Présidentielle 2012: Christine Boutin, candidate pèlerine à la chasse aux parrainages
REPORTAGE•La candidate du Parti Chrétien-démocrate sillonne la France pour persuader les maires de lui accorder leur parrainage...Anne-Laëtitia Béraud
Christine Boutin s’est levée tôt ce jeudi matin, à cinq heures. Dans son QG de campagne à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), la candidate à l’élection présidentielle à la tête du Parti Chrétien-démocrate s’engage sur «le chemin de Compostelle» afin de rencontrer et persuader les maires de lui accorder leur parrainage.
L’ancienne ministre du Logement de Nicolas Sarkozy ne compte aujourd’hui que sur 168 promesses de parrainages, contre 500 nécessaires pour pouvoir se présenter au premier tour de l’élection présidentielle. Elle dénonce vigoureusement le «blocage», la «pression tacite» effectués par l’UMP et le PS sur les maires pour les empêcher d’accorder leur parrainage aux petits candidats comme elle, et ainsi de concourir à l’élection présidentielle.
Ancienne députée des Yvelines
A l’Atelier, son QG de campagne, Christine Boutin avale un café – sans sucre, elle suit le régime Dukan et a perdu onze kilos – avant de s’engouffrer dans sa voiture, s’élançant sur les routes françaises menant à Compostelle, la cité espagnole qui abrite le tombeau de Saint-Jacques le Majeur.
Si elle ne dispose pas de bâton de pèlerin, la candidate prend soin d’afficher sa coquille Saint-Jacques toute neuve devant les caméras et les objectifs. Ce sera sa marque, son signe distinctif pour aller récolter des parrainages.
Pourquoi l’itinéraire de Compostelle? «Il possède une signification religieuse que j’assume, mais aussi culturelle, européenne.». «Porteur de sens, ce chemin est emprunté par des milliers de personnes chaque année», commente la candidate.
Maires occupés ailleurs ou réservés
La première étape de ce chemin se déroule dans les Yvelines, département où Christine Boutin fut députée de 1986 à 2007, avant d’entrer au gouvernement. L’ancienne élue débute donc son périple en terre connue, mais pas conquise. La tâche s’avère plus rude que prévue.
Le premier maire rencontré à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Guy Sautière (UMP), est «un vieil ami» selon la candidate. Recevant dans la salle du conseil municipal un peu défraîchie, le premier édile se déclare «UMP libre penseur». Mais il émet rapidement des «craintes devant la multiplicité des candidatures à droite qui va nous jouer un mauvais tour.» Il préfère donc réserver sa signature. «Déterminée», Christine Boutin remonte en voiture.
Itinéraire jusque dans les Pyrénées
Les paysages hivernaux des Yvelines défilent, entre bois et maisons coquettes en pierre. A Chevreuse, le maire est en réunion, la candidate laisse donc une lettre au secrétariat. A Saint-Forget, la mairie est fermée, Christine Boutin poste un nouveau courrier…. avant de se casser les dents à Dampierre, le maire étant indisponible pour la recevoir.
L’espoir renaît à La Celle-les-Bordes… mais seulement pour un court moment. Si le maire Serge Quérard (UMP) accepte de recevoir en privé la candidate, le duo ressort une quinzaine de minutes plus tard, et la candidate lâche la sentence: ce sera un nouveau «non». Le maire invoque son rôle de gestionnaire local, loin des soubresauts de «la politique nationale».
Dernière tentative à Rochefort-en-Yvelines: Sur la place centrale, la mairie est fermée, l’élu (UMP) Georges Bénizé se fait attendre. La fin de matinée fait gargouiller les estomacs, et Christine Boutin cède devant un pain au chocolat providentiel «mais hyper calorique».
Des «pressions» de l’UMP et du PS
Enfin arrivé, l’élu rural loue les efforts de Christine Boutin sur le social, notamment le handicap. Il connaît bien la candidate, et affirme n’avoir reçu aucune pression de l’UMP pour l’empêcher d’accorder son parrainage. Accordera-t-il sa précieuse signature? Là encore…le maire réserve son choix. Sollicité «par de nombreux partis», il souhaite consulter son équipe municipale avant de se prononcer.
La première matinée «de pèlerinage» pour Christine Boutin se solde donc par un maigre butin. Mais décidée à faire vivre ses idées pour lutter «contre l’écroulement de la France», elle s’est engagée à rencontrer jusqu’à la mi-mars, trois fois par semaine, une vingtaine de maires par jour.
Son équipe de campagne lui a prévu un chemin pavé de mairies jusque dans les Pyrénées. Dès lundi prochain, elle traversera le département de l’Eure-et-Loire. Et loin de son domicile, elle dormira chez des militants du Parti Chrétien-démocrate. En espérant récolter les parrainages nécessaires pour que vive son projet.