les profils sont variés et chacun trouvera sa place. Il y aura des sensibilités et des débats mais pas de fronde politicienne, car nous nous sommes engagés sur le programme d’Emmanuel Macron et personne n’aura de compte à rendre envers telle ou telle motion partisane ».
Pour briefer les nouveaux et éviter tout faux pas, un «séminaire de travail et de cohésion» est prévu après le second tour. «Le renouvellement inquiète certains en France, mais on n’envoie pas des neuneus à l’Assemblée… », poursuit l'ancien député PS des Français de l'étranger. « Ce sont des gens qui ont réussi dans leur vie privée, professionnelle ou artistique. Je suis sûr qu’ils seront meilleurs députés qu’un Guaino ou un Myard...»
Cette vague de nouveauté est d’ailleurs à relativiser. Selon le Monde, 242 candidats LREM qualifiés pour le second tour ont déjà eu un mandat électif.
Des frondeurs pour Macron ?
La Ve République a déjà connu des majorités absolues, parfois difficiles à manier. « Une grande partie des gaullistes de 1958 étaient aussi des hommes neufs, peu acclimatés à la mécanique parlementaire. La vague rose de 1981 était aussi un renouvellement important, la vague bleue de 1993 également », rappelle l’historien Jean Garrigues, spécialiste de l’histoire politique contemporaine. « Ces majorités n’ont pas toujours été faciles à gérer car elles étaient des majorités de synthèse. Les gaullistes gouvernaient par exemple avec la droite libérale qui s’opposait sur la question algérienne. Valéry Giscard d’Estaing avait lui une majorité de giscardiens et de chiraquiens ».
Emmanuel Macron aura-t-il lui aussi ses frondeurs ? « Evidemment que sur 400, vous pouvez avoir une, deux, trois personnes… Je vous mentirais si je disais "il n’aura pas de frondeurs, tout se passera bien, ce sera merveilleux, on est dans le monde des Bisounours" », a reconnu Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement lundi sur France inter.
« On souhaite que les députés soient dans la contestation positive », avance Jean-Paul Delevoye, président de la commission d’investiture LREM. « Mais à la différence du précédent quinquennat, il y a cette fois un cap présidentiel. Emmanuel Macron ne cherchera jamais à surprendre sa majorité, comme a pu le faire François Hollande avec la déchéance de nationalité par exemple ». Chaque candidat s’est d’ailleurs engagé par écrit à voter le « pacte avec la nation » du chef de l'Etat.
« Des députés godillots » et des « pingouins »
« Le plus difficile sera la médiatisation», prévient un ancien député PS. « Macron prend soin de maîtriser la communication du gouvernement, donc la pression médiatique va se reporter sur le Parlement. Les micros se tendront à chaque sortie de député ».
Le rôle du président de groupe sera ici décisif pour Jean Garrigues. « Pour inclure les nouveaux députés dans le système parlementaire, il y a nécessité de les prendre en main. En 1981, Mitterrand avait choisi la poigne de fer de Pierre Joxe pour tenir le groupe ». Stéphane Travert, député socialiste sortant, est le nom qui revient le plus pour occuper ce poste.
Les adversaires d’Emmanuel Macron ont eux trouvé leur angle d’attaque. François Baroin a raillé les futurs «députés godillots ». Des « pantins » et des « pingouins », a ironisé de son côté Jean-Luc Mélenchon.