De notre envoyé spécial à Palavas-les-Flots

Ce déplacement devait marquer, selon son expression, sa «véritable entrée en campagne» après la «libération» que constitue le recueil des 500 signatures. Dans l’Hérault jeudi, Marine Le Pen n’a pourtant pas beaucoup innové. Après une visite aux marins-pêcheurs de Sète, ouverts à son message anti-européen, elle a renvoyé dos-à-dos, lors d’un «dîner patriotique» à Palavas-les-Flots, une gauche «qui passe sa vie à trouver des excuses aux plus violents» et une droite «qui la passe à mentir».

Devant plus d’un millier de personnes de tous âges, affairées à dévorer une cuisse de volaille fermière ou à entonner la Marseillaise, la candidate du FN a ciblé en priorité la «gauche affairiste» alors que le même jour, le bureau du Sénat venait de lever l’immunité parlementaire de Robert Navarro, un responsable de la fédération PS de l’Hérault, mis en cause dans un dossier de malversation présumée. Et de faire le parallèle avec la fédération PS du Pas-de-Calais - fief électoral de Marine Le Pen - également dans la tourmente.

Contre «la dictature du malheur»

«La gauche française est plus proche de l’argent qu’elle n’ose le dire», attaque la candidate du FN. Cette même gauche «a réussi à répandre son idéologie mortifère» de «l’assistanat» et du politiquement correct et a «contaminé la droite au pouvoir». «Sarkozy comme Jospin, et Chirac et Mitterrand font vivre dans notre pays la dictature du malheur: faire venir des millions d'immigrés pour faire baisser les salaires, vouloir en toutes circonstances leur accorder des droits supplémentaires» ou encore «dépénaliser les clandestins».

«Sarkozy accuse Hollande d’être accro aux impôts. Qu’il se regarde dans une glace!» attaque Marine Le Pen qui se gargarise d’avoir «levé le tabou de la viande halal».Le lendemain de sa prise de position sur le sujet, Nicolas Sarkozy «est parti comme un dératé à Rungis», ironise-t-elle. «Candidat anti-système, candidat contre lui-même, il arrive en même temps à faire la majorité et l'opposition. Ce n'est plus l'hyper-président, c'est de la schizophrénie.»

Un secrétariat d’Etat à la fraude sociale

Seule proposition au milieu de ces diatribes contre ses rivaux: la création d’un secrétariat d’Etat à la fraude sociale. Elle appelle ainsi à un «contrôle strict des trains de vie suspects». Et de préciser aussitôt sa pensée: elle se dit «surprise de voir des berlines dans les camps de Roms»…

«Nos propositions sont maintenant connues des Français, il faut offrir de nouvelles perspectives», concède, à l’issue de l’évènement, Steeve Briois, un proche de Marine Le Pen. La semaine prochaine sera, promet-il, l’occasion d’accélérer la campagne avec un déplacement de la candidate mercredi sur un marché en Picardie et un autre au mont Saint-Michel vendredi. Quant aux militants, ils sont invités, eux aussi, à investir les marchés et «faire les usines» pour distribuer 500.000 nouveaux tracts. Il leur reste moins de 40 jours pour faire démentir les sondages et tenter de faire qualifier leur championne au second tour.