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Comment les candidats de la société civile sont coachés par les partis?

Législatives: Comment les candidats de la société civile sont coachés par les partis?

CAMPAGNELes candidats novices en politique sont très nombreux à se présenter aux élections législatives...
Laure Cometti

Laure Cometti

L'essentiel

  • Plusieurs partis ont fait la part belle aux candidats de la « société civile » pour ces élections législatives
  • Ces personnes novices en politique sont encadrées de près par les états-majors des partis

Ils s’appellent Sébastien Gardette, Sophie de la Rochefoucauld ou Oriane Lévêque et sont agriculteur, comédienne ou prof de collège. Leur point commun : ils vivent leur « baptême de feu » politique en étant pour la première fois candidat à une élection lors des élections législatives. Respectivement investis par La République en marche (LREM), la France insoumise (FI) et l’Union populaire républicaine (UPR), ces candidats de la « société civile » ne sont pas livrés à eux-mêmes. Ils bénéficient d’une formation accélérée pour la campagne électorale et peuvent compter, si besoin, sur un accompagnement quasi permanent.

Ces trois partis ont en commun d’être relativement récents (nés en 2016 pour LREM et FI, et en 2007 pour l’UPR, qui participe pour la première fois aux législatives générales) et de présenter une part élevée de candidats de la société civile aux scrutins des 11 et 18 juin prochains. Pour préparer leurs « poulains » à cette campagne éclair, ils ont recours à des recettes similaires, avec des moyens différents. Tous fournissent des outils de campagne « prêts-à-l’emploi » et des argumentaires de campagne nationaux tout en laissant une part d’autonomie à leurs candidats, qui ont pour beaucoup la double particularité d’être à la fois novices en politique et de travailler à temps plein, ce qui complique leur mission.

Séminaire et vidéoconférences de formation

Tout a commencé par un séminaire pour les candidats fraîchement investis par LREM, le 13 mai dernier, au musée du quai Branly à Paris. « La veille, je n’ai pas dormi de la nuit ». Sébastien Gardette, agriculteur du Puy-de-Dôme, se souvient de son « stress » mêlé d'« excitation ». Après cette journée d’échanges, au cours de laquelle un « guide pratique » d’une vingtaine de pages a été distribué aux candidats, il s’est toutefois senti plus rassuré, même si « la responsabilité est grande ».

Le même jour, les candidats de la FI se sont réunis à Villejuif autour de Jean-Luc Mélenchon pour une convention nationale. Ils ont pu faire le plein de livrets thématiques, d’affiches, de tracts. Ils ont aussi pu suivre des formations en ligne sur le rôle d’un député ou la gestion des comptes de campagne. Le parti leur propose par ailleurs une aide financière.

Pas de séminaire de formation du côté de l’UPR, qui ne dispose pas des mêmes moyens financiers, mais un système D à base de vidéoconférences et de « tutos » YouTube pour épauler les candidats au fil des démarches, notamment la constitution du dépôt de candidature en préfecture. Pour que les candidats ne dépensent presque pas un sou (sauf s’ils le souhaitent), le parti leur fournit tracts et affiches. Il s’est également chargé de leur ouvrir à chacun un compte bancaire, obligatoire pour la tenue des comptes de campagne.

Calendrier et kits de campagne

« Il y a eu une phase de stress, mais nos candidats manifestent maintenant une sérénité presque étonnante », estime-t-on au sein du mouvement créé par Emmanuel Macron. « Pas forcément grâce aux outils que l’on a produit », poursuit-on modestement. Pourtant, les marcheurs ont préparé toute une panoplie pour conseiller et accompagner au mieux les 52 % de candidats novices en politique. Ces derniers peuvent consulter le « hub candidat », une plateforme en ligne qui regroupe « des argumentaires de campagne, des conseils techniques, juridiques et communicationnels ».

« Ces ressources sont utilisées assez massivement », précise-t-on. Les candidats peuvent contacter deux « hotlines », l’une, générale, ouverte « 18 heures sur 24 », pour toutes les questions d’organisation de la campagne, et la deuxième qui répond spécifiquement aux demandes concernant la gestion des comptes de campagne. Rien que pour cette seconde « hotline », une quinzaine de bénévoles, formés, sont mobilisés par LREM. Soit le nombre total des salariés et bénévoles de l’UPR qui répondent eux aussi aux questions des 574 candidats de l’UPR, depuis le QG parisien de François Asselineau.

Côté communication, les partis se chargent de fournir des maquettes d’affiches, voire des affiches toutes prêtes pour l’UPR (grâce à un photographe et un graphiste bénévoles), des tracts. LREM a également acquis 300 licences du logiciel Nationbuilder, qui permet de créer facilement un site Internet personnalisé pour les candidats qui le souhaitent. En matière de financement, le mouvement a conclu un accord avec le Crédit coopératif pour que ses candidats puissent emprunter plus facilement.

Faute de moyens, l’UPR mise sur les réseaux sociaux. Des visuels personnalisés aux formats adaptés à Facebook et Twitter sont fournis aux candidats, chargés ensuite de gérer eux-mêmes leurs communications sur les réseaux sociaux. Un apprentissage 2.0 qui se fait sur le tas pour beaucoup de candidats, comme Sébastien Gardette (LREM) ou Oriane Lévêque (UPR). « Ce qui est très rassurant, c’est qu’on est très bien conseillés et entourés par le parti », assure cette enseignante. L’agriculteur du Puy-de-Dôme a lui aussi adopté tout récemment Twitter et la messagerie sécurisée Telegram, sans trop d’inquiétudes.

Des « bonnes pratiques » sur les réseaux sociaux

Chez les Insoumis, une fiche de « bonnes pratiques » sur les réseaux sociaux a été mise en ligne sur le site du mouvement. On y conseille notamment de « mettre une belle photo de profil et une belle photo de couverture (avec un phi si possible) » sur Facebook ou de créer une chaîne YouTube, média particulièrement apprécié par Jean-Luc Mélenchon.

Les candidats, certes blindés d’outils pratiques et de conseils communicationnels, font toutefois l’apprentissage de la communication politique par eux-mêmes, en tractant dans leur circonscription et en répondant aux sollicitations des médias locaux. Au QG de LREM, on affirme leur laisser toute latitude pour gérer cet aspect crucial de leur campagne, déterminante pour l’obtention d’une éventuelle majorité présidentielle à l’Assemblée.

Les erreurs ou les déclarations jugées déplacées peuvent toutefois être fatales à une campagne. « On veut pas infantiliser les candidats, on leur fait confiance », affirme-t-on au QG de LREM, qui conseille aux candidats de s’entourer d’une équipe et d’une personne chargée de gérer les relations avec la presse. Si une partie de la campagne est décentralisée, « ils nous appellent très souvent, pour vérifier tout un tas de choses, surtout techniques, comme le dépôt de candidature », témoigne Sébastien Gardette. Il faudra attendre le 11 juin pour voir si cette formation accélérée en politique a porté ses fruits.