Olivier Falorni: «Ségolène Royal a un fonctionnement sectaire»

Olivier Falorni: «Ségolène Royal a un fonctionnement sectaire»

POLITIQUE – L'opposant PS à Ségolène Royal répond aux questions de «20 Minutes»...
Propos recueillis par Matthieu Goar

Propos recueillis par Matthieu Goar

Investie sur la circonscription de la Rochelle sans que les militants n’aient le droit à la parole, Ségolène Royal trouve sur son chemin un dissident PS coriace. Exclu de son parti mais très soutenu localement, l’ancien premier fédéral, Olivier Falorni. Il répond à nos questions.

Jean-Marc Ayrault vient vendredi soutenir Ségolène Royal. A-t-elle peur de perdre?

Il y a une semaine, elle affirmait qu’elle n’avait besoin de personne pour faire campagne. De son côté, Jean-Marc Ayrault a dit récemment qu’il allait visiter les candidats en difficulté. Tout est dit. C’est un terrible aveu de faiblesse, de panique. En être réduite à supplier le Premier ministre de venir la sauver… La fébrilité s’est emparée de la candidate parachutée mais la venue d’Ayrault ne fera changer aucune voix car dans ce parachutage, on a la caractéristique de tout ce que peuvent détester les citoyens. On leur parle de démocratie participative puis on fait interdire les élections au sein du PS. On considère les législatives comme un plébiscite. Tout ça pour avoir une ambition nationale et partir dès le lendemain vers d’autres ambitions. C’est d’un mépris insupportable.

Le PS vous a demandé récemment de changer vos tracts où vous vous dites «candidat de la majorité présidentielle» et où vous vous affichez avec François Hollande. Allez-vous le faire?

Non, c’est une plaisanterie. Ségolène Royal a exigé que le PS envoie cette lettre mais il n’y aucun fondement juridique. J’y ai répondu de façon circonstanciée par l’intermédiaire de mon avocat. C’était une mise en demeure et le référé n’est jamais venu car elle aurait été déboutée de sa demande. Cela fait douze ans que j’accompagne François Hollande. J’ai été combattu pendant des années par Royal parce que je le soutenais. Ma proximité avec Hollande l’a toujours dérangée. Elle a un fonctionnement sectaire: quand on n’est pas avec elle, on est contre elle. C’est assez savoureux de la voir s’ériger aujourd’hui en gardienne du temple hollandais.

Dans la presse, certains maires évoquent des pressions de la part de Royal. Qu’en pensez-vous?

Ce qui scandaleux, c’est qu’elle les appelle en tant que présidente de la région pour leur proposer des subventions, étudier des projets. Nous sommes dans une pratique clientéliste de la politique où l’on met la pression sur les élus à coups de subvention. Certains maires comme celui de Nieul-sur-Mer sont même menacés de rétorsions sur le plan politique.

Vous évoquez également des intimidations à votre encontre. Que voulez-vous dire?

«Ta carrière politique va s’écrouler», m’a-t-on dit. Ces petites phrases viennent d’un certain nombre de personnes de l’entourage de la candidate parachutée. Mais je me suis engagé en politique pour des convictions. A travers l’exemple de Michel Crépeau (ancien député de la Rochelle), j’ai vu ce qu’un élu pouvait faire pour sa mairie, pour sa circonscription. Et puis, j’ai toujours veillé à garder une activité professionnelle et à ne pas devenir un salarié de la politique. Cela me permet d’avoir une certaine liberté. Je ne suis pas là pour des calculs de carrière. L’idée qu’on ne se couche pas pour ne pas perdre des mandats les dépasse.

Mais on peut vous rétorquer qu’un poids lourd comme Royal sera plus utile pour sa circonscription car elle pèsera plus à Paris…

C’est une conception datée de la politique. Faut-il rappeler que l’Assemblée nationale ne distribue pas de subventions? La politique a changé avec la décentralisation. Moi je connais bien le PS, j’en connais les dirigeants. Je pense avoir plus d’amis au gouvernement qu’elle. Cela peut paraître étonnant mais c’est vrai. Et puis un député qui pèse est un député qui passe du temps dans sa circonscription.