Législatives: Le Front de gauche prêt à négocier avec le PS contre le FN
SCRUTINS•L'objectif des deux partis: surmonter les désaccords pour combattre le Front national aux législatives...Avec Reuters
Le Front de gauche a réaffirmé lundi sa volonté de négocier avec le Parti socialiste pour les circonscriptions où le Front national pourrait l'emporter aux législatives de juin après la percée de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle. Avec 17,90% des voix, Marine Le Pen s'est imposée à la troisième place du scrutin présidentiel, loin devant Jean-Luc Mélenchon (11,11%), qui avait fait de la lutte «Front contre Front» l'une de ses priorités de campagne.
Législatives «risquées»
«Compte tenu du score du Front national, il peut y avoir un risque (de triangulaire, voire d'absence de candidat de gauche au second tour-NDLR) dans certaines circonscriptions», estime Martine Billard, numéro deux du Parti de gauche. «On est prêts à une discussion nationale entre le Front de gauche et le Parti socialiste pour voir comment faire pour éviter qu'il y ait des circonscriptions sans candidat de gauche au second tour», a-t-elle dit lundi à Reuters. «Mais on ne va pas retirer nos candidats un par un, circonscription par circonscription au profit du PS», a-t-elle ajouté.
Outre plusieurs villes du Sud-Est, Marine Le Pen a obtenu des scores très élevés dans le nord de la France, en Alsace, et réalisé des percées dans des régions plus inattendues, comme la Bretagne.
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«Le débat, ce n'est pas de marchander des circonscriptions pour le Front de gauche, le débat c'est: est-ce que la gauche dans son ensemble est disposée à éviter l'élimination de candidats de gauche ou est-ce que chacun y va de son côté sans se préoccuper des conséquences?», a souligné Martine Billard.
Echange de lettres
Eric Coquerel, conseiller spécial de Jean-Luc Mélenchon, a dit avoir adressé une lettre au PS en février dernier sur «le danger du FN aux législatives». Le PS y a répondu, soulignant que des accords nationaux en vue de contrer le FN aux élections législatives devaient se situer dans la «dynamique d'une future majorité parlementaire», incluant notamment un engagement sur le vote du budget.
Depuis février, la discussion n'a pas avancé, même si ces dernières semaines le PS a laissé entendre que des accords pourraient intervenir avec le Front de gauche dans les circonscriptions où le Front National est bien placé. Mais «maintenant, il y a la réalité des urnes. Peut-être que ça va inciter certains à réfléchir», estime Eric Coquerel, qui espère une inflexion du PS.
Aucun contact entre les deux partis pour l'instant
Le Front de gauche refuse de négocier au niveau local, ou de dévier de sa stratégie d'indépendance programmatique par rapport au PS. Seul scénario envisageable pour lui, une répartition entre Front de gauche et PS sur les circonscriptions en question. Elles seraient environ 90 sur toute la France.
Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé dimanche à voter pour François Hollande au second tour sans jamais prononcer son nom, martèle depuis le début de la campagne qu'il n'y aura pas d'accord avec le PS pour obtenir des sièges à l'Assemblée. «On a toujours une stratégie d'autonomie vis-à-vis du PS, ça n'a pas changé. Maintenant, si à certains endroits (un accord) peut permettre de faire face au Front national, on est d'accord pour l'étudier», explique Eric Coquerel.
Le directeur de communication de François Hollande, Manuel Valls, a fait savoir lundi sur France Inter que des contacts «auraient lieu» avec le Front de Gauche, sans en préciser la teneur. Pour l'instant, aucun contact n'a été pris entre PS et Front de gauche, assure l'équipe de Jean-Luc Mélenchon. Le Front de gauche doit se réunir en bureau national mercredi, puis en conseil national samedi.