Présidentielle: Marine Le Pen faiseuse de roi, selon la presse
PRÉSIDENTIELLE•a course de Nicolas Sarkozy après les électeurs du FN est une stratégie risquée, selon la plupart des éditorialistes...© 2012 AFP
Le premier tour de la présidentielle a sacré Marine Le Pen «faiseur de roi», souligne la presse ce mardi, estimant que Nicolas Sarkozy fait un «pari risqué» en espérant vaincre François Hollande en chassant les voix du Front national au risque d'effaroucher les centristes.
>> Les résultats du premier tour région par région, c'est par ici
«Les deux postulants vont chercher à convaincre ces Français séduits par les discours protestataires, celui de Marine Le Pen en particulier», analyse Erik Izraelewicz dans Le Monde. «Dans le rôle du faiseur de roi, Marine Le Pen supplante François Bayrou», résume Michel Urvoy dans Ouest France.
Jacques Camus, dans La République du Centre, constate «avec amusement que les deux finalistes se sont lancés dès hier dans une course effrénée et ridicule aux électeurs frontistes». Jean-Michel Helvig déplore qu'on soit «en plein exorcisme du lepénisme» dans La République des Pyrénées.
«Le choix de l'amalgame»
Mais c'est surtout la stratégie du président sortant qui retient l'attention. Le Figaro y adhère sans ambages. «Marine Le Pen veut la chute de Nicolas Sarkozy? Soit, mais ses électeurs sont libres de leur choix. Et libres surtout de ne pas s'abandonner à la politique du pire», en l'occurence celle incarnée par François Hollande, écrit l'éditorialiste du quotidien conservateur, Paul-Henri du Limbert.
La presse de gauche fustige au contraire ce que Paul Quinio appelle dans Libération une «voie détestable» où «le président sortant a, pendant sa campagne de premier tour, fait le choix de l'amalgame: inquiétudes justifiées et angoisses fantasmées, préoccupations compréhensibles et discours indéfendables ont été mis dans le même shaker... au plus grand profit de Marine Le Pen».
«Nicolas Sarkozy n'a pas perdu de temps. Durant les dernières années, il avait conforté ou fortifié les arguments du Front national; à la veille d'un second tour qu'il sait périlleux, il les fait siens», dénonce Patrick Apel-Muller dans L'Humanité. Autre quotidien communiste, La Marseillaise sous la plume de Pierre Bastien, appelle à «barrer la route à une droite prête à tous les compromis pour confisquer le désir de changement des Français».
«Un piège redoutable sous les pieds du président sortant»
Sans prendre parti, le reste de la presse insiste sur la prise de risque de Nicolas Sarkozy engagé dans ce qu'Hervé Cannet appelle une «monumentale chasse aux voix». «Après avoir légitimé les thèmes du FN, il l'a ressuscité et se voit condamné à courir derrière», estime Didier Louis dans Le Courrier picard.
«Le score élevé de Marine Le Pen et la stratégie de la tension de la présidente du FN ont ouvert un piège redoutable sous les pieds du président sortant», écrit dans La Croix François Ernenwein. En effet, explique Dominique Jung des Dernières Nouvelles d'Alsace, «en descendant sur le terrain de Marine Le Pen, le président sortant exhibe une faiblesse plus qu'il ne démontre une habileté stratégique. Recycler le programme du FN, ses thèses et ses hantises est un pari risqué».
«Le score historique de Marine Le Pen contraint le président-candidat à rester sur la ligne "à droite toute", au risque de s'aliéner le vote centriste», ajoute Philippe Waucampt dans Le Républicain lorrain. Périlleux «grand écart», jugent Jacques Guyon (Charente libre) et Hervé Chabaud (L'Union/L'Ardennais). Marine Le Pen fera connaître sa position le 1er mai. Selon Yves Harté dans Sud-Ouest, «ce même jour se jouera l'avenir public de Nicolas Sarkozy».