POLITIQUEPascal Durand, un consensuel «coriace» à la tête d'EELV

Pascal Durand, un consensuel «coriace» à la tête d'EELV

POLITIQUECet avocat d'affaires va prendre la succession de Cécile Duflot à la tête d'Europe Ecologie-Les Verts...
Maud Pierron

Maud Pierron

A certains égards, Pascal Durand est un peu l’inverse de Cécile Duflot, à qui il succédera samedi à la tête d’Europe Ecologie-Les Verts. Il est venu tardivement à la politique, à 47 ans en 2007 pour l’aventure du Pacte écologique de Nicolas Hulot quand Cécile Duflot a été la plus jeune secrétaire nationale des Verts à 31 ans. Et il est réputé discret – il n’a même pas de page Wikipédia - quand la ministre agace parfois pour raconter sa vie sur Twitter.

C’est elle, d’ailleurs, qui a poussé «Dudu» comme elle le surnomme, à se créer un compte Twitter, avec un succès tout relatif tant il n’aime pas ça. C’est elle aussi qui l’a entraîné dans son sillage pour la campagne présidentielle, de TGV en TGV, comme une sorte de formation accélérée pour sa future fonction. Car Pascal Durand est certes un candidat qui fait pour l'instant l’unanimité, «rassembleur», c'est Cécile Duflot qui l'a poussé là. «Rassembleur... avait-on le choix», grince d'ailleurs un membre d'EELV.

«Tout sauf un homme d’appareil»

Cet avocat d’affaires, fils de parents communistes, a une «grande culture politique et une grande capacité d’analyse», apprécie Yves Contassot. Déçu par le PCF après une expérience amère de ses parents, plutôt Rocard que Mitterrand, il renoue le fil de la politique avec Nicolas Hulot qui présente son pacte écologique en 2007. Passionnée de plongée sous-marine, environnementaliste, il est séduit par l’animateur télé capable de porter haut et devant le grand public les problématiques écologiques. Si Hulot ne va pas jusqu’au bout de sa logique, il replonge en 2009 avec la création d’Europe Ecologie pour les Européennes.

Un carton même si Nicolas Hulot, une fois encore, ne saute pas le pas. Mais dès ce moment, Durand, père de deux enfants, plonge dans l’aventure jusqu’à être un membre fondateur d’Europe Ecologie-Les verts. Avec fracas parfois, il s’oppose à Cécile Duflot qui peine à ouvrir parfois les Verts aux autres personnalités, car l’homme «s’emporte très vite», témoigne Yves Contassot. «Autoritaire» et «coriace» disent certains, «mais il se bonifie avec l’expérience», tempère Contassot. «Il a une capacité de travail collectif, une capacité d’entraînement et c’est tout sauf un homme d’appareil», abonde Yannick Jadot, eurodéputé. «C’est la bonne personne, au bon moment, au bon endroit», résume-t-il alors que Europe Ecologie-Les Verts se trouve à une période charnière de son histoire.

«Le parti plutôt que son ambition»

«Il est bien élevé, bien éduqué et c’est rare chez les écologistes», reprend Sergio Coronado, élu député dimanche dernier, qui ne passe pas pour être un grand fan de «Dudu». Les militants lui reconnaissent sa loyauté. S’il a soutenu Nicolas Hulot lors des primaires houleuses du mouvement, il a ensuite fait sans ciller la campagne d’Eva Joly, même s’il était en désaccord avec la ligne quand des pro-Joly avaient disparu des écrans radars. «Il a toujours joué le parti plutôt que son ambition», plaide Christophe Rossignol, conseiller régional de la région Centre.

Une façon de voir, car le porte-parole d’EELV s’est fait écarter des candidatures des sénatoriales et des législatives, il n’a aucun mandat. Quel poids aura-t-il face aux ministres, aux nombreux députés et sénateurs encartés, s’interrogent certains. «Cécile choisit souvent des gens dont elle sait qu’ils ne lui feront pas d’ombre. L’objectif, pour elle, c’est de garder la main sur le parti», critique un autre. Mais qui prévient: «ce ne sera pas un client facile». «Il dit ce qu’il pense et il ne sera pas la marionnette de qui que ce soit», prévient Yves Contassot. A un moment, il avait même hésité à reprendre le parti, au cœur de la campagne, de peur de perdre «sa liberté de parole». Mais encore une fois, «Dudu» a pensé au parti. Il sait que les enjeux sont grands: redonner du souffle à EELV après la période faste 2009-2011. Dans tous les cas, «ce ne sera pas une sinécure, EELV n’est pas un parti facile. Ce n’est pas un cadeau qu’on lui a fait», témoigne Christophe Rossignol.