Présidentielle: Tollé après les déclarations d'Accoyer
POLITIQUE•Si Hollande était élu, les conséquences «pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre», a-t-il lancé...Maud Pierron
Ils avaient prévenu. Ils ne veulent pas se laisser entraîner dans des polémiques stériles mais quand ils jugeront que la droite va trop loin, ils ne laisseront rien passer. Là, de l’avis d’un membre de l’équipe de campagne de François Hollande, l’affaire «est très grave». Surtout quand le coupable désigné est président de l’Assemblée nationale. Les socialistes sont donc montés au front mercredi après-midi pour défendre François Hollande, après les déclarations de Bernard Accoyer.
Lors de ses vœux à la presse, le président UMP de l’Assemblée a expliqué que la présidentielle permettra, soit de poursuivre «une politique courageuse de modernisation et de restauration de notre compétitivité, soit (d')exhumer un programme archaïque et utopique ce qui mettrait en danger notre modèle social, notre niveau de vie, comme la place de la France dans le monde». «Si nous ratons ce rendez-vous de la responsabilité et du courage, les conséquences économiques et sociales pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre», a-t-il poursuivi.
Excuses réclamées
Immédiatement, les socialistes ont fait front. Jean-Marc Ayrault, le président de groupe PS à l’Assemblée a dit son «indignation». «C'est une déclaration qui dépasse l'entendement. Qu'est-ce que c'est que cette conception de la démocratie?», s’est-il interrogé, réclamant à Bernard Accoyer de retirer ses propos et de s’excuser, «parce que la démocratie ça se respecte».
La cellule riposte du PS a lancé deux communiqués. Le premier de Laurent Fabius qui, solennel, signe de «l’ancien président de l’Assemblée nationale». Cette déclaration «est à la fois choquante, absurde et – il faut le reconnaître – stupide», écrit-il, réclamant là encore que Bernard Accoyer retire ses propos « indigne de sa haute fonction».
Accoyer rétropédale
Bruno Le Roux, porte-parole du candidat, a visé directement Nicolas Sarkozy, qui «organise son clan autour de propos outranciers». «C’est désormais à M. Accoyer d’évoquer de manière indécente et déplacée ’la guerre’ si François Hollande remportait demain l'élection présidentielle. Ces propos sont indignes de la démocratie, irrespectueux du choix des électeurs et tout simplement inacceptables dans le débat public», écrit-il. Sur Libération.fr, Delphine Batho, une autre porte-parole de François Hollande, juge que «c'est une déclaration inacceptable car les mots ont un sens. La guerre, il y a une génération qui y a laissé la vie. On ne plaisante pas avec l'histoire de France». Et d’ajouter: «Le pouvoir actuel est en train de dévoyer les institutions, y compris la présidence de l'Assemblée nationale. Et ça, nous ne l'acceptons pas».
Face à cette riposte, Bernard Accoyer a fait marche arrière. Il a répondu que ses propos avaient été «tronqués». «J'ai dit que, quelle que soit la majorité qui sera en place à l'issue des prochaines échéances électorales, si on méconnaissait la gravité de la situation (...), les conséquences économiques et sociales pourraient être comparables à celles d'une guerre», a-t-il explicité. «Je n’ai stigmatisé personne», a-t-il insisté. Trop tard, le coup est parti. Et dans cette campagne présidentielle, le débat est hautement inflammable.