«Gifle», «vendu», «collabo»… Quand les Républicains se déchirent sur la conduite à tenir face à Macron
POLITIQUE•Chez les Républicains, on a sorti les couteaux alors que plusieurs personnalités du parti pourraient rejoindre le gouvernement d’Édouard Philippe…M.B. avec AFP
Ça sent la poudre. Non content d’avoir fracturé le Parti socialiste, Emmanuel Macron cherche maintenant à éparpiller façon puzzle Les Républicains. Et pour l’instant, ça semble fonctionner.
« Main tendue » à Macron
Depuis lundi, 120 élus de la droite et du centre ont signé un appel à « répondre à la main tendue » par le nouveau président qui a nommé Premier ministre Édouard Philippe, issu de leurs rangs. Cette nomination « représente un acte politique de portée considérable » et « la droite et le centre doivent prendre la mesure de la transformation politique qui s’opère sous leurs yeux », ont plaidé dans un communiqué commun ces élus.
Une position qui ne passe pas du tout pour de nombreux Républicains. Les 577 candidats LR/UDI investis pour les législatives ont lancé mardi soir un contre-appel en faveur du « rassemblement » autour du « projet politique de la droite et du centre durant la campagne ». « A l’heure de la constitution d’un gouvernement provisoire dont la mission est de former une majorité En Marche portant notamment un projet d’augmentation des impôts, nous appelons au rassemblement autour de nos candidatures et de notre projet », ajoutent-ils dans cette déclaration qui a reçu « le soutien à l’unanimité du bureau politique (BP) des Républicains ».
Des propos en apparence beaucoup plus mesurés que ceux qui ont été prononcés mardi lors du BP. Selon Le Parisien de ce mercredi, les signataires de l’appel pour une main tendue comme Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), Thierry Solère, Franck Riester, n’ont pas pris le risque de venir. Ils ont peut-être eu raison car à l’adresse de ses signataires, les mots « traîtres », « collabos » auraient ainsi été lancés.
A la sortie, Laurent Wauquiez, le numéro du parti, a estimé qu’Edouard Philippe était un « vendu », « un mercenaire d’Emmanuel Macron ». Des propos qui complètent ceux qu’il avait prononcés plus tôt dans Le Dauphiné : « Je suis écœuré par tous ceux qui se vendent pour un plat de lentilles. Le renouveau, ce n’est pas troquer ses convictions contre un maroquin ministériel. »
La tension est toujours palpable
Ce mercredi matin, la tension était toujours palpable. Le secrétaire général adjoint des Républicains, Eric Ciotti, a estimé sur Europe 1 que l’appel d’élus LR à saisir la « main tendue » d’Emmanuel Macron était « une gifle » aux candidats LR pour les législatives, avec derrière le souhait d’entrer au gouvernement d’Edouard Philippe. « Le pouvoir attire. C’est extraordinairement humain. (…)», a de son côté reconnu sur CNews Eric Woerth, chargé du projet LR pour les législatives, pour qui les personnalités LR qui accepteraient d’entrer au gouvernement « ont tort ». « Je ne mets pas en cause d’ailleurs la sincérité de la démarche, de dire on va pouvoir peut-être changer les choses, casser les codes (…)», a-t-il affirmé, jugeant cependant qu'« avant les élections législatives, c’est juste pas possible ».
Signe supplémentaire de la déchirure du parti, le maire LR du VIe arrondissement de Paris, Jean-Pierre Lecoq, vient de déposer sa candidature aux élections législatives dans la 2e circonscription de la capitale, où il défiera Nathalie Kosciusko-Morizet, qui y a obtenu l’investiture du parti Les Républicains.
NKM est une enfant gâtée
« Ce qui me motive surtout, c’est que nous avons une candidate dont nos électeurs ne savent plus où elle habite. Elle est officiellement à LR tout en faisant des appels du pied au nouveau président. Elle se présente en parangon de jeunesse alors qu’elle utilise les méthodes de la IIIe République… NKM est une enfant gâtée de la politique, une nomade de la politique, elle pratique le tourisme électoral », a encore dénoncé Jean-Pierre Lecoq tout en ironisant : « A la vitesse où les choses vont, il n’est pas exclu que je sois le candidat LR la semaine prochaine ».
Interrogé sur le cas de NKM, signataire de l’appel à saisir la main tendue du président d’En Marche !, Eric Ciotti prévient que « si elle figure dans le gouvernement, eh bien ce sera une décision de ne plus participer à notre famille politique ».