POLITIQUELégislatives: Ces barons UMP des Hauts-de-Seine qui tremblent

Législatives: Ces barons UMP des Hauts-de-Seine qui tremblent

POLITIQUEDans les Hauts-de-Seine, les dissidences à droite mettent en difficulté les députés sortants...
Patrick Balkany, député-maire de  Levallois-Perret, le 24 mai 2012 à Levallois-Perret.
Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret, le 24 mai 2012 à Levallois-Perret. - REVELLI-BEAUMONT/SIPA
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

La couleur politique des Hauts-de-Seine, tout de bleu UMP, pourrait-elle changer en 2012? Les députés UMP Patrick Balkany, André Santini ou encore Patrick Devedjian, en poste depuis des décennies, ne sont pas assurés d’être réélus aux prochaines élections législatives. Dans ce fief minutieusement organisé par la droite sarkozyste -qui compte dix élus sur treize, trois étant communistes et apparentés-, Nicolas Sarkozy n’a recueilli que 50,52% des voix lors de l’élection présidentielle, contre 55,65 % en 2007.

«Ce département des Hauts-de-Seine est une anomalie démocratique. La droite a considéré que ce territoire était à elle, avec un système Balkany-Sarkozy. Mais depuis quinze ans, la gauche qui y était absente progresse et l’on va vers un rééquilibrage. Et un jour, les Hauts-de-Seine basculeront, comme Paris a basculé à gauche, grâce, notamment, à l’évolution de la démographie», estime Pascal Buchet, le premier secrétaire fédéral du PS du département. Un jugement que réfute le président de la fédération UMP des Hauts-de-Seine Jean-Jacques Guillet, qui indique: «Certes l’électorat évolue, mais ne vous attendez pas à une victoire de la gauche dans les Hauts-de-Seine. Les socialistes sont à ce point divisés, avec nombre de candidats dissidents, que c’en est remarquable! L’UMP, grâce à sa bonne implantation, peut vaincre, mais il faut se battre.»

Dissensions à droite… et à gauche

Se battre, et parfois même dans son propre camp. Dans la 2e circonscription (Asnières Nord et Sud, Colombes-Sud), le député UMP sortant Manuel Aeschlimann est fragilisé à cause de la candidature, au centre-droit, de Rama Yade. Dans un secteur qui a placé François Hollande en tête lors de la présidentielle, la transfuge de l’UMP devenue première vice-présidente du Parti radical de Jean-Louis Borloo, -soutenue par le Centre pour la France (lancé par le Modem) et le Nouveau Centre d’Hervé Morin-, pourrait disperser les voix, ce qui bénéficierait au maire socialiste d'Asnières, Sébastien Pietrasanta. Jean-Marc Guillet, le président de la fédération UMP 92, le concède: «Cette circonscription est la seule qui pose problème, le candidat UMP a un handicap.»

Dissension dans la grande famille de la droite dans la 5e circonscription, où Patrick Balkany, ami proche de Nicolas Sarkozy, réalise sa cinquième campagne législative. L’inamovible député-maire de Levallois fait face à son traditionnel adversaire socialiste, Gilles Catoire, le maire de Clichy… Et au candidat dissident DVD Loïc Leprince-Ringuet. Ce dernier fustige Balkany, «un candidat controversé et qui représente tout ce que les Français ont rejeté lors de la dernière élection présidentielle», à savoir «un style de gouvernance, un système clanique si bien incarné par les Balkany dans les Hauts-de-Seine».

«L’image» de Patrick Balkany

Promoteur d’une «nouvelle droite», Loïc Leprince-Ringuet bénéficie du soutien du conseiller général Arnaud de Courson, tombeur d’Isabelle Balkany aux cantonales de mars 2011. Là encore, le responsable UMP Jean-Marc Guillet nuance: «Oui, l’image de Patrick Balkany a favorisé l’émergence d’un candidat dissident à droite. Mais son implantation locale est forte, il dispose d’une bonne image de gestionnaire dans sa ville, contrairement à son adversaire socialiste.»

Le bon score de François Hollande à la présidentielle dans certains secteurs pourrait-il représenter une menace pour certains députés sortants? La question se pose dans la 10e circonscription (Issy-les-Moulineaux, Boulogne-Billancourt sud et Vanves), où l’indéboulonnable André Santini (Nouveau Centre, investi par l’UMP), maire d’Issy-les-Moulineaux depuis 1980, est de nouveau face à Lucile Schmid. La candidate EELV-PS, qui se présente pour la troisième fois, compte bénéficier du score de François Hollande (51,67%) qui l’a placé devant Nicolas Sarkozy dans cette commune le 6 mai dernier. Mais la candidature socialiste dissidente de Laurent Pieuchot pourrait entraîner une dispersion des voix à gauche et favoriser Santini.

Certains députés UMP sortants à l’abri

Dans la 13e circonscription (Antony, Bourg-la-Reine, Châtenay-Malabry, Sceaux), là encore, François Hollande est arrivé en tête à la présidentielle. Cela nuira-t-il à la candidature du député UMP Patrick Devedjian, qui se présente une nouvelle fois? C’est en tout cas ce qu’espère le jeune candidat MRC Julien Landfried, soutenu par le PS.

Si certains élus UMP sont fragilisés, le département ne semble pas virer au rose à l’approche du prochain scrutin. Certains députés sortants, à l’image de Jacques Kossowski, le député-maire de Courbevoie, qui brigue un 4e mandat de député de la 3e circonscription des Hauts-de-Seine, ou Jean-Jacques Guillet, député sortant de la 8e circonscription (Chaville, Meudon, Sèvres), élu pour la première fois en 1993, s’en sortent bien.

Quant à Patrick Ollier, qui vient de quitter le gouvernement, il est candidat dans la 7e circonscription (Garches, Saint-Cloud et Rueil-Malmaison) des Hauts-de-Seine. Le «jeune» baron – il a été élu pour la première fois dans le 92 en 2002- n’apparaît pas non plus en difficulté face au candidat PS Bertrand Rocheron, soutenu par Parti radical de gauche (PRG), les écologistes et le MRC.

Ironie de cette campagne électorale, dans la 6e circonscription, -où Nicolas Sarkozy traça son destin en tant que député, maire de Neuilly et président du conseil général-, l’UMP n’a investi aucun candidat, laissant la place au maire DVD de Neuilly Jean-Christophe Fromentin.