POLITIQUEPrésidentielle: Quel avenir pour l'UMP après la défaite de Nicolas Sarkozy?

Présidentielle: Quel avenir pour l'UMP après la défaite de Nicolas Sarkozy?

POLITIQUELes tensions entre sensibilités et entre ténors font courir un risque d'implosion de la droite française...
Alexandre Sulzer

Alexandre Sulzer

Les premiers contre-feux sont déjà allumés. Dès l'entre-deux-tours, le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé a annoncé son intention d'autoriser les différentes sensibilités de l'UMP à s'organiser en «mouvements». Officiellement, il s’agit d’ «entendre toute la diversité» du parti «dans la perspective de la victoire». Mais le vrai objectif consiste à lâcher la bride aux différentes sensibilités – droite populaire, les humanistes, droite sociale… - pour éviter l’implosion. Les statuts de l’UMP, formation née en 2002 de la fusion de l'ancien RPR, de tradition gaulliste, et de l'UDF, pro-européenne, libérale et centriste, prévoyaient cette possibilité qui n'avait pas été appliquée jusqu'à présent.

Le retour à une droite divisée?

«Le pire, pour nous tous, serait un retour à une droite divisée comme du temps du RPR et de l'UDF», a reconnu Jean-François Copé. Dans l’entre-deux-tours, les tensions se sont aiguisées entre l’aile droite et gauche de l’UMP. Alors que Gérard Longuet déclarait qu'il serait «possible» de parler avec Marine Le Pen – se prenant au passage un carton jaune de la direction du parti - Jean-Louis Borloo s’est dit publiquement «gêné» par la stratégie de droitisation de Nicolas Sarkozy dans l’entre-deux-tours.

Rivalité Fillon-Copé

Autre objet de tension dans le parti: la rivalité entre François Fillon et Jean-François Copé dont les ambitions pour 2017 s’entrechoquent. La solidarité de façade entre le Premier ministre et le chef du parti, qui prévalait jusqu’alors, pourrait bien voler en éclats à l’occasion des législatives de juin et de la bataille pour le contrôle du parti. Façon peut-être de s’en prémunir, le secrétaire général a d’ores et déjà annoncé un projet de création d'un comité national stratégique de campagne réunissant les poids lourds de l'UMP pour préparer les législatives. Dès ce lundi, ces questions seront à l’ordre du jour d’un bureau politique exceptionnel.

A la Mutualité, on martèle «l'unité»

Le risque d'implosion était bel et bien présent dimanche soir à dans les esprits à la Mutualité. «Maintenant, c'est très simple, le mot d'ordre, c'est unité, unité, unité», martèle le député de Paris Bernard Debré qui appelle à éviter «le bal des égos». Pour s'en prémunir, Jean-François Copé va «s'entourer d'une équipe comprenant d'anciens Premiers ministres», assure-t-il, en référence à Alain Juppé et François Fillon. «Les militants ne comprendraient pas que l'UMP ne soit pas uni pour les législatives.» Mais «après» cette échéance, «on peut tout voir», reconnaît-il.

Cette belle volonté est d'ores et déjà lézardée. Dans les couloirs de la Mutualité, l'ancien socialiste Jean-Marie Bockel, chef de la Gauche moderne, met, lui, les pieds dans le plat. «Est-ce le moment pour construire quelque chose au centre? Je lance un appel», lâche-t-il. Comprendre tenter de fédérer les centristes du Parti radical, du Nouveau centre mais aussi de l'UMP au sein d'une force nouvelle et indépendante. N'en déplaise à Jean-François Copé, les forces centrifuges sont déjà à la manoeuvre.

>>Dès dimanche soir, retrouvez les résultats officiels, commune par commune, du second tour de la présidentielle 2012.