Législatives 2022 : A Nice, Graig Monetti occupe le terrain pour priver Eric Ciotti d'un quatrième mandat
ENTRE DEUX TOURS•Arrivé deuxième du premier tour dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, derrière le député LR sortant, le candidat de la majorité présidentielle mène « une campagne où on transpire, où on se bat »Fabien Binacchi
L'essentiel
- Deuxième du premier tour avec 25,92 % des voix, derrière Eric Ciotti (LR, 31,70 %), l’outsider Graig Monetti croit pourtant en ses chances de priver son adversaire d’un quatrième mandat dans la première circonscription des Alpes-Maritimes.
- Le candidat de la majorité présidentielle sera sur le terrain jusqu’aux derniers moments de la campagne, le résultat se jouant aussi sur les reports de voix du premier tour.
Attablée sur la terrasse d’un café du marché de Saint-Roch, avec une dizaine d’autres personnes venues, comme elle, soutenir leur candidat, Denise observe Graig Monetti avec une certaine affection, presque celle d’une grand-mère pour son petit-fils. « Je ne sais pas s’il pourra faire tout ce qu’il a promis mais, en tout cas, c’est un garçon très intéressant. Et, surtout, il est humble. »
A 81 ans, cette Niçoise de toujours, née dans ce quartier populaire de l’est de la ville, s’est donné une nouvelle mission : transmettre sa bonne parole avant le second tout des élections législatives. Même si elle « connaît Eric Ciotti depuis des années », c’est pour son challenger, adjoint au maire à qui Christian Estrosi a confié la mission de déloger le député LR sortant, qu’elle encourage à aller voter dans cette 1re circonscription des Alpes-Maritimes. Un territoire qui devrait être scruté de très près dimanche soir.
« Je le sens bien »
« Je fais ce que je peux pour l’aider. Mais je ne peux quand même pas aller tracter. Mon genou me fait mal vous savez, glisse-t-elle alors que le reste du convoi se met en branle. Mais je ne fais pas de souci. Il a une grosse équipe et ils sont tous très motivés. » Depuis le début de la campagne, il n’y a en effet pas un jour où le jeune candidat à la députation ne bat pas le pavé, avec ses soutiens, dont beaucoup sont aussi ceux du maire de Nice.
Et s’ils avaient choisi Saint-Roch mercredi matin, c’est parce que c’est « un quartier qui n’est pas acquis et qui a ses spécificités », glisse Graig Monetti. Deuxième du premier tour avec 25,92 % des voix, derrière Eric Ciotti (31,70 %), l’outsider croit pourtant en ses chances de priver son adversaire d’un quatrième mandat. « Je le sens bien, assure-t-il à 20 Minutes. Je sens qu’il est venu le moment du rassemblement. Celui où on va se retrouver sur les valeurs que je défends, l’humanisme, le progressisme. »
Il veut utiliser chaque minute, chaque rencontre pour convaincre. Autour des étals, les discussions s’enchaînent. On parle sécurité, environnement et même toilettes publiques. « Je l’ai repéré de loin. Il est très grand ! Alors je suis venue lui dire bonjour, sourit une habitante. On aimerait bien qu’il règle certains problèmes s’il est élu ».
Campagne de terrain ou de statistiques ?
L’ancien chef de cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, sous le précédent gouvernement, répond à chaque sollicitation. « Il est allé partout, dans toute la circonscription. Et tout le monde l’arrête. C’est un bon signe », se réjouit Philippe Rossini. Ancien vice-président du conseil départemental, ancien très proche d’Eric Ciotti aussi, cette figure du quartier a viré de bord fin 2019 pour rejoindre le camp Estrosi.
« C’est une campagne où on transpire, où on se bat. Et c’est autre chose qu’une campagne de statistiques et de camemberts au fin fond d’un bureau ou d’une salle de réunion », décrit Graig Monetti, égratignant sans le nommer son adversaire. L’après-midi même, à quelques dizaines de mètres seulement du marché, Eric Ciotti tenait une réunion dans l’espace Laure-Ecard, une salle de spectacles qui accueille aussi des rendez-vous associatifs et des rencontres sportives.
Mais autour des étals du marché, « personnellement, je ne l’ai pas vu », assure Thomas, qui habite « juste à côté de l’église » de Saint-Roch. « Par contre, j’ai vu des gens tracter pour lui », poursuit le jeune homme. D’autres habitants confirment ne pas avoir croisé le député sortant. 20 Minutes a sollicité son entourage pour pouvoir le suivre dans sa campagne mais la réponse a été claire : « il ne souhaite pas convier la presse sur ses déplacements ».
Le report des voix RN et Nupes en question
Depuis le soir du premier tour, les deux camps regardent également attentivement les possibles reports de voix. Les 7.260 bulletins déposés en faveur d’Anne-Laure Chaintron (Nupes) et les 4.729 autres au nom de Muriel Vitetti, la candidate RN, devraient peser lourd dans l’issue finale du scrutin. Eric Ciotti, contre qui Eric Zemmour n’avait pas voulu envoyer de candidat dans cette 1re circonscription des Alpes-Maritimes a déjà au moins obtenu le soutien du candidat Reconquête ! de la 3e, Philippe Vardon.
Une situation qui a fait réagir Robert Injey, le suppléant Anne-Laure Chaintron. « Au second tour des élections législatives, dans la première circonscription, l’extrême droite est donc bien présente. Elle est incarnée par Eric Ciotti ». Et d’enchaîner : « Faire barrage à l’extrême droite est une évidence quand on est de gauche ». L’appel est clair et Graig Monetti n’a pas manqué l’occasion d’aller saluer les représentants de la Nupes. Il les a trouvés mercredi dans leur QG, installé dans un local qui donne… directement sur le marché de Saint-Roch.